Evasion fiscale

Retour dans Pagina/12 (presse argentine) sur le colloque contre l’évasion fiscale

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Pagina12Hier, jeudi 18 juin 2015, de nombreux représentants de la presse argentine étaient présents pour couvrir le colloque « Quelle nouvelle étape pour lutter contre l’évasion fiscale et réguler la finance ? ». En effet, l’Argentine est confrontée depuis de nombreuses années à la rapacité des fonds vautours et la question de l’évasion et de l’optimisation fiscales y est un enjeu aussi majeur qu’en France.

Vous retrouverez ci-dessous la traduction de l’entretien que j’ai accordé aux correspondants de Pagina/12 (pour le lire en version originale, cliquez ici).

« Interdire les paradis fiscaux » de Eduardo Febbro

Marie-Noëlle Lienemann ne mâche pas ses mots. Connue pour sa sincérité et ses idées pour réduire l’évasion fiscale et lutter contre l’opacité financière permettant la fuite de capitaux, l’ancienne Ministre et actuelle Sénatrice de Paris ne cesse de répéter : «Contre l’évasion fiscale, nous manquons de moyens et d’outils qui démontrent une détermination sans faille».

Organisatrice du colloque «Quelle nouvelle étape pour lutter contre l’évasion fiscale et réguler la finance ?», Marie-Noëlle Lienemann a dénoncé au Palais du Luxembourg «la porosité» entre  la politique et la sphère bancaire. Dans son interview avec Pagina/12, la Sénatrice dresse un portrait des coûts dont pâtissent les Etats et leurs citoyens à cause de l’évaporation des richesses nationales.

  • C’est une rencontre nouvelle entre la France et l’Argentine sur cette thématique. Il y a une convergence et un même adversaire, ce qui, en général, n’est pas commun.
    Je suis très heureuse de ce colloque réalisé au Sénat français en présence des représentants de deux chambres d’Argentine et des services fiscaux. Il s’agit de voir comment nous pouvons agir ensemble pour éviter que les peuples soient dépossédés de millions de dollars à cause d’une minorité, les banques, les multinationales, qui captent les richesses et mettent à genoux les peuples. Il faut, dans chacun de nos pays, que nous trouvions les solutions et les moyens pour pouvoir agir ensemble, de manière concertée. Les consciences internationales doivent se réveiller. S’il n’y a pas de mobilisation citoyenne et politique, les instances internationales n’agiront que lentement.
  • Cependant c’est un peu paradoxal : l’Occident contrôle le système financier, les organes de régulation, les taux d’intérêt et de l’autre côté les banques organisent l’évasion fiscale…
    Evidemment ! Il faut se rendre compte que la responsabilité est en premier lieu celle des pays développés. Je vous donne un exemple. En France, il est exigé des banques qu’elles informent les pouvoirs publics des lieux où elles investissent de l’argent, où elles le placent. Mais nous découvrons ensuite qu’il y a eu plus d’argent placé dans les paradis fiscaux par les banques françaises que dans les pays émergents ou d’Amérique Latine. Nous luttons pour l’interdiction de ces paradis fiscaux.
  • De plus, la fuite des capitaux n’est-elle pas aussi un instrument de pression politique, une forme de coup d’Etat permanent ?
    La puissance de la finance s’est transformée en puissance politique contre laquelle les citoyens doivent être protégés. En France, beaucoup de dirigeants viennent des banques privées, ils entrent après dans l’administration et les cabinets pour ensuite revenir dans les banques privées. Nous devons interdire ça, et aussi démasquer tous ceux qui commettent des fraudes de haut niveau. La sanction pour ces actes doit être pénale.

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