RNLH

Cinquièmes Rencontres Nationales du Logement et de Habitat à Avignon

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5e_RNLH_05-11-2015

Je participais hier matin (4 novembre 2015) à Avignon aux 5èmes Rencontres Nationales du Logement et de Habitat. Comme l’année dernière, c’est la ville d’Avignon et sa jeune Maire, Cécile Helle, qui ont accueilli les Rencontres nationales du logement et de l’habitat, qui après 5 années de travail a abordé la question de la stratégie pour mettre en œuvre notre réflexion collective. Les débats furent riches et denses.

Crise du logement : où en sommes nous ?
La situation de l’habitat en France ne cesse d’être qualifiée de « crise du logement ». Cette expression s’accompagne de tout un jeu de questions-réponses bien établi, avec ses indicateurs spécifiques, dont les plus rebattus sont certainement le nombre de mal-logés et les chiffres de la construction de logements Hlm. Depuis le lancement des Rnlh en 2011, le sujet s’est installé durablement dans le débat public comme une priorité. Une loi a été votée, l’encadrement des loyers marque un tournant dans plusieurs agglomérations, la cession des fonciers publics avance. Pourtant, les acteurs du logement et de l’habitat ne semblent souvent ni confiants d’une sortie de crise prochaine, ni convaincus des méthodes entreprises à l’échelon national pour la résoudre. Il est toujours utile de rappeler qu’on peut mieux faire et redoubler de volontarisme. Mais une telle posture de principe ne peut être que permanente, quand il s’agit de concourir à une mission d’intérêt général, aussi fondamentale. Elle ne permet pas de répondre à la crise. Alors où en sommes-nous ? En suivant ce raisonnement, la question devient : que devons-nous inventer, et, en toute logique dialectique, à quoi devons nous renoncer ?

Programmer avec les habitants, les citoyens : comment agir ?
Progresser dans la participation des habitants est devenu une préoccupation incontournable des acteurs du logement. Un genre de projet est même (ré-)apparu : l’habitat participatif, dont le principal intérêt réside certainement dans l’originalité de chaque opération, ce qui justement ne peut pas se transposer. La focalisation sur les usages ou les savoir-faire liés à la dynamique de projet sont certainement instructifs, mais restent périphériques, par rapport au cœur de métier de bailleur, aménageur, constructeur, urbaniste, association d’accompagnement… qui n’œuvrent pas, dans leur principe, pour certains habitants en particulier, à un moment donné de leur parcours résidentiel, mais au service des habitants en général, avec un horizon de temps de plusieurs dizaines d’années. Les métiers de l’habitat sont en effet confrontés, en plus de la réponse aux besoins individuels, à un enjeu de société : habiter et vivre ensemble, en somme, une question de citoyenneté. En suivant ce raisonnement, la question devient : Comment favoriser la progression des métiers de l’habitat en s’appuyant sur l’implication des habitants en tant que citoyens, et non comme consommateurs ? Autrement dit, comment progresser techniquement et concrètement dans la dynamique collective de l’ensemble des parties prenantes ? L’approche en termes de programmation architecturale et urbaine du logement représente en la matière une voie prometteuse.

Engager la transition de notre habitat : quelle stratégie ?
Face à la conjonction de la révolution numérique, du dérèglement climatique, de la crise économique, financière et budgétaire, la période que nous connaissons est volontiers qualifiée de transition. L’habitat en est le laboratoire quotidien. Plusieurs approches sont possibles pour la comprendre, la maitriser en vue de la coordonner dans le sens du progrès. Une première entrée est celle des inégalités sociales et des conditions de vie, une situation ancienne à mesurer, qui s’est accentuée, et qu’il s’agit de réduire. Une deuxième entrée d’ordre scientifique, consiste à élaborer des concepts pour décrire les mécanismes à l’œuvre dans la société, ici la transition de l’habitat, afin d’éclairer le débat public dans les choix à opérer. Enfin, une troisième entrée est celle de la qualité de la vie, de la réponse aux attentes de confort, de bien-être domestique et d’esthétique aussi, à satisfaire et rendre au mieux accessible. La réflexion collective sur l’habitat, pour être complète, suppose d’articuler ces dimensions complémentaires d’ordre politique, intellectuel et culturel. Hiérarchiser leur importance respective n’a pas de sens, puisque chacune répond à des enjeux essentiels. Si l’on suit ce raisonnement, la question devient : Comment renforcer les liens qui font la densité de l’habitat, pour engager sa transition de façon intégrée ?

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Les débats du cycle de concertation des Rencontres nationales se sont focalisés sur le système du logement et de l’habitat lui-même. Il est désormais indispensable de se confronter également aux sujets connexes qui s’avèrent de plus en plus prégnants. Face à la vulnérabilité des catastrophes naturelles et l’augmentation de la fréquence des aléas, comment décliner le réchauffement climatique, tant dans la pratique des professionnels que dans celles des habitants ? Face à l’urbanisation des modes de vies et les effets induits par la métropolisation et la mondialisation de l’économie, comment faire valoir la diversité des enjeux des territoires et leur impact sur l’habitat ? Un échange large est à engager.

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Communiqué final :

Onzième étape d’une démarche participative initiée voilà cinq ans sur le principe de l’articulation entre local et national, les Rencontres nationales du logement et de l’habitat (Rnlh), organisées par le cabinet hqb avec le soutien de Grand Delta Habitat, tiennent leur grand rendez-vous annuel à l’invitation de Cécile Helle, Maire d’Avignon et 1e Vice-Présidente du grand Avignon et Michel Gontard, Maire-adjoint.

Pour Marie-Noëlle Lienemann, ancienne Ministre du logement qui anime le projet qu’elle a contribué à lancer en 2011 à Aubagne : «  Ces cinq ans de concertation dessinent clairement une stratégie, dont il s’agit maintenant de lancer le programme d’action. L’entrée citoyenne de nos débat est indispensable, de même qu’attachement aux territoires et donc aux pratiques, qui demandent d’être mieux mises en valeur. »

« Trois grandes questions ont traversé ce cycle de travaux, elles structurent les débats de cette édition » souligne Daniel Bœuf, du cabinet hqb, co-fondateur des Rnlh. Celles-ci seront soumises aux participants de cette matinée d’échanges dans une salle comble, qui rassemble les différents maillons de la chaine du logement : responsables politiques, syndicaux et associatifs, bailleurs, promoteurs et constructeurs, financeurs, chercheurs et citoyens.

D’abord, la synthèse du diagnostic de la situation : « Sortir de la crise du logement: où en sommes nous ? » avec notamment l’intervention d’Odile Renaud-Basso, Directrice générale des fonds d’épargne de la Caisse des dépôts et consignations a permis repositionner le débat entre urgence sociale, action publique et rôle des partenaires privés . Puis deux tables-rondes complémentaires, pour définir ce que peut concrètement porter une telle démarche. D’abord les actions de court terme autour de la question « Programmer avec les habitants, les citoyens », qui propose de pistes innovantes pour renouveler les pratiques des professionnels dans leur lien aux habitants. Un focus sur la notion de programmation est prévu, avec une intervention de la spécialiste Nathalie Bonnevide, architecte-programmiste. Avec les interventions de Marianne Louis (USH), Eddie Jacquemart (CNL) et Michel Fréchet (CGL). Puis les actions de long terme sur le thème « Engager la transition de notre habitat », qui « renvoient à des aspects plus théoriques, mais tout aussi essentiels pour le débat public » indique François Rochon, coordinateur des Rnlh.

Un rapport de synthèse de l’ensemble de ces travaux, qui ont mobilisé près de 1000 citoyens engagés, est maintenant en cours d’élaboration. Il sera le point de départ d’un nouveau projet plus ambitieux encore.

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