Lettre aux militants socialistes et appel à voter au Congrès du PS pour la motion «A Gauche pour Gagner»

Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin

CN_11-04-2015

copyright Mathieu Delmestre

Tout est fait pour faire croire que le Congrès de Poitiers serait déjà fini et sonnerait inéluctablement la victoire de la motion Cambadélis-Valls. C’est faire sans le libre arbitre des militants. C’est tellement conforme aux discours ambiants qui affaiblissent la démocratie : il n’y a pas d’autres politiques, on ne peut pas changer… Ou si peu. C’est si loin de nos attentes et des besoins de notre peuple. Fidèles à nos convictions et à nos engagements pour réorienter la politique du gouvernement et rassembler la gauche, nous faisons des propositions réalistes, nous présentons un calendrier de réformes, fondées sur nos promesses de campagne, permettant de relancer l’activité, l’emploi et notre tissu productif, assurant une amélioration du pouvoir d’achat et des conditions de vie des Français les plus modestes ou des couches moyennes, et rendant possible à nouveau le rassemblement de la gauche et des écologistes. Nous voulons résolument engager notre parti vers l’éco-socialisme, qui ne se contente pas de repeindre en vert notre discours mais redonne sens à nos valeurs républicaines et de justice sociale en promouvant un nouveau mode de développement. Dans les faits, pas dans les paroles, avec les militants, pas en les oubliant quand il faut décider vraiment !

La motion signée par J.-C. Cambadélis et Manuel Valls s’appelle « Renouveau socialiste ». Renouveau, vous avez dit renouveau…

Qui peut croire que « le renouveau » peut être porté par une motion signée par l’ensemble du gouvernement, une majorité des parlementaires et la direction sortante, c’est-à-dire celles et ceux qui nous ont conduit dans une forme d’impasse et, en tout cas, un affaiblissement et des difficultés majeures ?

Laïques nous ne croyons guère à l’intervention de l’esprit saint qui provoquerait une conversion subite. Les défaites répétitives devaient normalement  amener à  des remises en question et même des remises en cause. Car les raisons ne sont pas seulement des mouvements d’humeur de nos électeurs mais bel et bien un décrochage sérieux qui s’ajoutent à des conditions politiques de divisions profondes de la gauche qui se sont approfondies et accélérées depuis presque 2 ans.

Mais les récentes déclarations présidentielles et gouvernementales sur le ton du « pas de changement de cap » et l’annonce de mesures dites favorables aux investissements et à l’égalité sont de portée si limitée démontrent qu’il n’y aura pas de conséquences tangibles sur la croissance à court et moyen terme, ni sur l’emploi et moins encore sur les conditions de vie de nos concitoyens.

Bref, l’exécutif n’a pas pris la mesure des réorientations, des inflexions majeures qu’imposait la situation tant de la France et des Français que celle de la gauche et du PS. D’ailleurs, le ministre des finances fait ce constat, puisque Michel Sapin annonce une croissance de 1% cette année et pas de réduction du chômage avant 2016. Cet objectif semble être comme l’horizon qui recule à mesure qu’on avance.

Au-delà des actes, les déclarations et les positions gouvernementales demeurent très éloignées des idéaux et des attentes du peuple de gauche et incarnent une vision néolibérale sans complexe. De ce point de vue, la déclaration d’Emmanuel Macron à la Hertie School de Berlin le 31 mars est hélas très révélatrice : « le fait que la France soit l’un des pays qui protègent le plus ses travailleurs est l’une des explications de son taux de chômage à 10%. »

Les socialistes ne sauraient être dupes et valider au congrès des positions en apparence séduisantes, renouant avec certaines promesses de campagne et qui n’ont pas le moindre début de commencement dans l’agenda gouvernemental, quand ce n’est pas le contraire qui a été décidé, s’applique ou va s’appliquer, ou même se prépare.

Notre parti ne saurait renouer avec les pires moments de la SFIO et son double langage, avec le refuge dans le débat idéologique et des valeurs pour occulter les choix politiques, l’action concrète. Parce que nous sommes réformistes, nous savons que l’on ne peut séparer la fin des moyens et que nos valeurs ne peuvent convaincre et rassembler que si nos décisions amènent à les concrétiser, à les faire avancer dans le réel.

Il faut un congrès de vérité et ne pas tomber dans ce travers qui fait si mal à notre démocratie « les promesses n’engagent que ceux qui y croient » ou encore « il faut faire des promesses pour être élu et faire autrement ensuite ».

C’est à gauche que nous avons gagné en 2012, c’est à gauche que nous pouvons gagner en 2017 (et remonter la situation d’ici les régionales).

Mais c’est ici et maintenant que tout se joue, car sans avancées tangibles pour nos compatriotes et singulièrement les plus modestes et les classes moyennes (réellement moyennes et pas supérieures prétendant être moyennes) sans une amélioration effective (et pas seulement à travers des indices macro-économiques ou statistiques pondérés qui ne disent rien du vécu de bon nombre de personnes) de l’emploi et de l’activité du pays, nous ne serons pas crus, toutes nos perspectives d’avenir seront inaudibles. On ne gagne pas sur un bilan, mais on peut perdre à cause d’un bilan.

C’est ici et maintenant, dès 2015, qu’il faut relancer l’activité, voter les crédits et lois nécessaires. En effet, qui peut croire qu’une relance (nous la souhaitons massive) des investissements aura le moindre impact sur l’emploi en moins d’un an… C’est moins vrai pour le pouvoir d’achat. Mais des mesures fiscales, par exemple, demandent un certain délai technique. On ne peut plus tergiverser et attendre.

Alors si les socialistes veulent être à la hauteur de l’enjeu historique, ils ne peuvent pas faire comme si. Le choix est simple: Veulent-ils une réorientation raisonnable, crédible dans l’année qui vient pour en voir des effets probants d’ici 2017 ? S’ils répondent oui, la seule motion qui incarne ce chemin est la motion « A Gauche pour Gagner ». Elle rassemble, au-delà des composantes habituelles de la gauche, des hommes et des femmes qui depuis des mois, voire des années demandent à l’exécutif de retrouver la ligne du Bourget, de mettre en œuvre les engagements pris, de défendre le projet socialiste que nous avions tous adoptés. C’est une motion de vérité, de cohérence mais aussi une motion qui fait des propositions claires avec un calendrier de réformes.

S’ils pensent qu’il faut continuer comme avant, que la situation va s’améliorer suffisamment pour retrouver la confiance de notre peuple et nous permettre de gagner, alors ils peuvent voter pour la motion Cambadélis-Valls. Car chacun voit bien où est le centre de gravité, la force décisionnelle dans cette motion.

A la direction du PS, aussi, « On n’a pas fait ce qu’on a dit » et cette fois-ci « on ne dit pas ce que l’on fait ». Pour une raison simple c’est qu’il est bien difficile de faire avaler aux militants ce qu’on fait vraiment. Ne laissons pas cette dérive perdurer et atteindre son apogée au congrès de Poitiers.

Au point même que lorsque le gouvernement fait de bonnes réformes, le PS ne se mobilise pas, au- delà du traditionnel communiqué de presse, pour les défendre, les faire entrer dans les faits. Les exemples sont nombreux.

Mais surtout, alors que J.-C. Cambadélis a été désigné premier secrétaire sans le vote des militants, il y a un an ; on notera qu’il n’a pas tenu des engagements majeurs comme la création d’un comité de liaison de la gauche et des écologistes qui non seulement devait se réunir régulièrement au niveau national mais être décliné au niveau fédéral. Il prétendait permettre au  parti de peser en amont des décisions gouvernementales. Le mémorandum établi par le PS sur la loi Macron (déjà très en deçà de nos attentes) a été purement et simplement balayé par le gouvernement.

Ce qu’on peut reconnaître au premier secrétaire par intérim est sa capacité à organiser un appareil inféodé et verrouillé. Son mode de désignation pour le moins peu démocratique s’est accompagné de mesures dilatoires pour retarder la date du Congrès qui devait être initialement prévu… Le BNA n’a pas eu régulièrement le nombre exact d’adhérents et ont été exclus de liste des militants pouvant voter au congrès des milliers de camarades qui n’ont pas été prévenus.

Ces propos polémiques, caricaturaux sur notre motion montre son embarras sur le fond, embarras à défendre la politique menée par Manuel Valls, embarras à contester nos propositions reprenant bon nombre de nos engagements de 2012, embarras à prétendre rassembler les socialistes et la gauche en se contentant d’accords d’appareils et du mariage de la carpe et du Lapin. La motion n’est pas une vraie synthèse et ce, pour une raison simple : il n’a aucune prise sur les choix gouvernementaux. Et ce d’autant plus qu’il ne laisse ouverte aucune possibilité d’y résister. Il ne reste alors que la stratégie du Bunker. Unissons-nous, restons entre nous,  verrouillons et attendons. Tout cela ne dure qu’un temps. Et le temps nous manque face à l’urgence sociale et politique, les échéances sont proches et le rebond doit être immédiat s’il ne veut pas être vain.

Le vote pour notre motion est le seul qui oblige le parti à repenser sa direction, son fonctionnement, la participation des militants, sa relation aux autres forces de gauche et écologistes qui elles même s’imaginent, à tort, pouvoir tirer profit de notre faiblesse.

Quand une partie de gauche va mal, toute la gauche va mal.

Le parti doit retrouver son rôle central et majeur dans la gauche et ne saurait avaliser de se faire cornériser à la droite de la gauche, pendant que deux gauches irréconciliables s’organiseraient en face à face, rendant nos défaites quasi inéluctables. Nous réfutons tout procès en alignement au front de gauche et aux écologistes, nos positions sont celles du projet socialistes et de nos engagements électoraux. Nous refusons en revanche le néo-libéralisme prétendument social qui nous isole de nos électeurs, des forces vives de la transformation sociale et du monde syndical comme de nos partenaires de gauche et écologistes. Nous savons que l’union est un combat, un combat pour l’Union pas contre ceux que nous devons rassembler. Sans eux tous ne pouvons gagner.

Alors Voter «  A Gauche pour Gagner » !

LES DERNIERS ARTICLES