La politique de la Grèce ne se fait pas à la Corbeille !

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Tsipras-serment-1280Le général de Gaulle, interrogé sur la baisse de la bourse de Paris, qui semblait déjà inquiéter certains commentateurs, avait répondu avec le ton péremptoire qu’on lui connait : « La politique de la France ne se fait pas à la corbeille. »

Je pense qu’Alexis Tsipras et son gouvernement doivent faire la même analyse. Et ils ont raison.

La bourse grecque a baissé de plus de 9%. On parle d’un krach.

Mais, il y a quelques jours, c’est la bourse helvétique qui connaissait un plongeon important et aujourd’hui même, des instituts pronostiquent la récession pour la Suisse.

Alors, rien ne va plus dans le monde heureux de la globalisation libérale !

De toute façon, il ne faut pas s’étonner que les marchés  menacent de « sanctions » les Etats qui refusent leurs diktats et défendent les banques, les bénéficiaires de ces politiques qui ont mis à genou le peuple grec. Ils ne supportent pas la réversibilité des politiques qui consacrent leur hégémonie et leurs profits. Ils ne supportent pas que des élus mettent en œuvre le programme qu’ils ont annoncé tant pour eux la démocratie n’est qu’un jeu. Il est impossible de mener une autre politique que celle qui tend à prévaloir partout…

En tout cas, les premières annonces du gouvernement sont plutôt rassurantes : arrêt de la privatisation de la société gestionnaire du port du Pirée et l’ouverture du capital de la société d’électricité (au passage, cela devrait faire réfléchir le gouvernement français qui privatise des aéroports et ouvre le capital des sociétés d’armements en particulier dans la loi Macron), revalorisation des petites retraites, hausse du SMIC, etc.

Evidemment, la chute de la bourse d’Athènes a été significative avec surtout un plongeon de 30% des actions des banques. Mais rappelons-le ce sont les banques qui ont été les très grandes bénéficiaires de ce qu’on a improprement l’aide européenne à la Grèce. Car souvenons-nous que les grecs n’ont quasiment pas vu la couleur de ces sommes et, au contraire, ils ont subi les catastrophiques « réformes structurelles ». D’ailleurs, les propos de Sigmar Gabriel, vice-chancelier social-démocrate allemand, ne sont pas exacts, lorsqu’il déclare qu’il faut que soit respecté un principe de justice à l’égard de notre population,  des gens en Allemagne et en Europe, qui se sont montrés solidaires des Grecs. Chacun sait que l’essentiel a été consacré à sauver les banques et les créanciers de la Grèce, en particulier les banques européennes. On remarquera que ces propos sont rarement entendus en France, où pourtant le pays a participé comme l’Allemagne aux financements versés en Grèce.

Tous ces dirigeants européens passent leur temps à parler de réalisme et telles les autruches se mettent la tête sous le sable devant des évidences. Une large partie des dettes grecques et une part des dettes européennes ne pourront pas être remboursées ; aussi pourquoi faire semblant ? Le jeu de dupe, visant à dire qu’en acceptant le non remboursement, cela fera tache d’huile, est en fait reculer pour mieux sauter. Jamais aucun pays n’a pu résorber un niveau de dettes si élevé et plus on tarde, plus on impose l’austérité, plus la dette augmente.

D’ailleurs, dans le Financial Times de mardi, l’ancien directeur Europe du FMI, qui a suivi toutes ces années la troïka, estime qu’il faudrait effacer la moitié de la dette grecque et juge que la zone euro doit surmonter ses tabous sur l’effacement de la dette.

En tout cas, l’essentiel pour la Grèce, comme pour l’ensemble de L’UE, est que l’activité reprenne, que la croissance soit soutenue. Or les politiques européennes, les politiques d’austérité, ont un effet récessif. Il faut en changer et la France doit réagir vite, créer un rapport de force avec Madame Merkel.

Il y a au moins deux raison pour que le président de la République reprenne l’initiative :

  • François Hollande a été élu en s’engageant à réorienter la construction européenne et même à ne pas ratifier le traité Merkozy. Cela n’a pas été fait à son élection. L’arrivée de Syriza ouvre une nouvelle opportunité. Il ne doit plus se dérober.
  • Mais la seconde raison est très importante, le poids particulier de la France qui est contributeur net dans le budget de l’Union doit lui permettre de mettre sur la table des questions d’intérêt général et de savoir dire non. Le moment est venu.

Il faut non seulement agir au sein des instances européennes pour accompagner la Grèce dans son renouveau et ensuite il faut annoncer que notre pays suspend la mise en œuvre du pacte de stabilité et propose à ses partenaires une feuille de route de sortie de crise avec un cap : la croissance et l’emploi d’abord.

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