BCE une conversion en trompe l’oeil et en tout cas notoirement insuffisante.

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L’annonce du rachat « illimité » d’obligations de pays européens en difficultés qui vient tardivement sous la pression des événements va provoquer un certain répit aux mouvements spéculatifs. C’est important mais très loin des décisions d’interventions plus amples et plus structurelles qui permettraient une sortie durable de la crise monétaire actuelle.

Notons d’abord le point positif que constitue cette annonce en observant une certaine efficacité des déclaration du président de la BCE annonçant fin juillet qu’il ferait « tout ce qui est nécessaire pour préserver l’euro » et « Croyez moi, cela sera suffisant ». Les taux espagnols et italiens avaient alors un peu diminué.
Cela prouve que
– l’intervention de la BCE peut stopper la spéculation
– la fermeté de la banque centrale vaut mieux que la politique qui vise à « rassurer » les marchés. 
– que si la BCE était intervenu ainsi plus tôt, en 2010,20111,la situation n’aurait pas dérapé vers une situation dramatique comme c’est le cas en Grèce, au Portugal et en Espagne.

 Au delà de l’effet d’annonce, qu’en est il de la proposition effective?

Mario Draghi, président de la BCE confirmait le 6 septembre « La Banque centrale européenne a décidé de lancer un nouveau programme de rachat d’obligations dans le but de faire baisser les coûts de financement des Etats de la zone euro en difficulté ».

Le rachat des titres des dettes publiques des Etats européens en difficulté sur le marché secondaire n’est pas nouveau. En 2010 et 2011, la BCE avait lancé des programmes de rachat des titres des dettes  grecque, irlandais, portugais puis de ceux de l’Italie et de l’Espagne pour un total de 225 milliards d’euros.
Mais ce qui l’est cette fois procède de 3 décisions complémentaires:

– Le caractère « illimité » des interventions de la BCE  afin de dissuader les spéculateurs.

– L’intervention ne concernera que « les obligations d’Etat de 2 à 3 ans ». Cela signifie que les États en difficultés devront très vite se refinancer. Ce qui va les mettre sous pression et ne règle pas structurellement la façon dont doivent être gérées les dettes des États membre et leurs emprunts.

– la BCE mettra en œuvre son  programmes de rachat au profit d’un Etat européen uniquement si cet Etat fait appel au Fonds européen de stabilité financière (FESF) ou au Mécanisme européen de stabilité (MES). L’intervention de la BCE est donc maintenant soumises aux  « strictes conditionnalités » que le FESF ou le MES imposeront, ce qui n’était pas le cas lors des précédentes interventions de la BCE en 2010 et 2011.

Pour que l’Espagne et l’Italie obtiennent une intervention de la BCE, ils devront accepter de nouveaux plans d’austérité.
La logique austéritaire de Mme Merkel est désormais portée et imposée par la BCE, alors même qu’elle induit ne spirale de récession très inquiétante et d’augmentation du poids de la dette.
Alors il n’est exacte de dire que la décision récente de la BCE de rachat des dettes est un « décès définitif du Merkozy ». Hélas la même logique continue.

Toutefois, il faut prendre appui sur cette première évolution de la BCE pour qu’elle rachète directement et sans condition les titres des dettes publiques des Etats européens. C’est d’ailleurs ce que pratiquent pour les dettes de leur propre Etat toutes les autres banques centrales, que ce soit la Réserve fédérale des Etats-Unis, la Banque du Japon ou la Banque d’Angleterre.

C’est un des points ou le président Hollande devrait immédiatement demander d’introduire dans le traité!

Ceux qui imaginent que les choix du président de la BCE Mario Draghi manifestent un désaccord avec Mme Merkel font fausse route.
En réalité cette décision est conforme aux attentes de la chancelière allemande.
La contrainte budgétaire est maintenue. Le rachat de certaines dettes diffère dans le temps les risques éventuels de l’éclatement de la Zone euro. Or si l’Allemagne peut accepter le départ des grecs de l’Euro, la situation de l’Espagne ou de l’Italie n’a rien de comparable. Imaginons que la lire, la peseta voire le franc se reconstituent avec une dévaluation par rapport au mark, cela pénaliserait les exportations allemandes dont 40% se fait au sein de cette zone Euro.
Enfin, il permet de ne pas augmenter les crédits du FESF ou MES, mécanismes de solidarité, en y substituant l’intervention de la banque centrale. Or avant la prochaine élection législative allemande à l’automne 2013, Mme Merkel redoute une nouvelle confrontation avec ses alliés et adversaires sur l’éventuel accroissement de ces fonds. L’éclatement de l’actuelle coalition majoritaire enAllemagne pourrait voler en éclat, fragilisant la CDU pour les prochaines échéances.

Ce que prouve cette décision récente de la BCE, est que l’un des enjeux majeur de la sortie de la crise monétaire actuelle est bel et bien la question du rôle, des missions et le forme d’intervention de cette banque! Elle permet de réouvrir le débat pour une renégociation du TSCG afin d’y traiter de ce sujet.
Mais en aucune façon, on ne peut se satisfaire d’une politique qui va accroître la pression en faveur de l’austérité et partout les risques de récession.
C’est pourquoi il ne faut pas ratifier le texte en l’état et maintenant et se garder de déclaration lénifiante sur le changement réel que manifesterait cette attitude de sauvetage limite guidée par le événements.

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