En Allemagne aussi la gauche doit changer et se rassembler

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Le résultat  des élections allemandes étaient prévisibles et n’a rien d’étonnant. Voilà des années que les sociaux démocrates allemands mènent des politiques de recul social qui touchent de plein fouet, les ouvriers, les employés et fragilisent le modèle social de ce pays. Précarité accrue, protection sociale diminuée, un nombre considérable de travailleurs pauvres et d’emplois rémunérés à un niveau indigne ! Ils l’ont fait avec Gerhard Schröder comme chancelier. Ils ont continué en acceptant de participer à la grande coalition avec Angela Merkel. Bilan des courses : une érosion des scores du SPD- qui cette fois ci a pris une ampleur considérable-, le  taux d’abstention s’est accru de 5 points et est particulièrement dans les milieux populaires !
De son coté, le parti «  die Linke », plus à gauche, a progressé de façon importante et atteint presque  12%. Et c’est tant mieux. Les commentateurs se complaisent à décrire die linke comme une gauche radicale, alors que très souvent elle a repris des thèmes, des exigences historiques de la social-démocratie. D’ailleurs, la plupart des cadres syndicaux, traditionnellement liés au SPD, l’ont quitté. Oscar Lafontaine, leader de «  die Linke » à l’Ouest est l’ancien premier secrétaire du SPD !  Mais la progression de ce jeune et dynamique parti ne lui permet pas de passer devant le SPD -qui en recueillant son niveau le plus bas depuis l’après-guerre est à 23%- et de se placer comme chef de file de la gauche allemande. Cela doit faire méditer. Car l’espérance d’une inversion d’image, de tendance au sein de la gauche, est loin d’être envisageable à moyen terme, par la concurrence accrue entre le SPD et « die Linke ». C’est plutôt l’affaiblissement de la gauche qui s’ancrerait  si la polarisation entre ces deux forces perdurait. Les verts quand à eux restent à un score légèrement inférieur à 11%.

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Quand on y regarde de plus près le score des chrétiens démocrates n’est
pas bon ( 33,8%) et c’est le vote refuge vers les libéraux(14,6%),
c'est-à-dire vers ceux qui ne participaient pas à la coalition au
pouvoir qui fait la différence. Car le total des voix de gauche et
écologiste demeure à un niveau significatif. Ce vote est une double
sanction : sanction de la grande alliance et de l’absence d’alternative
claire entre la gauche et la droite, sanction d’une gauche décevante et
divisée.

La division désespère le peuple de gauche, en Allemagne comme en
France, et provoque toujours un grand niveau d’abstention en son sein
!
La faible participation dans les quartiers populaires gonfle
artificiellement des partis charnières qui bénéficient de vote
d’opportunité des couches intégrées et relativement favorisées de la
population qui traduisent ainsi leur insatisfaction face à
l’establisment! En cela, il n’y a pas de paradoxe au succès  des
libéraux alors même que la crise actuelle devrait les disqualifier.
C’est pourquoi la question de l’unité de la gauche est vitale, de
l’autre coté du Rhin comme chez nous. Mais l’unité ne pourra se
réaliser sans rupture avec des choix, des pratiques qui ont entrainé la
lourde perte de confiance de nos électeurs et le décrochage avec les
salariés.
D’un coté le rééquilibrage de la gauche, sa mutation pour qu’elle
réponde aux attentes et espérances des citoyens  exige une
confrontation et la recherche d’une nouvelle synthèse entre tous les
courants de la gauche et des écologistes, de l’autre toute victoire,
toute rénovation seront impossibles si la tension est entretenue pour
rendre irréconciliables les membres d’un même camp ! C’est pourquoi il
faut imaginer des formes nouvelles au rassemblement de la gauche et
partir de l’élaboration commune d’un programme de gouvernement et de
transformation sociale.
En Allemagne comme en France, la division de la gauche fait la victoire de la droite
En Allemagne comme en France, et plus qu’en France, la mollesse,
l’incapacité à rompre avec ses thèses néolibérales discrédite et
affaiblit les grands partis de gauche
En Allemagne comme en France, la thèse des deux gauches en compétition entretient l’abstention.
Seule l’unité autour d’un manifeste commun
permettra de rendre espoir
au peuple de gauche, imposera une réorientation politique pour être à
nouveau en phase avec ses aspiration, offrira des débouchés à la
mobilisation des militants associatifs, syndicaux ou citoyens, pourra
assurer une recomposition des forces au sein de la gauche sur des bases
politiques nouvelles et lisibles et au final assurera la victoire.
Une gauche unie ne doit pas être une gauche monolithique, où une partie
est bâillonnée, méprisée. En revanche une gauche émiettée est
impuissante et peut aisément devenir sectaire.
Certes il y en entre la France et l’Allemagne de grandes différences :
le mode de scrutin, l’importance démesurée de la présidentielle en
France, la participation du SPD à une coalition avec la droite
etc….Aussi toute transposition est un peu rapide. Mais néanmoins sur le
fond, les leçons des défaites de nos voisins devraient nous convaincre
de l’urgence de construire un nouveau front populaire en France, en
Europe !

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