Les militants socialistes veulent se faire entendre et demandent une réorientation rapide de l’Europe

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Vous trouverez ci-dessous une analyse politique du scrutin du 6 juin dernier s’agissant du vote des militants socialistes sur la Convention Europe et du succès des amendements défendus avec Maintenant la gauche.

Convention Europe : pour sortir par le haut !

L’enjeu de la convention

La Convention Europe s’inscrit dans ce contexte particulier : à moins d’un an des élections européennes, et au moment où le gouvernement entend défendre des positions « offensives » face aux conservateurs majoritaires au niveau de l’Union Européenne, le PS se doit d’être en première ligne pour contester les politiques d’austérité qui plongent notre continent dans le chômage et la précarité. En effet, nous ne devons pas abandonner le combat internationaliste au nom des critères de convergences, de l’absurde règle des 3% et de l’intégration au forceps au « marché unique » et dérégulé. L’Europe sociale ne doit plus être un slogan, mais un programme politique.

Au moment où le président de la République annonce de nouvelles initiatives pour réorienter la construction européenne, c’était une nécessité démocratique de demander aux militants socialistes leur avis sur ce sujet décisif pour la vie quotidienne des Français.

Des conditions de débat peu favorables

Si la participation au vote sur le texte de la convention fut moyenne, il faut saluer les camarades qui se sont déplacés pour néanmoins défendre leurs convictions : les conditions du débat étaient en effet loin d’être optimales.

Comme nous l’avons vigoureusement dénoncé, il nous a été interdit de déposer un texte alternatif à celui de la direction nationale. Pour faire entendre notre voix, nous avons cependant déposé quatre amendements : deux signés par les animateurs de « Maintenant La Gauche », deux déposés en commun avec les camarades d’ « Un Monde d’Avance ».  Celles et ceux qui se reconnaissaient dans nos idées n’avaient pas d’autre choix… que de voter pour le texte de la direction… pour pouvoir l’amender ensuite !

Pas moins de 13 amendements étaient soumis aux adhérents : certains, de pure forme ou ne posant aucun problème de fond entre socialistes, avaient pour seule fonction de « noyer » les nôtres dans la masse.  Bref, plutôt qu’un débat clair et simple, le premier secrétaire a préféré compliquer la discussion au risque de démobiliser les socialistes.

Conscients de la forte attente d’un changement rapide d’orientations de l’Union Européenne et d’une volonté manifeste des militants socialistes relayant l’avis d’une grande majorité des français de voir s’engager une alternative à l’austérité, à la concurrence et aux libre échange généralisés; la direction actuelle du PS, embarrassée, à cru pouvoir éviter ou contourner une réalité politique qui s’impose toujours in fine à chaque échéance électorale et ce de plus en plus nettement. Cela fut un mauvais calcul, qui plus est dangereux.

Un résultat incontestable

Cela n’a pas empêché les militants de se prononcer en toute liberté. Et le résultat est sans appel.

Tous nos amendements ont recueilli davantage de votes « pour » que de votes « contre ». En toute logique démocratique, nos amendements, recueillant entre 60 et 73% des suffrages exprimés, devaient être considérés comme adoptés.

Une créativité bureaucratique sans limites….

C’était sans compter la créativité bureaucratique de certains responsables de la direction! Additionnant les votes « contre », « abstention », « blancs » et « nuls », mais aussi les votes des militants ayant approuvé le texte sans se prononcer sur les amendements, le secrétaire national aux fédérations en conclut donc au rejet… des 13 amendements soumis aux militants! Ce mode de calcul aussi inédit que farfelu aboutit à un résultat politiquement absurde. Ainsi, l’amendement relatif aux droits des femmes n’est pas adopté, ne recueillant, selon la direction nationale, qu’un peu plus de…. 20% !

Nous avons évidemment contesté cette « nouvelle règle du jeu » (décidé par qui ? quand ? justifiée comment ?), suivi en cela par des dizaines de fédérations et des milliers de militants sincères qui  savent qu’on ne solde pas des problèmes politiques par de grotesques réponses bureaucratiques.

Et la politique dans tout cela ?

Car la polémique actuelle ne doit pas nous faire oublier l’essentiel. En votant pour la suspension du pacte de stabilité budgétaire, en plébiscitant l’idée d’une initiative en faveur d’une nouvelle politique monétaire au niveau de l’Union, en refusant fermement le traité transatlantique entre l’Europe et les Etats-Unis, les militants socialistes ont clairement indiqué l’objectif qu’ils assignaient au Parti.

Que souhaitent-ils ? Simplement et objectivement que le PS porte haut et fort, auprès de ses partenaires socialistes et sociaux-démocrates européens, une orientation plus offensive face aux conservateurs et aux libéraux européens. Car le PS français est le seul de ces partis au pouvoir, sans coalition avec les conservateurs. Aussi, il est attendu et doit se faire entendre en rappelant que l’élection de François Hollande a été acquise aussi et beaucoup sur son engagement à réorienter l’Union Européenne

Ils veulent surtout que les socialistes ne se contentent pas de belles paroles. Condamner l’austérité imposée par la droite européenne, refuser le dumping fiscal et social qui organise la concurrence entre les salariés de l’Union, regretter l’euro surévalué qui affaiblit nos entreprises à l’exportation, c’est nécessaire. Mais passer aux actes, c’est mieux. D’où nos propositions en faveur d’une feuille de route claire, de mots d’ordre précis, d’une véritable stratégie européenne et socialiste de sortie de crise susceptibles d’être repris par le parti dans les mois à venir.

C’est le sens du vote en faveur des amendements que nous avons déposés qui, sans dénaturer le texte adopté par les militants, énumèrent un certain nombre d’exigences concrètes.

Oui, des exigences, ou si l’on préfère des conditions, parce qu’on ne construit pas un rapport de forces sans poser clairement ce qui, pour nous, relève de l’essentiel.

La convention de dimanche doit prendre acte de la réalité , les amendements que “maintenant la gauche” a présenté doivent être pris en compte sur le fond, le texte doit être amendé en tenant compte de ce signal des militants socialistes.

A l’heure où nous écrivons ces lignes et sur 93% des bulletins dépouillés non encore validés:

– l’amendement 4 sur la suspension du pacte de stabilité recueillerait 68,9% de votes pour (18 899 voix) et 31,1% contre (8 549 voix)

l’amendement 8 sur le changement de la politique de change recueillerait 73,1% de votes pour (20 589 voix) et 26,9 % contre (7 589 voix)

– l’amendement 10 sur le refus du traité transatlantique recueillerait 70,7 % de votes pour (19 682 voix) et 29,3% contre (8 162 voix)

– l’amendement 13 appelant à passer des paroles aux actes pour le sursaut en Europe recueillerait 66,7% de votes pour (17 888) et 33,3% de votes contre (8 912 voix)

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