Les travaux forcés «new-look» – mais une vieille exploitation – sont relancés en Grande Bretagne.

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Ça faisait longtemps qu’il en parlait, hélas cela se concrétise. Le gouvernement  conservateur  britannique va forcer les chômeurs après plus de deux ans à effectuer 30 heures de travaux d’intérêt général sinon ils ne toucheront pas leurs allocations.
Faute de relancer l’économie outre-Manche  comme  sur notre continent, le même « bourrage de crâne », la même pression sur les plus faibles fait office de politique «  populaire ».
Les boucs émissaires, viennent, reviennent, changent et servent de cible toute trouvée à des maux dont les causes sont à trouver  au cœur d’un système dont la logique vise à renforcer les plus forts et fragiliser les plus faibles, à soutenir l’accumulation des richesses entre les mains d’une minorité et à valoriser  sans cesse davantage le capital au détriment du travail.
Et l’idéologie alliée à un moralisme hypocrite sert de prétexte et de leurre pour laisser perdurer une mécanique qui broie et défavorise un nombre croissant de citoyens.
Premier dogme, on ne peut plus garantir un niveau social comparable à celui qui prévalait jusqu’alors.
Deuxième dogme, ce sont les classes moyennes (non définies) qui sont le plus menacées.
Troisième dogme, la menace ne vient pas des plus riches du capital et de la finance transnationale mais des plus faibles et de l’Etat.
Quatrième dogme : les plus fragiles, les chômeurs aiment l’oisiveté, mère de tous les vices et se complaisent dans l’assistanat (tandis que les rentiers eux sont bien évidemment des preneurs de risques, donc dynamiques !). Il est donc moral de les amener à un sursaut : d’une part parce qu’ils coûtent trop chers, d’autre part parce qu’ils reconquerront leur dignité par le travail. Même forcé.
C’est bien connu le travail rend libre…
On connait ce genre de raisonnement, qui en France est tenu par la droite « sociale ». C’est dire ce que serait une droite non sociale.
En Grande Bretagne, il y a 200.000 chômeurs de plus de 2 ans sur un total  de plus d’un million et demi soit 15% des chômeurs !  Avant de s’en prendre à la frange de la population la plus en difficulté pour réduire le chômage, ne vaut- il pas mieux s’occuper d’abord d’offrir des emplois à ceux qui veulent travailler ? Ne vaut-il pas mieux travailler à la réinsertion et au retour dans le monde professionnel de ceux qui sont le plus éloignés de l’emploi plutôt que de les sanctionner brutalement en les contraignant, quitte à humilier et dévaloriser des gens déjà en difficulté… Pour quelle réussite au bout du compte ? Pour quelles économies de bouts de chandelles, surtout quand seront calculés le prix de l’accompagnement de ces « travaux d’intérêt général ».
Personne n’est pour l’assistanat qui installe les personnes dans la dépendance et dans une absence de réactivité. Mais sans aide, sans assistance, comment celui qui est en fragilité peut-il retrouver son autonomie et reprendre confiance en lui ? L’aide doit être stimulante, favoriser le rebond, pousser à « s’en sortir » mais pas par la contrainte vitale et la sanction qui accroit les problèmes au lieu de les résoudre.
Il est fort à craindre qu’on voit encore s’aggraver une situation déjà fortement répandue en Grande Bretagne où les chômeurs non recensés et non déclarés sont pléthores car ils n’ont plus aucun droits. Les statistiques sont meilleures, la situation sociale est pire non seulement pour ces chômeurs mais pour leurs enfants et l’avenir d’une nation.
Le dispositif a été présenté par le chancelier de l’Echiquier : les chômeurs de longue durée devront effectuer 30 heures de travaux d’intérêt général hebdomadaires (ramasser les poubelles dans les rues, cuisiner pour les personnes âgées ou travailler dans une organisation caritative…), pour garantir leur indemnité ou bien se rendre tous les jours dans leur agence pour l’emploi. L’encadrement social va bon train puisque les chômeurs qui souffrent d’alcoolisme comme ceux qui sont illettrés devront suivre des stages obligatoires supervisés par des agences. Tous les médecins du monde spécialisés dans les addictions  disent que ce n’est pas avec ce genre de méthode qu’on peut soigner l’alcoolisme !
Les punitions sont progressives, une première infraction fait perdre quatre semaines d’indemnités et la seconde trois mois.

M. Osborne nous ressort cette hypocrite sentence de la nécessité des contreparties pour toucher des indemnités. Alors qu’il s’agit de cotisations versées quand on est en activité et une mutualisation des risques devant le chômage. Il affirme  «Pour la première fois, tous les chômeurs de longue durée qui sont capables de travailler devront faire quelque chose en échange de leurs allocations et afin qu’on les aide à trouver un emploi».
Je ne peux m’empêcher de penser à cette phrase d’Olof Palme, une des figure historique du parti social-démocrate suédois : «  la société doit être douce pour les faibles et exigeante pour les forts ».
C’était avant la grande vague libérale au temps où la social-démocratie n’avait pas honte d’être sociale et de défendre le peuple, tout le peuple.
Pourtant nos pays sont plus riches aujourd’hui, pourtant chacun voit bien que ce genre de régression ne règlera aucun des problèmes économiques du pays et n’est en rien à l’échelle des enjeux.
Mais ce qui est en cause est plus large, plus grave, plus structurel pour les dominants. Discréditer l’idée que l’humanisme est au-dessus des impératifs économiques, diviser le corps social pour disloquer les protections collectives au profit de  la défense  individuelle et de l’assurance personnelle, affaiblir les droits sociaux et réduire la voilure de l’Etat pour mieux accroitre le rendement du capital.

Le pire est qu’à mesure que  le système gangrène ainsi la société, les résistances s’étiolent, la peur de l’autre s’accroit, le rejet s’installe. Diviser pour régner. Et les régnants  se renforcent. C’est cela qu’on peut qualifier de droitisation de la société.
Mais si elle a lieu c’est qu’en face la gauche lâche  prise.

Ce sont dans ces moments-là qu’il faut en appeler aux consciences et à la raison.

Alors indignons-nous, ne laissons pas faire !

Ce sont dans ces moments-là, qu’il faut redonner à la politique d’autres horizons que la gestion au jour le jour d’un système destructeur qui nous conduit dans le mur et qu’il faut oser engager des changements de priorités et de logique.
Quand je vois partout en Europe, en Grande-Bretagne mais aussi ailleurs, l’impuissance des partis socialistes, sociaux-démocrates et plus généralement la Gauche incapables de conjurer ces dérives et s’enliser dans une complaisance coupable avec des politiques anti sociales ou demeurer dans une impuissance contestatrice sans capacité à rassembler, je me dis que la France et précisément la Gauche française devrait se hisser à la hauteur de l’Histoire et  proposer une voie alternative.
Tel n’est pas le cas, en tout cas pas encore le cas.
job_centrePlus j’y réfléchis,  plus je pense qu’il faut œuvrer – et vite – à la constitution d’un pacte législatif offensif entre toutes les forces de Gauche qui ont fait la victoire de François Hollande pour une nouvelle étape du quinquennat.

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