A Vauvert : Réforme ou changement?

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 vallsRéforme ou changement, là est la question. Rien n’est plus vieillot que cette fausse modernité de la  « Réforme » et  du « mouvement » qui fleure bon les discours de Jean-Jacques Servan-Schreiber dans les années 60, ou encore du Centre démocrate de Jean Lecanuet ou même la rhétorique giscardienne. Avec son corollaire, la France serait rétive à « bouger».

Manuel Valls ne semble pas mesurer comme son discours de Vauvert date et surtout qu’il risque d’avoir les effets inverses à ce qu’il prétend souhaiter. Car l’essentiel pour un dirigeant est de montrer le sens de son action et la direction, la perspective, les choix de société que l’on propose au Français. Et là, on reste sur sa faim. Une série de mots clefs soigneusement choisis par les communicants- par exemple«  la république intransigeante » –  ne saurait faire office de projets.

A propos la République intransigeante, intransigeante avec qui? Et pour promouvoir prioritairement quels principes ? On aimerait entendre un discours musclé, intransigeant pour défendre l’égalité et s’opposer à la précarité, trouver des mesures qui inverse cette redoutable tendance à l’accroissement des inégalités dans nos sociétés et même dans notre France républicaine. Mais là ne semble pas l’objectif majeur de Manuel Valls.

Plus le premier ministre parle de réformes, moins il évoque le changement !

Car qu’on le veuille ou non, le « changement » signifiait une transformation sociale fut elle progressive. Il s’agissait d’engager  une autre politique  que  celle qui nous est présentée comme inéluctable, imposée par la mondialisation mais surtout par les libéraux et les tenants de l’ordre établi.

Et là est la question centrale aujourd’hui. Reprends-t-on l’antienne de Sarkozy, du Medef, de la commission européenne qui somment les français d’engager des «  réformes structurelles » qui sont purement et simplement l’alignement l’accomplissement du libre-échange et de la concurrence généralisés, la réduction de la protection sociale et de l’action publique?

Ou défendons-nous le changement avec des réformes comme la réforme fiscale, celle du système financier avec la séparation des activités bancaire et la réorientation de l’épargne vers l’économie réelle, une nouvelle étape démocratique qui reconnait aux salariés des capacités à intervenir dans leurs entreprises par exemple pour empêcher les licenciements boursiers ou leur permettre d’intervenir sur la reprise ou la transmission ? Ces réformes-là étaient dans les engagements présidentiels ou le discours du Bourget. Ce sont ces reformes là que le premier ministre devrait prioritairement mettre en œuvre et non celles qui veulent baisser « le coût du travail » et fragiliser la protection sociale, faire une ponction massive sur les dépenses publiques plutôt que de soutenir la croissance, bien évidement une croissance durable, engagée dans la transition écologique.

La seule question qui vaille  est bel et bien de savoir si « le changement », celui que nous avons promis aux français est toujours l’objectif de l’exécutif ? A moins que ces promesses soient envoyées au diable Vauvert.

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