Ca y est la boite de Pandore est ouverte ! Où est passée l’exception culturelle et éducative ?

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C’était à parier, en chevauchant les dadas de la droite sur la carte scolaire, Ségolène Royal qui n’a proposé aucune solution effective aux problèmes de la ségrégation et de l’échec scolaire, a libéré l’idéologie libérale qui avait jusqu’ici quelque mal à s’infiltrer dans l’Education ! J’ai eu l’occasion dans ce blog de dénoncer la logique qui sous tendait ses propos et qui ne manquerait pas de faire tâche d’huile. Je parlais de concurrence libre et non faussée à l’école !

Et bien plus vite que je ne le croyais, les digues tombent et sans la moindre retenue de beaux esprits comme Thomas Piketty explique que le marché a dans le domaine éducatif ses vertus, même s’il convient de l’encadrer. Pour lui le primaire et le secondaire paraissent peu propices à cette introduction de la concurrence généralisée, en revanche le supérieur serait parfaitement adapté à cette évolution !!!! Et pour cause, c’est certainement le segment éducatif le plus rentable. Et toutes ces théories se développent sans faire broncher quiconque dans les tribunes de nos journaux.
Samedi, dans le Monde, un chercheur en sciences sociales (cela fait sérieux), Philippe Genestier nous explique doctement que, tous les deux ans, nos chers bambins passeraient un examen et qu’ils pourraient choisir leur établissement en fonction de leurs résultats scolaires. Et si cela ne s’appelle pas de la sélection et de la ségrégation, comment le nommer ? Evidemment pour faire bonne figure les autres établissements mettraient en oeuvre du soutien pour les élèves qui n’arrivent pas à être dans les meilleurs. Raisonnement absurde car le principe d’un classement est d’exister en permanence même si le niveau s’élève et donc il est impossible que tous les élèves aillent dans les établissements d’excellence !

Raisonnement dangereux quand on sait justement la grande difficulté d’enrayer le processus de « reproduction » des inégalités culturelles, que ce mécanisme accroîtrait. Raisonnement étriqué car justement les bons élèves s’enrichissent de la confrontation avec d’autres moins à l’aise, venant d’autres milieux !

Je n’aurai pas la cruauté de souligner la coïncidence entre ces conceptions et la référence à Tony Blair, si prisée par une certaine droite et une certaine gauche. Le leader travailliste a engagé dans son pays une réforme qui instaure une certaine concurrence entre les écoles publiques. Plus autonomes, elles pourront choisir d’être administrées par un « trust », une fondation. Elles pourront être sponsorisées par une association, un club sportif, une entreprise, un groupe de parents d’élèves. Je vous laisse le soin de juger de l’immense progrès que constitue une telle réforme et au passage les immenses risques de « manipulation des esprits….

Alors tenons bon sur la carte scolaire. Les problèmes existent, ils ne sont pas nouveaux et l’ancienne ministre de la vie scolaire aurait pu s’en émouvoir à temps. Il est urgent de redécouper la carte scolaire pour assurer un meilleur brassage social et d’assurer dans le même temps la gratuité des transports scolaires. Ensuite il faut redéfinir les implantations de sections dites attractives (section européennes etc.. ) pour les assurées dans les collèges et lycées défavorisés . Il restera, à ne pas en douter, bon nombre d’établissements ou la composition sociologique sera favorisée. Il faudra demander à ces établissement d’accueillir, par exemple 10% des enfants fragiles (difficultés psychologique, retard scolaire etc). Ils seront affectés dans ces établissements, si les parents le demandent, sur la base de critères définis, clairs et par la délibération d’une commission départementale ou régionale chargé de garantir l’égalité de traitement et de l’examen des éventuelles dérogations qui ne doivent plus être acceptées qu’exceptionnellement. Il va de soi que parallèlement des moyens nettement supérieurs au saupoudrage actuel et passé réservé aux ZEP doivent être rapidement dégagés pour les établissements puissent non seulement garantir un suivi individualisé pour lutter contre l’échec scolaire mais aussi assurer une vie sociale, un « vivre ensemble » plus harmonieux, moins tendu dans ces lieux éducatifs.

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