Un mi-mandat sanction

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Barack-Obama-Stunning-DeclineL’ampleur de la défaite des démocrates  américains à la mi-temps du second mandat de Barack Obama surprend les nombreux commentateurs qui passent leur temps à décrier la France et jugent toujours l’herbe plus verte ailleurs. Les Libéraux de tous poils louent tantôt l’Allemagne qui aurait trouver la pierre philosophale d’une économie prospère (même si c’est au détriment des autres qui pourtant semblent fascinés par son modèle et sa puissance au demeurant très relative), le Royaume-Uni dont la croissance repart moins sous l’effet de son libéralisme débridé que d’une politique monétaire accommodante et d’une reprise de l’endettement des ménages, mais aussi les États-Unis qui sortiraient de la crise avec une croissance de 1,9% en 2013 et prévue autour de 2,8% pour 2014.

Alors  avec de si «bons résultats» comment expliquer que le président en place voit son camp à ce point contesté ? La réponse est pourtant assez simple. Les statistiques globales du PIB ne disent rien du vécu des citoyens et de l’état d’une société. En particulier, elles éludent complètement la question centrale: A qui profite une éventuelle reprise ? Les inégalités, la pauvreté, les difficultés à vivre ne s’accroissent-elles pas pour le plus grand nombre ? Car n’en déplaisent à tous ces froids contempteurs de l’économie qui déversent leurs dogmes libéraux, les peuples ne croient plus à leur discours. Car, eux, sont confrontés au réel et le réel ne s’améliore pas.

La crise et les politiques menées aux USA (comme ailleurs) ont accru la paupérisation des couches inférieures de la société américaine, où l’on trouve une sur-représentation des hispaniques et afro-américains. Le pouvoir d’achat des couches moyennes a au mieux stagné et bien souvent s’est érodé, tandis que les grands bénéficiaires ont été top ten des américains des plus riches dont les revenus bénéficient des détentions d’actifs financiers (action ou capital-argent) ou immobiliers, des cessions d’actifs, de la propriété directe des entreprises (revenu mixte) ou des revenus inhérents à la détention d’activités privilégiées (super-cadres).

part-was-was8877920-1-1-0Alors comment s’étonner du résultat électoral de Barack Obama ? A l’évidence ceux qui ont fait ses victoires à la Maison Blanche n’ont pas réellement bénéficier de sa politique (même le nouveau  Medicare a eu des ratés au démarrage). Ils ne voient pas des raisons d’espérer dans l’avenir car la spirale inégalitaire et précarisante se poursuit inexorablement. Une large part de son électorat ne vient plus voter. D’autres, déçus, se laissent séduire par les sirènes républicaines qui entretiennent une nostalgie du passé et de l’Amérique blanche.

Il y a bien sûr d’autres raisons. Mais celles- là sont décisives.

On voit les communicants expliquer que le manque de charisme, d’autorité d’Obama expliquerait la sanction. La manœuvre de diversion est un peu grosse et répond sans doute à l’argumentation que souhaite privilégier ces puissants financeurs des campagnes électorales aux USA, qui ont bien profité de la période et ne veulent pas que cela change. S’en prendre à la stature de l’homme évite de remettre en cause le système dominant et ses graves conséquences humaines et environnementales.

L’Amérique n’est pas la France et toute comparaison est à manier avec des pincettes.

S’il est vrai qu’en l’absence de résultats économiques tangibles, une défaite est à l’évidence prévisible. Pour autant, une reprise ne suffira pas à inverser la donne politique si elle ne bénéficie pas aux salariés, aux français moyens et modestes et si l’avenir ne trace pas un projet fédérateur qui redonne sens à notre projet Républicain et à l’ambition d’égalité.

D’ailleurs, même en Allemagne que tous vantaient pour sa bonne santé économique et bien avant la chute actuelle de la croissance, la coalition sortante autour de Mme Merkel n’avait pas recueilli le vote d’une majorité d’électeurs !

La seconde leçon à retenir est que sans la mobilisation de son électorat aucun candidat ne peut prétendre élargir ses soutiens et gagner.

Or force est de constater qu’à provoquer sans cesse la gauche, à rester sourds aux attentes populaires, syndicales, écologistes et même d’une très large partie des socialistes, l’actuel gouvernement et le président se placent dans une stratégie économique au mieux aléatoire mais une stratégie politique ultra dangereuse.

A mi-mandat, contrairement à ce que l’on entend en permanence, le pire ne serait pas de changer de politique mais bel et bien de la poursuivre.

François Hollande aura-t-il le courage de sortir de l’impasse dans laquelle il s’est engagé ?

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