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Chômage : Les chiffres de l’INSEE traduisent mal la réalité et le vécu

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Ne soyons pas dupes de la baisse annoncée du chômage au 4ème trimestre 2018. Hélas, pas que quoi pavoiser !

L’INSEE vient de publier les chiffres du chômage, ceux concernant le dernier trimestre de 2018, assortis de ce commentaire : « En moyenne sur le quatrième trimestre 2018, le taux de chômage au sens du BIT est de 8,8 % de la population active en France (hors Mayotte), son plus bas niveau depuis début 2009. Il baisse de 0,3 point après une stabilité au trimestre précédent. »

Information abondamment relayée par les médias qui ont aimablement insisté sur le « plus bas niveau depuis 2009 ».

En réalité, s’agissant du taux de chômage, celui-ci se réduit à peu près régulièrement depuis son plus haut à 10,5% au second trimestre 2015.

  • La période récente se situe donc dans le droit fil de la prolongation d’une évolution engagée bien avant l’arrivée au pouvoir de cette majorité ;
  • Enfin, on ne peut se satisfaire d’un taux de 8,8% qui, plus de dix ans après, demeure encore bien supérieur à celui qui prévalait au moment de l’entrée en crise (aux alentours de 7%).

Le nombre de chômeurs (BIT), soit environ 2,5 millions de personnes, est actuellement à peine inférieur à ses maximas antérieurs, atteints pendant les années quatre-vingt-dix… Même avec cette baisse, on en reste donc encore à des niveaux absolus sans guère de précédents ; la satisfaction n’est donc pas vraiment de mise !

Mais surtout les chiffres du BIT n’expriment pas la réalité actuelle dans nos pays à savoir la montée de la précarité et du chômage. Car ne sont comptés comme chômeurs par le BIT que les seules personnes remplissant simultanément trois conditions :

  • être sans emploi, c’est à dire ne pas avoir travaillé au moins une heure durant une semaine de référence ;
  • être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours ;
  • avoir cherché activement un emploi dans le mois précédent ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois.

Sont laissées de côté toutes les situations « grises », intermédiaires entre l’emploi et le chômage, celles de précarité.

C’est pourquoi l’INSEE mesure de longue date, ce qu’il appelle le « halo autour du chômage ». Or celui-ci, bien loin de se réduire n’a, au contraire, cessé de progresser.

Il y a donc une montée des situations intermédiaires entre emploi et chômage, c’est-à-dire de la précarité.

Ainsi, il existe de très nombreuses situations dans lesquelles certes on travaille, mais peu, mal, pas assez. Et là, les statistiques de pôle emploi avec les différentes catégories de chômage (A,B,C,D) se rapprochent davantage de la situation vécue. Elle est différente de celle de l’INSEE :

  • certes le chômage dur (la catégorie A : demandeurs d’emploi ans sans emploi, immédiatement disponibles) est-il en très légère baisse depuis la fin 2015, et est désormais de l’ordre de 3,4 millions (France métropolitaine) ;
  • mais, la montée des situations précaires se poursuit. C’est vrai des catégories C (activité supérieure à 78 heures dans le mois) ; ça l’est aussi des catégories B (activité inférieure à 78 heures dans le mois), même si le dernier trimestre 2018 voit une brusque rupture qui demande à être confirmée ;
  • Au total (catégories A+B+C), soit 5,605 millions de personnes à fin 2018, entre légère baisse des uns et poursuite de la montée des autres, le nombre des chômeurs « tenus de rechercher un emploi » (sous peine de radiation), a connu une poursuite de sa montée, même si c’est à un rythme ralenti depuis le début 2015, jusqu’au 3ème trimestre 2018. La baisse, légère (-44.600), n’est intervenue qu’au cours du tout dernier trimestre de 2018.

Compris comme l’ensemble des catégories A+B+C, le chômage a donc connu son maximum en septembre 2018. Il est donc encore bien tôt pour que l’on puisse être assuré que la baisse du dernier trimestre 2018 signifie qu’il commence à durablement se réduire…

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