Démondialisation

La vraie modernité, c’est le changement de cap !

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CNUCED-Logo-2 (1)Les masques tombent : les ratés de la mondialisation et son impasse apparaissent clairement.

Le FMI vient d’annoncer une baisse de ses prévisions de croissance. Le dernier rapport sur le commerce et le développement 2015, publié ce mardi soir par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED)  incite les pays développés à des stratégies de relance par la demande  intérieure, d’accroître les dépenses publiques et  d’augmenter les salaires.

L’interview dans le journal Libėration d’Alfredo Calcagno, responsable de la division macroéconomie et développement de cette agence doit décoiffer les dogmatiques qui nous gouvernent en Europe… et hélas en France.

En réalité les raisons de la panne et des blocages actuels sont la conséquence d’un mouvement structurel lié au cycle de la libéralisation généralisée et de la financiarisation qui se poursuit. C’est ce que déclare ce responsable onusien :

« Les indices des grandes places financières se sont déconnectés de la réalité économique. Ce n’est pas une première. Nous n’avons pas tiré les leçons des excès d’une dérive de la financiarisation de l’économie mondiale »

A partir de ce bilan, il insiste sur la nécessité d’engager une autre politique. Ses propositions sont exactement ce que nous disons depuis de nombreuses années : « Il y a un déficit de demande au niveau mondial ».

Les « pseudo-modernes », qu’ils soient les Golden Boy de la politique ou les tenants des bons vieux dogmes monétaristes et de l’économie – fut elle qualifiée de sociale – de marché continuent à imposer une logique qui échoue. En réalité ils ne veulent pas voir, ils ne veulent pas entendre.

Ils ne veulent pas voir qu’un cycle nouveau doit s’ouvrir et qu’il est urgent de l’engager.

Notons ce que déclare Monsieur Calcagno :

«Les politiques monétaires accommodantes adoptées par la plupart des grandes banques centrales restent inopérantes. Pire encore, les décideurs de la plupart des pays riches restent convaincus qu’il faut poursuivre des politiques de restrictions budgétaires. Sans compter que les salaires ont baissé en moyenne de 10% dans l’ensemble des pays dits développés

Mais également :

«Cette faiblesse reflète surtout une demande globale atone. La plupart des pays se sont enfermés dans un cadre de raisonnement qui a impliqué l’adoption de politiques économiques inefficaces. Autrement dit, que ce soit en Europe ou ailleurs, nous voyons que la majorité des dirigeants politiques ont tenté de compenser l’insuffisance de leur demande intérieure en misant sur les marchés extérieurs. Or, cette tentative de reconquête d’une croissance interne par le biais des exportations peut fonctionner pour un pays, ou même un petit nombre de pays, et cela à condition que d’autres augmentent leur demande. Mais ce n’est pas la réalité. Nous nous retrouvons dans une inconsistance globale car tout le monde freine en même temps.»

A la question que faut-il faire ? il apporte une réponse qui correspond à ce que nous prônons depuis des années et que ni les instances européennes, ni le Président de la République française ne veulent entendre.

« Augmenter les dépenses budgétaires, et ce d’abord dans les pays riches. N’en déplaise à ceux qui ne cessent de nous affirmer le contraire. Même le FMI en convient désormais, le multiplicateur budgétaire est très élevé. En clair, augmenter les dépenses publiques d’un euro se traduit par une hausse du PIB de près de 1,5 euro. Et c’est ce mécanisme d’augmentation de la demande publique qui permet de relancer la demande et, in fine, d’augmenter les recettes fiscales, permettant ainsi d’honorer le remboursement des dettes publiques. De plus, une coordination des politiques favorables à la hausse des revenus entraînerait une augmentation de la demande, créerait des débouchés pour les investissements privés et aurait des retombées plus larges… »

Il argumente ensuite contre l’idée que l’endettement actuel rendrait impossible cette relance.

Ne serait-il pas, pourtant, temps de tirer les leçons qui s’imposent et d’engager dès ce budget, le dernier du quinquennat qui aura un impact complet, des réorientations susceptibles capables de relancer l’activité et l’emploi?

Je déposerai des amendements budgétaires dans ce sens avec plusieurs de mes collègues à l’Assemblée et au Sénat, reprenant en particulier les propositions du bureau National du PS au mois de juillet que l’exécutif a manifestement passé par pertes et profit dans son projet de budget. Lequel va à rebours de la CNUCED.

Errare humanum est, perseverare diabolicum

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