Il y a plusieurs façons d’aborder cet anniversaire du 6 Mai 2012 : se focaliser sur le bilan, répondre à l’urgence d’une réorientation pour l’avenir.
La tentation sera grande de se focaliser sur le bilan. Les défenseurs de la politique gouvernementale vont expliquer qu’il y a eu de grandes réformes, que les efforts demandés sont ou vont être couronnés de succès, en témoigne le regain de croissance annoncé par les prévisionnistes. Vivent les 1,1% ! Quel bonheur on devrait atteindre 1,7 l’an prochain…
Il y a aussi tous ceux qui verront l’accroissement important du chômage, une croissance française, pour la première fois depuis très longtemps inférieur à la moyenne européenne ; la montée de la précarité et des inégalités. Des renoncements et des promesses non tenues. Des défaites électorales répétitives. Une gauche sans cesse plus fracturée…
A vrai dire tout cela est, hélas, bien connu !
Mais notre responsabilité aujourd’hui est toute autre. Elle n’est pas de nous complaire dans l’insatisfaction, elle est de proposer une réorientation raisonnable qui nous permette de redresser la barre pour réussir cette fin de quinquennat. Elle est de convaincre et mobiliser à nouveau, celles et ceux qui ont fait la victoire de François Hollande, de retrouver le cap fixé au Bourget. Elle est de proposer aux français une voie de sortie de crise qui soit convaincante, durable et crédible et surtout qui permette aux plus modestes, aux chômeurs, aux jeunes générations de voir de façon tangible de réelles améliorations de leurs conditions de vie.
Et là, il y au fond deux stratégies.
La première : attendre patiemment les effets de la conjoncture européenne portée d’abord par la baisse du prix du pétrole mais aussi par la chute de l’Euro et l’injection massive de liquidités de la BCE. Compter sur l’impact – très aléatoire- du CICE et du pacte de responsabilité sur notre économie. Persévérer dans la réduction très importante des dépenses budgétaires pour réduire le déficit public pour répondre aux injonctions européennes, espérant que cet «assainissement » des comptes publiques induise une reprise.
La seconde : engager très vite une réorientation de la politique économique et sociale, bien ciblée. Il ne s’agit en aucun cas d’imaginer que le Président de la République va engager un virage à 180 degrés ou qu’en 2 ans (plutôt une bonne année si l’on exclut la phase de campagne électorale) on pourra faire tout ce qui n’a pas été fait avant. Non, il faut engager quelques réformes majeures, efficaces économiquement et socialement à court terme, préparant l’avenir, éclairant le cap politique d’une gauche cohérente avec ses valeurs républicaines et de justice sociale.
C’est la voie que nous proposons aux français et aux socialistes lors du congrès de Poitiers avec la motion B « A gauche pour gagner »
Nous avons présenté ce matin un calendrier des réformes pour réussir la fin du quinquennat (que vous pouvez retrouver sur le site www.agauchepourgagner.fr) :
Juillet 2015 :
- le collectif budgétaire de relance de l’activité, de soutien au pouvoir d’achat pour l’emploi sur 2 ans (18,1 milliards et réorientation du pacte de stabilité), soit un impact d’un point de PIB supplémentaire.
Septembre/Octobre 2015
- la seconde loi bancaire
- une nouvelle étape pour lutter contre l’évasion fiscale
- un mémorandum français pour la lutte contre l’évasion fiscale et la taxe sur les transactions financières.
Novembre/décembre 2015 :
- le plan République
- le budget 2016
- débat parlementaire en France et résolution de l’Assemblée nationale sur TAFTA en vue d’une position française de refus.
Janvier 2016 :
- lancement d’une grande conférence salariale tripartite partenaires sociaux/État pour mettre en œuvre le rattrapage du Smic prévu dans les engagements présidentiels, réduire les écarts salariaux au sein de l’entreprise, limiter les rémunérations abusives…
Mars/avril 2016 :
- dépôt d’un mémorandum de la France à ses partenaires européens en vue d’un traité social
Mai/juin 2016 :
- Lancements du « Temps des projets pour la jeunesse », bilan de la refondation de l’école, université / recherche
Juin 2016
- signature de contrats transitions énergétiques avec les régions
Cette feuille de route doit permettre un nouveau contrat de majorité.
D’abord pour rassembler les socialistes, mais bien au-delà les forces de gauche et écologistes et en tout cas engager la reconquête du peuple de gauche, socle indispensable à la confiance des français.
Car on ne peut laisser perdurer cet effilochage de la gauche et ces fractures qui s’accumulent tant avec nos partenaires politiques (Front de gauche, PCF, écologistes..) qu’avec les forces sociales et associatives qui partagent nos valeurs et nos combats.
Chacun voit bien que ni des débauchages individuels pour quelques postes, ni l’injonction à se rallier au panache blanc d’un leader ou de la direction du PS, ni même l’appel à faire barrage au FN ne peuvent suffire à renouer les fils pour rassembler la gauche.
Sans un calendrier de réformes concrètes que nous ferons vraiment, la dynamique unitaire sera bien difficile à prendre. Or sans elle, nulle victoire n’est possible, ni aux régionales, ni aux présidentielles.
Il reste 2 ans alors il faut faire vite !