Sécurité intérieure

Interventions sur la prorogation de l’état d’urgence – mercredi 20 juillet 2016

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Marie-Noëlle Lienemann est intervenue à deux reprises dans le débat en séance au séant lors de l’examen du projet de loi de prorogation de l’état d’urgence, mercredi 20 juillet 2016 en fin d’après-midi. Elle explique lors des échanges sur l’article 1er, puis en fin de débat sur l’ensemble du texte, les raisons pour lesquelles elle s’abstiendra sur cette prorogation.

Vous pouvez regarder ci-dessous les vidéos de ses interventions et lire leur transcription.

M. le président. La parole est à Mme Marie-Noëlle Lienemann, pour explication de vote.

Mme Marie-Noëlle Lienemann. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, monsieur le ministre de l’intérieur, mes chers collègues,

notre débat porte aujourd’hui essentiellement sur la prorogation de l’état d’urgence, même si nous avons tous conscience que les terribles événements de Nice exigent une vision globale de notre action de lutte contre le terrorisme et que rien ne sera possible tant que les fragilités républicaines de notre société ne seront pas combattues fermement, sans la moindre défaillance.

De ce point de vue, je n’ai aucune critique fondamentale à adresser au Gouvernement. J’ai toujours voté l’état d’urgence jusqu’à ce jour et, aujourd’hui, si je propose de m’abstenir, ce n’est en rien pour condamner l’action du Premier ministre, du ministre de l’intérieur et du Président de la République. C’est seulement pour signifier que j’avais voté cet état d’urgence en attendant que nous engagions notre législation dans une stratégie d’action au long cours de lutte contre le terrorisme.

De fait, à partir du 27 juillet prochain, il me semble que notre droit est, pour l’essentiel, calibré pour cette action de longue durée, notamment s’agissant des perquisitions menées sous l’autorité du procureur de la République.

En revanche, les moyens à mobiliser ne sont pas nécessairement au rendez-vous pour relever ces défis et mettre en œuvre notre législation. Nous avons accumulé un énorme retard dans notre pays sur les moyens de la justice, mais aussi sur la façon pour les forces de police et de sécurité de s’adapter au mieux.

Je souhaite donc aujourd’hui m’abstenir, pour envoyer un message, et je propose que la France vote une loi de programmation de sécurité intérieure, sur le modèle des lois de programmation militaire. En effet, nos concitoyens, et parfois même aussi nos élus locaux, éprouvent des difficultés à connaître l’ampleur des efforts de la Nation. Sont-ils suffisants, sont-ils déployés au bon endroit ? Les priorités sont-elles clairement partagées ? Il y a souvent beaucoup d’incompréhension et d’incertitude.

Au regard des défis que nous avons à relever contre le terrorisme, une loi de programmation de sécurité intérieure me semble le pilier indispensable et complémentaire à l’amélioration de notre droit. La surenchère sur le durcissement du droit n’a aucun sens. Ce qui compte, ce sont les moyens pour faire appliquer notre législation actuelle.

Tel est le sens de mon abstention sur ce texte, qui est une abstention d’appel.

Mme Marie-Noëlle Lienemann. – Ressortir des mesures sécuritaires à chaque occasion n’est pas la solution. Notre arsenal juridique est aujourd’hui suffisant. Ce qui manque, ce sont les moyens concrets, opérationnels. Alors chacun prendra ses responsabilités… J’entends certains annoncer des suppressions massives de postes dans la fonction publique… Combien dans les forces de police, dans les services de santé, dans la justice ? Il faudra être cohérent…

Les mots ont un sens : nous n’avons pas besoin d’un réarmement moral – l’expression est tout sauf neutre -, mais d’un réarmement républicain. Nous avons entendu ces derniers temps des dérapages qui percutent la République et dont les effets peuvent être délétères.

Nous avons besoin d’une politique active sur le terrain et forte de ses principes. Nos concitoyens doivent savoir où, combien, comment sont affectés les forces de police, les moyens de la justice, ceux du renseignement. Je le redis : nous avons besoin d’une loi de programmation de sécurité intérieure.

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