Il faut taxer les profits des banques, leur faire payer la garantie accordée de fait par l’Etat. Et tout de suite !

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Dés le 12 Octobre, nous l’écrivions dans une tribune à Libération «  il faut taxer les profits bancaires ». Depuis, l’idée a fait du chemin et Didier Migaud, le président socialiste de la commission des finances de l’assemblée nationale proposait une sur-taxation de  10% des profits bancaires, ce qui permettrait une recette de 1 à 2 Milliards d’euros  selon les années!  Et comble de surprise son amendement  a été adopté, car deux députés UMP s’étaient joint  aux votes de la gauche. Le groupe UMP découvrant cette situation s’est empressé de faire passer l’un d’entre eux – à savoir Jean François Lamour- pour un benêt de première. Il a du  expliquer devant les caméras qu’il s’était trompé de touche ! Pourtant sa participation au débat ne laissait pas de doute, il jugeait, comme la plupart des français, que les banques qui avaient explosé leurs profits bénéficiant du sauvetage des Etats devaient contribuer financièrement à lutter contre les effets catastrophiques d’une crise qu’elles avaient provoquées !!
De plus il faut souligner que le taux réel d’imposition des banques françaises est autour de 15%, bien loin des 33% habituel de l’impôt sur les sociétés car elles peuvent bénéficier de niches fiscales et jouent – encore- sur les paradis fiscaux pour alléger leur contribution à la solidarité nationale !!! Une telle taxation serait pure justice.
Mais notre argumentaire, allait bien au delà, car, pour nous, il s’agissait aussi  d’arrêter la  reprise d’une  spéculation effrénée, de faire que l’État cesse de conforter un système rapace, dont l’activité  consiste à détourner massivement la richesse créée dans l’économie réelle vers les casinos des marchés financiers et d’empêcher que se creuse le gouffre de la prochaine crise, en laissant les banques faire des profits qui ne correspondent pas à leur contribution réelle à l’économie.



Pour cela, il y a une solution simple: c’est d’imposer le plafonnement des profits bancaires par l’impôt, comme le propose Frédéric Lordon.  Nous ne devons pas renoncer à empêcher les banques de revenir aux  pratiques  destructrices qui ont conduit à une crise dont elles ne paient pas les pots cassés  et que les salariés vont une fois de plus être les principales victimes !!!

La crise a été l’occasion, d’une part d’une concentration renforcée des établissements bancaires, d’autre part de leur protection absolue par les Etats. On pourrait parler d’une protection aveugle dans la mesure où comme en France, le gouvernement s’est privé d’une capacité à peser sur les pratiques en n’imposant pas sa participation en capital et d’autre part dans les autres pays en ayant soin d’annoncer une nationalisation temporaire et un départ de l’actionnariat publique lors du retour à meilleure  fortune.. C’est un comble : la socialisation des pertes et la privatisation des bénéfices !
Bon  nombre d’économistes, mais aussi des parlementaires estiment que désormais la plupart des banques  étant devenues trop grandes  et donc trop importante pour que les Etats les laissent  faire faillite, elles bénéficient d’une assurance gratuite non rémunérée et donc dangereuse et injuste. Au-delà de la modification, toujours attendue et en discussion, des règles et mesures de garanties (renforcement des fonds propres et des capitaux nécessaires, financement accrue pour des fonds de garanties etc…) , il serait juste de rémunérer l’assurance pour l’heure gratuite des Etats. D’ailleurs  Jacques Delpla , membre du conseil d’analyse économique  dans « les échos »  du 23 septembre 2009 écrit : «  les banques ne paient pas la garantie implicite des dépôts , sur laquelle pourtant elles prospèrent. Or une prime de 1% rapporterait 12 Milliards d’euros par an à l’Etat… ». Il indique que cette prime devrait être contracyclique , les banques paieraient beaucoup en période de croissance et rien en récession….Le 5 Octobre, dans un esprit comparable, et toujours dans « les échos », Thomas-Olivier Léautier, professeur de gestion à Toulouse School of Economics (TSE)  – sic- propose plusieurs méthodes de calcul des garanties apportées par les Etats, il évoque 5 à 10% des profits  ou 2% de la dette des banques….je ne connais pas ces économistes mais pressens  à la lecture de leurs propos qu’ils sont loin d’être de dangereux gauchistes… je note au passage que tous les deux font référence à la taxe Tobin , le premier pour la jugées inopportune, le second pour ajouter cette rémunération  à la discussion engagée sur la taxation des mouvements de capitaux !

Sentant que cette argumentation de la spoliation des Etats par les banques était difficilement réfutable,  le sénateur Marini propose, il ya quelques jours,  de prélever une assurance auprès des  banques ce qui rapporterait près de 2 Milliards d’euros !  Mais, c’est une pure duperie pour épater la galerie car dans le même mouvement le sénateur, rapporteur du budget et son comparse Jean Arthuis, président de la commission des finances  proposent de supprimer la taxe sur les salaires pour tous les secteurs non soumis à la TVA : cadeau pour les banques 2 Milliards d’Euros. Une entourloupe !

Reste que le paiement de la garantie des banques par L’Etat peut osciller entre 2 à 12 milliards  par an qui seraient bienvenus dans le budget de l’Etat et qui devrait s’ajouter à une taxation renforcés de leurs profits !

Quand au gouvernement, il est en dessous de tout : il nous enfume en annonçant qu’il va faire payer aux établissements bancaires, leur contrôle. Cela va leur coûter 100 millions supplémentaires par an. En comparaison des milliards de profits et des milliards de recettes fiscales possibles et justifiée, c’est dérisoire ! Idem pour le projet de renforcement du fond de garantie des dépôts qui serait d’environ 200 Millions et qui découle des nouvelles règles mondiales et européennes… Décidemment le gouvernement est l’ami des banquiers.   Il est l’ami de la rente et non de l’activité et du travail !

L’alibi classiquement donné par le gouvernement est qu’il ne faut pas plomber les banques françaises. Ce n’est pas plomber les banques que de les pousser à ne pas spéculer et à investir dans l’activité réelle plutôt que dans ces nouveaux produits dérivés aussi dangereux que les anciens et souvent plus «  amoraux »   encore , comme par exemple ceux établis sur les assurances vie des personnes âgées malades !! Arrêtons aussi les arguments selon lesquels on ne peut encadrer les rémunérations car les meilleurs quitteraient nos banques.  Et bien bon vent. Les meilleurs ont-ils  été les Madoff et autres  traders qui ont provoqué les cataclysmes récents ? C’est la concurrence du vice et il faudrait s’y soumettre. C’est une absurdité. Les banques françaises bénéficient d’une image de solidité qui pour une large part vient de la garantie de l’Etat qui dans notre pays n’a jamais laissé le moindre dépôt risqué ! Non seulement cela a un prix mais cela tient à une certaine confiance entre les déposants et les établissements, entre la Pays et les Banques. L’argument tient d’autant moins que certains pays n’ont pas hésité de taxer ces profits  mirobolants, la Belgique l’a fait. Les suisses ont récupérer 5 fois plus d’argent que la France en remboursement des  aides octroyées à ses banques, et pour un même montant !
La gauche devrait se rassembler pour lancer une campagne d’envergure sur l’urgence de taxer les profits bancaires et pour proposer une stratégie  qui empêche le retour aux comportements dangereux et scandaleux de l’avant  crise. Nous ne devons absolument jamais  lâcher prise sur ce sujet majeur !
D’abord parce que se joue un bras de fer entre les Etats et les Banques et que si nous laissons faire, elles auront fait la preuve  que leur pouvoir est supérieur à la démocratie et aux  gouvernements et aux peuples. On voit bien qu’elles ont clairement l’intention de montrer qu’elles s’assoient purement et simplement sur l’indignation des opinions publics, sur les vœux pieux des  dirigeants politiques et qu’elles continueront  comme elles l’entendent et dans une cupidité et avidité qui se nourrissent de la prétendue  saine concurrence financière mondiale.
 En second lieu, parce que   même à droite, tous ne se résignent pas à  la complicité du gouvernement avec  le monde de la finance, à sa passivité devant les profits considérables, acquis grâce aux contribuables et à des pratiques douteuses,  tandis que de gros efforts sont demandés à nos concitoyens. On peut faire reculer le gouvernement.
 On peut dans cette affaire montrer la voie d’une alternative à la financiarisation de nos économie et consolider un front des producteurs, ceux qui vivent de leur travail, de leur création , de leurs talents et non de la rente, des placements financiers , de la spéculation !

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