Retrouvez mon interview dans Le Figaro lundi 5 novembre 2012: Lienemann dit non à toute hausse de TVA et de CSG

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Par Anne Rovan Mis à jour | publié

INTERVIEW – La sénatrice de Paris, membre de l’aile gauche du PS, demande à Hollande et Ayrault «de se souvenir de l’échec électoral de Schröder».
Marie-Noëlle Lienemann: «La gauche ne réussira que rassemblée.»
À l’image de Marie-Noëlle Lienemann, la gauche du PS sera très vigilante sur les mesures annoncées par le gouvernement.

LE FIGARO. – Y a-t-il un problème de compétitivité en France?

MARIE-NOËLLE LIENEMANN. – Oui. Ce manque de compétitivité tient avant tout à un problème d’investissement. Nous devons reconstituer des filières industrielles dignes de ce nom dans les technologies vertes, le médical, l’agroalimentaire, etc. Pour cela, il faut développer l’innovation, consolider des services publics de qualité, à des prix abordables, en particulier s’agissant de l’énergie. Il faut aussi moins dépendre des fonds de pension et du capital financier étranger, obnubilés par le profit à court terme et prompts à délocaliser.

Comment financer ces filières?

La France est un des pays où l’épargne des ménages est la plus abondante. Il est tout à fait possible de réorienter cette épargne vers ces filières stratégiques ou autour de grands défis collectifs, par exemple l’indépendance énergétique et la lutte contre l’effet de serre.

Le coût du travail est-il trop élevé en France?

L’idée selon laquelle le coût du travail plomberait notre compétitivité ne tient pas. Regardez ce qui se passe actuellement en Espagne. Les salaires ont été réduits de 30 % et l’économie s’enlise de plus en plus.

Que proposez-vous?

Il ne faut pas réduire la protection sociale mais mieux repartir son financement. Les grandes entreprises paient peu de cotisations parce qu’elles sous-traitent beaucoup. Mais elles réalisent beaucoup de valeur ajoutée. Ce n’est pas le travail mais cette valeur ajoutée qui doit servir de base de calcul aux cotisations.

Comment réagiriez-vous si le gouvernement annonçait mardi une hausse de la CSG et/ou de la TVA?

Au sein de l’aile gauche du PS, la réaction serait très négative. Nous ne serions pas seuls. Martine Aubry, lors du congrès du PS à Toulouse, a redit qu’elle était contre toute hausse de la TVA et de la CSG. Il n’est pas question de démanteler notre système de protection sociale sous prétexte de faire revenir une hypothétique croissance. François Hollande et Jean-Marc Ayrault doivent entendre leurs électeurs et se souvenir de l’échec électoral durable de Gerhard Schröder en 2005!

Les critiques contre Ayrault se multiplient dans la majorité, et à gauche. Comment peut-il reprendre la main?

Il est urgentissime de retisser les liens de confiance mutuelle entre l’exécutif et toutes les composantes de la gauche, qu’elles appartiennent ou non à la majorité. L’aile gauche du PS demande la création d’un comité de liaison permanent, à laquelle seraient associés les écologistes et les partis de gauche. La gauche ne réussira que rassemblée. Je pense que François Hollande aurait dû chercher avec plus d’insistance l’entrée des communistes au gouvernement.

Que pensez-vous des propos qu’a tenus la ministre de l’Écologie, Delphine Batho, aux sénateurs communistes qui ont refusé de voter le texte sur la tarification progressive de l’énergie?

C’est maladroit de provoquer nos alliés en les accusant de mêler leurs voix à celles de l’UMP. Ils ont rétorqué que le traité européen a été voté avec la droite! Arrêtons tout cela et travaillons au rassemblement.

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