L'espoir d'un nouveau Front populaire

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Paul Quilès et Marie-Noëlle Lienemann ont co-signé cette tribune, qui vient d'être publiée par le quotidien L'Humanité.

Pour signer l'appel "Gauche 2012 : Tous unis dans un nouveau Front populaire", rendez-vous sur http://www.gauche2012.org

        "Le mécontentement grandit devant l’accroissement du chômage et de la pauvreté, l’absence de perspectives pour la jeunesse, l’affaiblissement de la protection sociale et des services publics. Pas étonnant que le monde du travail refuse de payer  les errances  d’un système  qui s’est développé contre lui, au profit du capital financier et qu’il se mobilise ! Et il le fait de façon exceptionnelle, puisque, cette année pour la première fois depuis 62 ans,  le 1er Mai sera unitaire.

        Peut-on espérer que cet évènement sera le premier pas vers le changement tant attendu par des millions de Français ? Même si la période est différente à bien des égards, on ne peut s’empêcher de se souvenir des années 30, où, en dépit de très lourdes divergences idéologiques qui semblaient bloquer toute alliance entre la SFIO et le PC et face au péril des ligues fascistes, c’est le peuple qui appela à l’unité lors des manifestations de février 1934! Ensuite, il y eut la grande manifestation unitaire du 14 juillet 1935, à l’initiative de la Ligue des droits de l’homme, des syndicats, avec tous les partis de gauche et les radicaux, ainsi que de nombreuses associations. Cette rencontre se prolongea en un comité national pour le rassemblement populaire, chargé d'élaborer un programme commun et des accords de désistement dans la perspective des élections du printemps 1936.

            C’est donc le rassemblement de toutes les forces de gauche autour d’un programme qui assura la victoire électorale du Front populaire et d’importantes mobilisations ouvrières qui permirent de concrétiser de grandes  avancées sociales. Bien entendu, l’histoire ne se répète jamais à l’identique, mais elle est riche d’enseignements qui peuvent nous aider à prendre nos responsabilités et à éviter les erreurs passées. Elle nous rappelle en particulier une loi d’airain, qui n’a jamais été démentie par les faits. Lorsque la gauche est  désunie, elle décourage les siens  et elle perd. Impuissante à gouverner, à peser sur le cours des choses et à transformer une société qui en a tant besoin, elle laisse la place à toutes les dérives. Par contre, lorsqu’elle s’unit, elle ré-ouvre le champ du possible, redonne espoir et peut  gagner.  Gagner pour changer et renouer avec le progrès.

            Il dépend de nous que la gauche soit en mesure d’offrir une perspective, une alternative à tous nos concitoyens, en particulier les plus modestes, à la jeunesse, à celles et ceux qui vivent de leur travail, de leurs efforts, de leur création. Après la dynamique impulsée par les syndicats, qui va déboucher sur ce 1er Mai unitaire, il faut préparer l’unité politique. C’est ce que nous appelons un nouveau Front populaire. Comprenons-nous bien : il ne s’agit pas de copier le passé, parce que le paysage, les enjeux, les pratiques politiques ont changé. Pourtant, la dynamique qui fut celle du Front populaire reste un modèle, qui peut redevenir d’actualité, en proposant tout à la fois un débouché politique au mouvement social, un projet de société à nos concitoyens et une perspective de victoire à la gauche en 2012.   

            Il s’agirait bien d’un  accord global dans le respect de chacun et, en aucun cas, d’un alignement sur le parti dominant ou sur son candidat. Un front large qui associe des clubs, des associations, voire même les syndicats s’ils le souhaitent et pas un simple cartel électoral des partis. Ainsi serait défini un rassemblement politique et citoyen qui permettrait l’accès au pouvoir et qui engagerait aussi une dynamique culturelle, idéologique, presque « civilisationnelle », où les militants, le monde du travail, tous ces hommes et ces femmes qui doutent de la gauche, retrouveraient le goût du politique et la confiance dans la démocratie, pour changer leur vie et le monde.

            Comment peut-on alors accepter les incantations quasi rituelles sur « le nécessaire rassemblement »,  qui ne se traduisent par aucune stratégie concrète pour y parvenir ! Le comble est atteint lorsque ces belles intentions sont suivies d’actes contraires, donnant un triste spectacle où chacun joue sa partition isolément. C’est pourquoi nous pensons qu’il est urgent d’agir et de proposer une démarche, un calendrier, en mettant en avant le projet, le programme, créant ainsi les conditions d’une reconquête et d’une victoire. Cette démarche comprendrait:

    1)    l’organisation immédiate d’une « convergence des gauches » (politiques, syndicales, associatives, citoyennes) pour faire reculer le gouvernement, imposer des mesures plus justes, présenter une autre logique que celle de N. Sarkozy.

    2)    la création, tout de suite après les élections européennes,  d’un « Comité pour un nouveau Front populaire», avec le même souci d’associer, avec les partis, toutes les forces qui s’engagent à gauche. Ce comité préparerait des « Etats généraux de la gauche », dégageant des thèmes fondateurs en vue de la mise au point d’une charte pour l’élection présidentielle, à achever avant mi 2010.

    3)    l’élaboration, sur la base de cette charte, du programme d’un candidat unique de la gauche à l’élection présidentielle, ainsi qu’un accord législatif assurant une représentation de la diversité des composantes de la gauche.

    4)    l’organisation de primaires, où les militants des organisations signataires de la Charte seraient consultés. Cette consultation prendrait alors tout son sens, dans la mesure où il s’agirait ici des adhérents appartenant aux structures (politiques syndicales, associatives) ayant concouru à la rédaction de la Charte. Nous refusons l’idée de faire appel au concept vague de sympathisant, dont l’engagement se limiterait à procéder à une sorte de zapping occasionnel entre des leaders.

            La constitution de ce nouveau Front populaire est aujourd’hui la seule voie sérieuse pour organiser la victoire de la gauche en 2012. Si les responsables politiques de la gauche ne sont pas à la hauteur de cette attente, il reste à espérer que ce sont les militants qui sauront imposer l’unité."

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