Article de l’Humanité : « Ne jouons pas la carte de la tension entre deux gauches »

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L'Humanité.svgLa sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann, membre du club Gauche Avenir, attend des assies du 16 juin une concrétisation des débats à gauche.

N’est-ce pas paradoxal 
que ce soit 
au moment 
où la gauche est au pouvoir qu’elle se 
pose le plus de questions 
sur ce qu’elle doit être 
ou faire ?

Marie-Noëlle Lienemann. Je le regrette, car j’estimais qu’il fallait, quand nous étions dans l’opposition, travailler aux convergences politiques et programmatiques de manière à ce que la gauche arrive au pouvoir rassemblée et avec une haute ambition transformatrice, avec la capacité de mobiliser les couches populaires, en particulier autour d’une nouvelle conception de l’avenir, et de sortir ainsi de la crise avec un nouveau modèle de développement. Confronté à l’exercice du pouvoir, dire non ne suffit pas, il est urgent pour la gauche de voir loin et d’agir vite.

La gauche au pouvoir déçoit-elle ?

Marie-Noëlle Lienemann. Ce n’est pas l’enthousiasme. Elle fait face à une crise très dure et un bilan laissé par dix ans de gouvernement de droite pesant, et qu’il faut surmonter. La crainte de la spirale rigueur-récession est forte dans l’opinion, tout comme celle de voir des reculs sociaux s’installer. Nous avons des désaccords, à la gauche du PS, en commun souvent avec le Front de gauche et les écologistes, sur le traité budgétaire européen, le crédit d’impôt pour la compétitivité ou la flexibilisation du travail. Tous ceux qui sont dans le club Gauche Avenir estiment cependant qu’il ne faut pas entretenir une rancœur sur ce qui n’a pas été réussi mais qu’il vaut mieux se projeter dans l’avenir, pour savoir comment réussir un nouveau cap, qui se prendra de toute façon avec François Hollande comme président de la République.

Sur quoi insisterez-vous, dimanche à Montreuil, 
lors du débat en séance plénière auquel vous 
êtes conviée ?

Marie-Noëlle Lienemann. Sur la nécessité qu’après la phase de débat, utile entre nous, il va falloir concrétiser. Deuxièmement, sur l’importance de ne pas jouer la carte de la tension entre deux gauches, il n’y a qu’une gauche, avec des gradients, des nuances, mais si un nouveau Front populaire ne se met pas en œuvre, l’extrême droite apparaîtra comme l’alternative à la crise européenne que nous vivons. Les convergences entre nous sont là, je songe par exemple à la réforme fiscale indispensable qui conditionne la qualité des services publics et la relance par l’investissement, la réindustrialisation dans le cadre d’une transition écologique et d’une économie sobre en matières premières.

Entretien réalisé par Lionel Venturini

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