27 février 1953 – 27 février 2015 : deux poids, deux mesures ?

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schauble_varoufakisIl est assez ironique de constater la coïncidence des dates. 62 ans jour pour jour après l’accord sur la restructuration de la dette allemande, les parlementaires allemands viennent de valider la prolongation de l’aide à la Grèce. Ils valident également des exigences contestables.

En d’autres temps, lorsque l’Allemagne a eu besoin de se reconstruire, d’autres pays, comme la France et la Grèce, ont accepté la restructuration de sa dette. On ne peut pas oublier lorsqu’on est puissant ce que l’on a obtenu lorsque l’on était faible, et ce que d’autres pays ont consenti comme efforts pour vous aider (cf. le communiqué de presse que j’ai envoyé avec le collectif Sauvons l’Europe).

On est également frappé de voir qu’en Allemagne le parlement est amené à se prononcer sur ces questions, alors qu’en France tout se négocie en autre nom sans la nécessaire ratification parlementaire, ce qui au passage affaiblit nos capacités à faire entendre nos arguments puisqu’en permanence Madame Angela Merkel agite l’épée de Damoclès du refus parlementaire allemand, quand, en face, les Français finissent toujours par expliquer qu’il est nécessaire de faire de compromis sur les bases de la Chancelière pour ne pas gêner les Allemands.

Nous avions souligné cette inexplicable dysmétrie en déposant un texte alternatif, allant dans le sens d’une consultation formelle des parlements nationaux, lors de la convention Europe de juin 2013, refusé par la direction du PS : « Le rôle de co-législateur du Parlement européen doit être étendu à tous les domaines, la règle de l’unanimité au Conseil des ministres abolie. Les Parlements nationaux doivent être pleinement associés aux décisions budgétaires majeures, telles que les programmes de stabilité et les programmes de réforme. »

Le parlement français ne saurait rester les bras ballant devant le rapport de force créé par Madame Merkel pour affaiblir Syriza et le nouveau gouvernement grec, car ce n’est ni notre conception de la démocratie (quand un peuple vote cela ne peut pas être « tout continue comme avant »), ni celle de l’Europe : la solidarité doit toujours être supérieure aux autres exigences. Enfin, c’est l’intérêt de la France car notre pays a besoin d’une réorientation profonde des politiques communautaires pour rompre avec l’austérité et pousser une véritable relance concertée.

Un exemple frappant : si on continue à interdire la hausse des salaires minimum dans les pays du sud, on va à rebours de l’exigence de convergence des SMIC vers le haut, pourtant indispensable à la solidarité des peuples européens et à l’augmentation de la demande intérieure européenne.

On observera que les salaires espagnols ont dans certains secteurs industriels baissé jusqu’à 30%, accélérant un dumping social inacceptable au détriment de la France, alors même que notre pays est un contributeur net au budget communautaires, qui porte les aides au pays du sud. Toutes les mesures dites « réduction du coût du travail » s’avèrent d’autant plus vaines que nous laissons passer ce genre de mesures destructrices.

Je demande que les groupes parlementaires socialistes prennent l’initiative d’une résolution approuvant l’allongement de l’aide à la Grèce mais exigeant l’établissement d’une nouvelle feuille de route de sortie de crise en Europe, qui rompe avec l’austérité définissant des objectifs de convergences sociales vers le haut et un plan d’investissements quatre fois supérieur à celui présenté par Monsieur Jean-Claude Juncker et financé par des impôts européens, tel la Taxe sur les Transactions Financières et une taxe sur la pollution ou encore d’urgentes et concrètes mesures pour combattre l’évasion fiscale.

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