COP21

De l’audace pour sortir des impasses réitérées des sommets consacrés à la lutte contre le changement climatique

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Cop21Ségolène Royal a raison de taper du poing sur la table en mettant en cause l’enlisement récurrent des sommets chargés de la lutte contre le changement climatique alors même que l’urgence est là, maintes fois rappelée dans les textes, jamais consacrée dans les actions.

Depuis les premiers sommets, les gaz à effet de Serre ont cru de 60%.

L’ONU est incapable d’obtenir des consensus actifs sur tous les grands problèmes planétaires. C’est sans doute l’un des problèmes majeurs de la mondialisation actuelle où aucune politique incarnant l’intérêt général n’est en mesure d’émerger ni sur le terrain social, ni sur le champ environnemental. Seules arrivent à s’imposer la progression de la libéralisation des échanges et des mouvements de capitaux comme la généralisation de la marchandisation, qui au contraire s’affranchissent au maximum de tout arbitrage collectif ou démocratique.

Cette impuissance du multilatéralisme devant des enjeux aussi majeurs que les droits sociaux et la protection de l’environnement crée une défiance majeure des peuples envers ses institutions et exige une nouvelle pensée de l’architecture des relations internationales.

Il faut bien observer faut bien remarquer qu’aujourd’hui face à cette situation où chaque jour les inégalités s’accroissent dans et entre les pays, où les citoyens, singulièrement les plus fragiles subissent les effets d’un dumping social et environnemental redoutable comme des dérèglements climatiques, les peuples choisissent de plus en plus le nationalisme, le repli ethnico-communautaire, le fondamentalisme religieux. Et ce dans bien des pays et sur tous les continents.

La lutte contre le changement climatique est l’une des grandes causes universelles qui devrait en ce début du 21eme siècle amener l’humanité à prendre conscience de son interdépendance, de son unité et servir de levier à l’espoir d’un progrès partagé, d’actions communes porteuses d’un avenir meilleur pour tous. La compréhension des menaces pour indispensable qu’elle soit ne suffit pas, elle doit s’accompagner d’une nouvelle vision de notre développement et de la vie humaine.

La COP 21 qui se tiendra à Paris en décembre est donc une belle et grande affaire

Ségolène Royal en appelle à l’intervention très en amont des politiques, des chefs d’état et de gouvernement pour ne pas retomber dans les affres du dernier Sommet, à Copenhague. Il faut sortir de ce mélange désastreux de négociations obscures sur une myriades de sujets entre habitués, professionnels et bureaucrates d’un côté et d’interventions à l’arraché, au dernier moment, des dirigeants des États pour boucler un « accord » formel qui ne change quasi rien, ou si peu au regard de l’augmentation accélérée de la température du globe. Oui il faut vite en revenir à la politique.

Car ne nous y trompons pas, aboutir à des avancées tangibles à Paris ne sera pas chose facile. La tâche de la diplomatie française est ardue. En appeler à l’engagement immédiat des responsables élus au plus haut niveau dans tous les pays est une bonne chose pour tenter d’y arriver.

Mais sans doute, cela ne suffira pas et il est nécessaire d’aller plus loin. Il faut désormais sans tarder créer une organisation mondiale de l’environnement, ou pour le moins de la lutte contre le changement climatique, organe permanent capable d’édicter des normes, des conventions, fussent-elles plus réduites en périmètre, voire en signataires mais concrètes et capables d’engager les parties dans des actions et financements. D’une certaine façon l’OIT joue, et surtout a joué ce rôle pour le droit du travail.

La France doit mettre à l’ordre du jour la création d’une Organisation Mondiale de l’Environnement

Et là, on touche l’autre limite qu’il faut rapidement dépasser, à savoir la hiérarchie des normes, la relégation du social et de l’environnemental au marge du système économique, hors d’état de s’imposer à tous les acteurs étatiques ou aux multinationales. L’exemple de l’OIT est de ce point de vue désolant. C’est pourquoi non seulement il convient de créer l’OME mais aussi de ne plus signer de traités économique n’imposant pas des restrictions pour veiller au respect des règles environnementales et n’assurant pas la hiérarchie  des normes pour placer le social et l’environnement au-dessus de la libre circulation des biens et des capitaux. Bref l’OIT et l’OME s’imposant face à l’OMC.

La troisième exigence est de réintroduire des accords bilatéraux, en particulier entre grandes régions qui organisent les échanges, la lutte contre le changement climatique et droits sociaux et humains. C’est dans la globalisation des enjeux que peuvent se construire de nouveaux pactes de développement. Mais pour ce faire il est essentiel de pouvoir s’affranchir des dogmes de l’OMC, par exemple sur les aides publiques, sur la taxation en cas de non-respect de normes etc. De ce point de vue aussi la multiplication des traités de libre échange, comme celui entre l’UE et la Canada ou le Traité de partenariat transatlantique qui se prépare sont des obstacles majeurs. C’est pourquoi il est urgentissime d’arrêter ces négociations pour engager d’autres formes de coopérations entre continents.

Les mécanismes de financement imaginés pour concourir d’une part à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’autres part au développement des pays les plus pauvres n’atteignent aucuns de ces objectifs. Les plus pauvres en bénéficient peu.

Il faut proposer une autre logique

La théorie selon laquelle il faut permettre une bonne allocation de l’argent en permettant aux riches pollueurs de financer des actions économes auprès de plus pauvres, et tout cela dans un jeu de marché financier pour le moins peu transparent, ne fait guère illusion. Les grands bénéficiaires sont les multinationales. Mieux vaudrait exiger que chacun atteigne ses objectifs, que ceux si soient plus exigeants pour les plus riches. Cela soutiendrait effectivement la recherche, l’innovation et les investissements en faveur de la transition énergétique en poussant à l’excellence. Mieux vaudrait constituer sur la base d’un impôt mondial (cf. taxe sur les transactions financières) un fond de développement des pays les plus pauvres et accompagner, voire conditionner ou proportionner les aides et soutiens à des objectifs environnementaux précis.

Tout cela, Ségolène Royal ne l’évoque pas, sans doute attachée à traiter les enjeux immédiats de la conférence de décembre. Devant tant d’inertie collective, tant d’impasses accumulées cachées sous des accords qui ne font plus illusion, la France n’a-t-elle pas un devoir d’alerte et d’audace ?

Elle doit certes contribuer à permettre le meilleur texte avec des engagements les plus contraignants possibles. Mais elle doit aussi – et ce n’est pas contradictoire – proposer une nouvelle architecture des instances mondiales pour enfin traiter les questions majeures que sont le développement humain, la protection de l’environnement, la lutte contre le changement climatique comme résolument prioritaires et urgentes.

On voit quelques pistes pour cette nouvelle feuille de route. Les socialistes s’honoreraient à les promouvoir, à suggérer au gouvernement et au président de lancer une grande initiative mondiale en ce sens. Je suis persuadée qu’elle serait aussi de nature à rassembler un très grand nombre de français qui savent que l’universalisme républicain peut aujourd’hui prendre le visage de cette nouvelle vision d’une civilisation nouant un pacte nouveau entre l’humanité et la nature et où l’intérêt général, prendra le pas sur la domination d’une minorité sur l’ensemble.

Il en va de l’avenir de l’humanité, de la planète et de la paix dans le monde.

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