18 JUIN 2010 : faire vivre l’esprit de résistance !

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Nous sommes tous marqués par l’histoire, la grande celle de la France et du Monde, la plus petite celle de sa famille, celle qui a marqué sa propre vie. Quand on est né à Belfort, souvent les deux se mêlent. Dés ma prime enfance, j’ai été bercée d’un amour immodéré pour la France et par une éducation où chacun devait s’impliquer pour défendre la mère patrie et l’idéal républicain.
Le 18 Juin n’était pas seulement une date apprise à l’école, elle résonnait dans la famille comme le rappel  d’un engagement quasiment immédiat de ma grand-mère et de mon oncle dans la résistance, dés 1940, de leur départ en camp de concentration après la dénonciation d’une de leur voisine. Fort heureusement, tous deux étaient revenus de Ravensbrück et D’Auschwitz. Ils ont pu me transmettre leur histoire mais aussi leur idéal.

Leur engagement dans la résistance n’était pas le fruit du hasard. Dans leur vie, Ils ne s’étaient jamais résignés et n’avaient accepté la moindre injustice, la moindre inhumanité. Ils n’imaginaient jamais qu’il n’y avait plus rien à faire ! Bref, ils  avaient  chevillé au corps l’idée de résistance. Et comme le disais ma grand-mère, il fallait  une bonne dose d’inconscience, pour ne pas faire un froid calcul entre l’appel de son devoir et l’examen  des chances « objectives » de voir triompher sa cause.


L’amour de la France n’a jamais été pour eux un chauvinisme étroit. Ma grand-mère me disais souvent qu’elle n’avait pas fait la guerre aux allemands mais aux Nazis ! Elle haïssait le racisme, fut il contre les allemands. Elle se méfiait de toute domination et n’imaginait pas  une paix durable avec un rapport de force, politique, économique  déséquilibré entre les deux plus grands pays de l’Europe. Mon oncle, Emile Géhant, maire de Belfort a jumelé  très tôt sa ville avec une ville allemande mais s’inquiétait des formes prises par la construction européenne. Leurs combats et leurs engagements mettaient toujours sur le même plan, la liberté et l’égalité, l’indépendance nationale et le progrès social.

Du coup, partisans des premiers jours du "de Gaulle de la Résistance et de la France Libre", ils ne seront pas gaullistes ensuite. Ils étaient de gauche. je me souviens ma grand –mère me disant en mai 68 : je peux crier «  De Gaulle démission », mais pas « à bas De Gaulle ! ». Tu comprends. Je comprenais et partageais.
En ce jour anniversaire du 18 juin et en ces temps troublés de crise, je ne peux m’empêcher de voir s’amonceler des nuages épais et des relents inquiétants qui, toutes proportions gardées, rappellent les années 30. 

N’attendons pas que la situation empire, que la pauvreté, la misère des couches populaires s’installent, que les esprits s’égarent, que la division de la gauche laisse le champ libre aux populismes et fascismes de tous poils, que les dirigeants n’aient ni le courage, ni la lucidité de résister aux idéologies dominantes et laissent faire.  Qu’ils laissent la mondialisation libérale et la financiarisation de l’économie triompher, les fondamentaux de notre modèle social et républicain se déliter, qu’ils laissent la désindustrialisation du pays et les inégalités s’accélérer, qu’ils ne portent plus l’espoir d’une société meilleure pour le plus grand nombre. On ne peut plus dire qu’on ne savait pas. On sait où tout cela peut nous mener. Alors n’attendons pas que l’irréparable soit commis et qu’il ne faille plus compter que sur l’héroïsme et le courage d’un petit nombre pour éviter le cauchemar absolu.. C’est ici et maintenant qu’il faut cultiver l’esprit de résistance et le triomphe de la volonté.

Ce regard sur ces exemples familiaux m’est toujours apparu, non comme une fierté, mais comme une exigence particulière qui s’imposait à moi. Celle  de ne pas défaillir, de tenter d’être à la hauteur, de ne pas céder aux facilités, de ne jamais laisser faire l’inacceptable. Et je dois dire que je suis toujours meurtrie quand je vois, hier comme aujourd’hui certaines élites du pays manquer de courage, d’esprit visionnaire, de grandeur, d’attachement aux valeurs de notre République, d’esprit de résistance  et d’indépendance! 
Toujours en citant ma grand-mère, qui constatait qu’au fond dans notre pays, ce n’était pas l’armée qui gagnait les guerre mais plutôt le peuple ( je conviens que l’analyse était un peu sommaire), je conclurai ces réflexions sur le 18 Juin, en appelant chacun et notre peuple à la résistance là ou trop souvent les élites sont défaillantes. Mais la résistance est d’abord une fidélité, sans coup férir, aux valeurs de notre république, à l’humanisme et à l’universalité des droits humains!

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