"Le droit au logement opposable est une urgence"

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Article paru dans l’hebdomadaire Marianne le 6 Janvier 2006

Marianne : vous défendez depuis des années le devoir pour l’Etat de proposer un logement social à chaque citoyen qui en fait la demande. Pourquoi ?

Marie-Noëlle LIENEMANN : boosté par des années de flambée, vicié par une fiscalité inadaptée, le marché immobilier est incapable de satisfaire les besoins de logement des classes moyennes et donc, a fortiori, des plus pauvres.

En 2005, le gouvernement n’a livré que 80 000 logements sociaux
neufs, alors qu’il y a 1 million de dossiers en souffrance. Parmi ces
rares constructions, moins de 7 500 appartements étaient effectivement
réservés à des familles disposant de moins d’une fois et demie le Smic.
C’est dire l’ampleur de la pénurie ! Loin d’être un texte
compassionnel, le droit opposable au logement est un principe
républicain fédérateur que nous devons inscrire d’urgence dans notre
Constitution.

Comment faut-il procéder ?

Marie-Noëlle LIENEMANN : il faut que la loi garantisse à chaque
citoyen le droit de se voir proposer un hébergement d’urgence adapté,
puis un logement social en rapport avec ses besoins. S’il n’est pas
satisfait, le demandeur pourra obtenir réparation devant les tribunaux.
Une fois condamnés, les préfets se retourneront le cas échéant contre
les communes qui bafouent leurs obligations en matière d’habitat
social. SDF, victimes de l’insalubrité, personnes en souffrance sociale
seront dans un premier temps prioritaires.

Comment contrecarrer les effets pervers d’un tel juridisme ?
Marie-Noëlle
LIENEMANN : seule la loi vertueuse obligera les différents acteurs à ne
plus fuir leurs responsabilités. Mais, dans le même temps, en amont,
nous devons favoriser la concertation en commission de médiation, et
lutter contre toutes les ghettoïsations en favorisant le brassage des
populations. Tout en investissant plus (au moins 2% du PIB, contre 1,5%
aujourd’hui), l’Etat doit donc se doter d’une administration efficace
du logement, capable de préempter les terrains des communes
récalcitrantes, comme d’attribuer en toute transparence les nouveaux
logements sociaux.

Propos recueillis par Laurence DEQUAY
* Vice-présidente PS de la région Nord Pas-de-Calais, ancienne ministre du logement

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