Congrès HLM

« Hollande face à la grogne du monde HLM »

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logo_Les_EchosMYRIAM CHAUVOT | Les Echos – 
La loi de finances 2015 prévoyait 400 millions d’euros d’aide de l’Etat, le montant réel a été ramené en cours d’année à un peu plus de 200 millions.

Il clôturera jeudi un congrès annuel qui dénonce un raid sur ses caisses. Les locataires se paupérisent.

La ministre du Logement en ouverture, François Hollande en clôture jeudi : le mouvement HLM, hérissé par les menaces de raid sur ses caisses, a droit à une opération séduction pour son congrès annuel, qui s’ouvre ce mardi à Montpellier. On y attend des annonces du président, notamment sur le renforcement des sanctions contre les communes rechignant à faire du HLM (lire ci-dessous). Ceci alors que la situation continue de se tendre, avec 1,7 million de demandeurs de logement social et une paupérisation croissante des locataires. «L’an dernier, 50 % des logements attribués l’ont été à des ménages en dessous du seuil de pauvreté», rappelle l’Union sociale pour l’habitat (USH), qui chapeaute le monde HLM.

Résultat : un loyer HLM souvent trop élevé. Le gouvernement souhaiterait qu’il soit déterminé en fonction des revenus du locataire, plutôt que de l’appartement. Ce débat n’est pas nouveau (c’était déjà un souhait de Benoist Apparu, ministre du Logement de Nicolas Sarkozy), mais il inquiète toujours autant le monde HLM. «Oui, nous allons retravailler la politique des loyers, mais il faut un équilibre économique à long terme, plaide l’USH. Adapter un loyer à une personne très pauvre et, sur une autre attribution de logement, pouvoir augmenter un loyer de 20 %, c’est un dispositif très aléatoire.» Surtout quand on sait que la construction de logements sociaux est financée en vaste majorité par des emprunts à rembourser sur plus de trente ans. L’enjeu est lourd. Le mouvement HLM «investit actuellement sur un rythme annuel de 16 milliards d’euros» par an en construction et en rénovation, rappelle l’USH, qui estime à près de 100.000 les agréments de nouveaux logements cette année.

Gel supplémentaire

Le corollaire de la paupérisation est une hausse des impayés. «Notre taux de recouvrement est passé de plus de 99 % en 2013 à 98,3 % en 2014 et nous aurons du mal à le maintenir à ce niveau cette année», juge Yves Laffoucrière, directeur général du groupe 3F. Avec 240.000 logements sociaux et plus de 7.600 construits cette année, c’est le plus gros «producteur» de logement social en France, mais même lui commence à peiner. «Nos charges d’exploitation et les taxes foncières s’accroissent beaucoup plus vite que nos revenus. Cette année, chez 3F, l’augmentation des loyers sera de 0 % à 0,2 %, poursuit-il. On nous en demande toujours plus, mais en baissant les subventions.»

La loi de finances 2015 prévoyait 400 millions d’euros d’aide de l’Etat. Le montant réel a été ramené en cours d’année à un peu plus de 200 millions et l’USH voit se profiler un gel supplémentaire. Ainsi qu’une prise de ­contrôle du compte où les organismes HLM mutualisent une partie de leurs ressources. «Nous aimerions être associés à la mutualisation», a convenu l’entourage de Sylvia Pinel, interrogé mi-septembre. Enfin, l’Etat veut aussi moderniser les aides en créant un «Fonds national d’aides à la pierre». Mais alimenté par quoi ? L’USH craint une taxe sur les loyers ou des ponctions permettant de faire tomber les aides d’Etat à zéro. «De toute façon, l’aide de l’Etat est devenue dérisoire. Nous percevons 6.500 euros pour un logement qui en coûte 180.000 ! juge Yves Laffoucrière. L’enjeu est de débloquer massivement du foncier à un prix abordable pour faire baisser les coûts.»

L’aile gauche du monde HLM attaque l’action du gouvernement

MYRIAM CHAUVOT | Les Echos – 

L’aile gauche du monde HLM, emmenée par la sénatrice (PS) Marie-Noëlle Lienemann, ne prend plus de gant avec le gouvernement. La présidente des coopératives HLM publie ce jour sur le site des Echos une lettre ouverte à François Hollande en forme d’attaque frontale. En dénonçant bien sûr la chute des aides de l’Etat. Mais aussi le décompte politique des nouveaux logements sociaux en brut plutôt qu’en net des démolitions et des ventes, en «agréments de financement» plutôt qu’en «sortis de terre» (nettement moins), et les loyers trop chers de ces logements nouvellement construits vu la paupérisation en marche chez les locataires du parc social.

La faute au coût du foncier, notamment, qui renchérit le coût des opérations de construction, et rend difficile économiquement de faire des logements très sociaux. Pour accélérer la cession aux HLM du foncier public, une compensation financière pourrait être versée à leurs propriétaires devant aujourd’hui les céder avec une décote, estime Marie-Noëlle Lienemann, pour qui l’Etat doit par ailleurs s’engager à ne pas toucher aux 220 millions d’euros du fonds de mutualisation entre organismes HLM, appelés à monter à 600 millions en 2016. Sa sanctuarisation est une demande unanime du monde HLM.

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