Michel Rocard

Décès de Michel Rocard : « Sa voix va nous manquer »

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Le décès de Michel nous touche tous car il a accompagné bon nombre d’entre nous dans notre parcours militant. Il était un repère qu’on approuve ou conteste ses orientations. Il assumait ses convictions et respectait l’engagement militant.

J’ai beaucoup aimé et soutenu Michel Rocard dans les années 1970-1980. Pour moi il était l’homme qui tentait d’allier l’élan de mai 68 et la capacité à prendre en compte un certain réalisme économique. Il défendait les idées autogestionnaires, l’intervention des travailleurs, des citoyens et pas seulement celle de l’Etat. Il voulait faire de la politique autrement et jugeait nécessaire l’irruption de la société civile. Je trouvais cet apport indispensable au renouveau de la gauche même si je le trouvais ambigu sur l’Union de la gauche que j’ai toujours défendue. Il voulait créer une union dépassant les partis…

J’ai progressivement pris mes distances avec lui au milieu des années 80 et plus encore dans les années 90, ou peu à peu l’équilibre qu’il était censé incarner entre la transformation sociale et le sérieux économique s’est trouvé rompu et comme bon nombre de sociaux-démocrates européens il céda aux sirènes néo-libérales, même s’il savait le faire avec plus de finesse que bien d’autres. Michel Rocard a largement accompagné l’évolution de la social-démocratie européenne, souhaitant que la France suive son chemin… Là nos divergences sont devenues plus notoires, en particulier lorsqu’il plaidait pour des alliances avec le centre…

Les années 2000 ont été des années de débat passionné en particulier au moment du traité constitutionnel. Il était un défenseur acharné du Oui, moi du NON. Nous siégions tous deux au Parlement européen. Mais il aimait le débat. Il étayait toujours son raisonnement. Il plaçait en permanence ses analyses dans le cadre plus vaste du monde et de la planète. Il élevait toujours le débat politique.

Il mérite notre respect et notre estime. Sa voix va nous manquer.

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