L’Etat actionnaire doit exiger d’Air France l’abandon de nouvelles réductions d’effectifs. Courrier adressé à Monsieur le Ministre Frédéric Cuvillier Ministre délégué auprès du ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche

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airbus-a380-air-france-1Paris, le 3 octobre 2013
Monsieur le Ministre,
La compagnie Air France annonce un nouveau plan massif de réduction des effectifs.
Après un premier plan de départs volontaires en 2012 ayant déjà entraîné 5.122 suppressions de postes, la direction annonce un plan «Transform2015 2» qui sera présenté vendredi 4 octobre au cours d’un Comité Central d’Entreprise.
La direction d’Air France envisage donc d’ici 2015 de supprimer 2.800 postes supplémentaires dans le cadre d’une restructuration qui va privilégier la réduction des coûts et les gains de flexibilité.
Le groupe semble décidé à réduire de 4 à 5% son activité moyen-courrier tout en privilégiant Transavia, sa filiale à bas coûts, sur les trajets à destination de la province et de l’Europe au départ d’Orly. De même, il augmenterait la saisonnalité de l’offre en intensifiant le recours à la sous-traitance avec toutes les conséquences négatives que cela entraîne pour l’emploi dans la compagnie et tout particulièrement pour l’activité des bases de provinces qui risque d’être réduite, en particulier à Toulouse, Marseille ou Nice.
La compagnie met en œuvre une politique qui délocalise des activités hors du territoire national alors que le gouvernement s’attache à promouvoir la production et le retour d’entreprise dans l’hexagone.
Ainsi, le centre de révision Air-France de Toulouse semble menacé par une délocalisation au Maroc pour près de 60% de la prise en charge de l’A320. A la réduction immédiate d’emplois s’ajoute le risque d’une perte de savoir-faire. On sait aussi que ces diminutions d’effectifs finissent par provoquer un seuil d’irréversibilité du départ de l’activité.
Le plan Transform2015 2 et ces suppressions d’emplois sont d’autant plus inacceptables que la compagnie devrait bénéficier du CICE pour un montant qui avoisinerait les 115 millions d’euros. Ce crédit est théoriquement susceptible d’améliorer la compétitivité et le redressement productif comme l’emploi dans notre pays.
L’Etat actionnaire de la compagnie pour près de 15,9%, ne saurait laisser s’accomplir une telle politique et valider une analyse de la situation d’Air-France présentée par la direction au regard des seuls résultats financiers et en privilégiant une approche comptable plutôt qu’un projet commercial et industriel pourtant essentiel pour la pérennité et la bonne santé de l’entreprise.
Nos concitoyens ont manifesté leur volonté de changement en particulier pour la défense de l’emploi et le soutien à l’activité. Ils se sont exprimés pour que les préoccupations sociales prennent le pas sur cette logique financière qui prévaut depuis des années. A Air-France, comme dans de trop nombreuses entreprises, c’est le choix de l’austérité et de la rigueur qui est engagé au détriment d’une réelle politique d’investissement permettant le redressement pérenne de l’entreprise. Ils ne comprendraient pas que le gouvernement reste passif et n’engage pas une autre méthode évitant une succession de plans se traduisant principalement et systématiquement par des réductions massives d’effectifs.

C’est pourquoi, je vous demande :

– D’intervenir auprès de la direction d’Air-France avant le CCE du 4 octobre, afin que soit reporter et remis en cause le plan « Transform2015 2 » et d’éviter aux salariés de devenir la variable d’ajustement du retour à l’équilibre financier. Ils l’ont déjà trop été par le passé. Si la réorganisation de la compagnie et des lignes apparait un enjeu légitime, on ne peut tolérer que ce soit la réduction du personnel et des remises en cause de leurs statuts qui soit l’outil de la diminution de la dette et l’amélioration de la rémunération du capital.
– D’organiser au plus vite une table ronde sous l’égide de votre ministère sur l’avenir du transport aérien français. En effet, non seulement le gouvernement souhaite réfléchir à la France en 2025 et faire œuvre de prospective mais de surcroit un rapport du centre d’étude stratégique publié en juillet de cette année alerte sur l’ampleur des mutations en cours et la nécessité de choix stratégiques. On ne saurait reporter de tels arbitrages ni les effectuer sans débat public et sans associer l’ensemble des acteurs concernés, les partenaires sociaux, la représentation nationale et les élus locaux. Et puisque des réorganisations se succèdent au sein d’Air-France et que de nouvelles sont annoncées comme imminentes, que des évolutions s’accélèrent dans ce secteur, que les personnels de ces entreprises sont inquiets et parfois démobilisés faute de perspectives, il parait urgent que vous annonciez cette table ronde dans les meilleurs délais.

Je me tiens bien sûr à votre entière disposition pour évoquer de vive voix cet important sujet en souhaitant que vous donniez une suite favorable à mes requêtes, insistant tout particulièrement sur une prise de position rapide de l’Etat pour stopper le plan de réduction des effectifs d’Air-France.

Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, à l’expression de ma considération distinguée.

MARIE-NOËLLE LIENEMANN

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