Néolibéralisme

Sarkozy ou l’archaïsme thatchérien comme modèle pour 2017 !

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Sarkozy_Les_Echos_septembre_2015Stupéfiant entretien de Nicolas Sarkozy dans Les Échos. Aucune stratégie économique ou de redressement industriel, le cœur de sa politique se résume en un message : passer par-dessus bord toutes les protections des salariés, laisser les chefs d’entreprise maîtres de tout au nom d’une prétendue compétitivité. L’ennemi, ce sont les syndicats.

La boîte de Pandore ouverte avec le rapport Combrexelle sert de point d’appui à Nicolas Sarkozy qui pousse sa logique à l’extrême.

Il indique : « La négociation sociale doit désormais se dérouler d’abord dans les entreprises, plutôt qu’au niveau de la branche ou du confédéral. A l’exception de certains secteurs particuliers, comme l’artisanat, le commerce ou les cafés-restaurants pour ne citer que ces exemples. »

Enfin le mot « Négociation » est bien abusif puisque l’ancien président ose déclarer « quand un accord dans l’entreprise n’est pas possible entre les partenaires sociaux, ce sont les salariés de cette même entreprise qui doivent pouvoir trancher par référendum à la majorité simple. »

Cela peut paraître démocratique mais ça ne l’est absolument pas. Qui va définir la question, le corps électoral et surtout quel chantage pourra être mis dans la balance pour faire pression sur les salariés ? L’affaire du référendum à l’usine SMART est hélas très révélatrice. Les cadres qui n’ont pas nécessairement des conditions de travail les plus pénibles ont voté majoritairement pour la remise en cause des 35h tandis que les ouvriers, les employés, ceux qui sont en bas de l’échelle ont voté contre. La nature du corps électoral est là très déterminante.

D’ailleurs, s’agissant des référendums, Nicolas Sarkozy est plus prompt à le promouvoir dans les entreprises que dans le pays. Rappelons-nous la suppression de l’obligation de consulter le peuple par référendum lors d’un élargissement de l’Union Européenne. Sans même parler de la restauration par la ratification parlementaire du traité de Lisbonne qui reprend mot pour mot le projet de constitution européenne que les Français avaient très majoritairement rejeté. Enfin, en dépit des annonces sur l’introduction de référendums d’initiative populaire, tout a été fait pour qu’ils ne puissent avoir jamais lieu.

Mais on atteint des sommets lorsque que Nicolas Sarkozy ajoute : « Les résultats de ce vote ne devraient pas pouvoir être remis en cause par les tribunaux, à la condition qu’il respecte bien sûr les normes fondamentales. »

Supprimer le recours judiciaire est évidemment le fin du fin de la démocratie ! En d’autres termes, c’est une logique des plein pouvoirs des dominants.

Mais non seulement, il veut renvoyer au niveau de l’entreprise la définition des droits et bien des éléments du contrat de travail pour les salariés, c’est à dire une mise en concurrence avec les autres entreprises au sein même de notre pays. On en connaît les conséquences : le dumping social. C’est ce qui se passe au niveau européen et mondial et ce que nous combattons en demandant des normes sociales, environnementales et des harmonisations au sein de l’Union Européenne.

En fait, Nicolas Sarkozy sait bien tout cela et s’accommode de cette logique ultra libérale qui fragilise des pans entiers du salariat.

Plus de hiérarchie des normes, plus de recours judiciaire : le cap est clair, éliminer l’État de droit du champ économique et social. Tout le contraire de l’idéal républicain.

Comme Margaret Thatcher, Nicolas Sarkozy veut aussi casser l’influence des syndicats et de ce point de vue il est dans la droite filiation de ses discours, lors de la présidentielle de 2012 et ses diatribes contre les corps intermédiaires. Il promeut une société – ou une anti société – avec des individus isolés, flexibles – en fait malléables et vulnérables – en concurrence les uns face aux autres avec très peu de protections collectives.

Aussi Nicolas Sarkozy reprend une antienne bien connue en déclarant « il faut poser la question de la représentativité syndicale. Les délégués syndicaux doivent cesser d’être nommés par les syndicats, ils doivent pouvoir être élus par les salariés. Et dans ce cadre, il faut autoriser la liberté de candidature dès le premier tour, ce qui signifie la remise en cause du monopole de présentation des syndicats. »

Sauf que cette mesure est contraire aux recommandations du BIT qui considère essentiel pour le respect du droit syndical que le délégué soit choisi par le syndicat et ne puisse être déterminé sur d’autres critères. Il en va de leur indépendance face au pouvoir patronal et doit permettre aux délégués d’être soumis à des pressions. Les salariés ne sont pas obligés de voter pour le syndicat qui ne leur plaît pas.

Pendant des années la droite a essayé d’affaiblir le monde syndical en soutenant des syndicats « maison », plus ou moins soutenus par les directions d’entreprises, qui n’ont guère résisté quand des mesures défavorables aux employés étaient mises en œuvre. Mais il n’est pas de négociation sociale sans des syndicats porteurs de l’intérêt des salariés d’une entreprise mais aussi de l’intérêt général de tous les travailleurs dans le pays. Et c’est à cela que veut s’attaquer Nicolas Sarkozy.

La droite, qui passe son temps à prendre en exemple l’Allemagne, veut faire oublier que la force de la négociation sociale réside dans la force de syndicats nationaux.

Ensuite, Nicolas Sarkozy égrène la liste des reculs sociaux qu’il veut instaurer.

Une fragilisation majeure du contrat de travail

« Le licenciement économique doit être rendu possible, y compris pour réorganiser l’entreprise quand il est encore temps. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation où il est autorisé uniquement quand elle va très mal »… Bref, au bon vouloir du chef d’entreprise qui semble paré de toutes les vertus quand le salarié lui est suspect de toutes les inconséquences. Et surtout, quand le patron estime ne plus avoir besoin de lui (quelle qu’en soit la raison), il doit partir…

Et de surcroît, le salarié ne pourra pas bénéficier de la protection de l’État de droit, puisqu’une fois de plus Nicolas Sarkozy enfonce le clou : « Sur ce point, j’ajouterai que ce n’est pas au juge de contrôler l’opportunité d’une réorganisation dans une entreprise. »

Enfin, Nicolas Sarkozy apporte son soutien à une mesure de la loi Rebsamen, retiré par le Conseil Constitutionnel pour des raisons de forme en rappelant son appui « au plafonnement des indemnités de licenciement, pour apporter plus de visibilité et de sécurité juridique. »

L’obsession de la remise en cause des 35 heures !

« Toute entreprise qui souhaitera s’exonérer des 35 heures devra pouvoir le faire. Je pose une condition : personne ne doit travailler plus et gagner moins. Les 36 heures devront être payées 36, les 37 heures 37, Chaque heure travaillée doit être rémunérée.

Pour encourager les entreprises à remonter la durée du travail, je propose de les inciter financièrement. Les heures au-delà de 35 heures leur coûteraient moins. Les allégements de cotisations sociales patronales seraient accrus jusqu’à 39 heures. En clair, on n’allège plus les charges pour travailler moins, on les allège pour travailler plus ! »

Ce n’est plus « travailler plus pour gagner plus » mais « travailler plus et ne pas gagner moins ». En réalité, ce n’est pas exact car, le déclenchement des heures supplémentaires ainsi abaissé, les salariés qui travaillent plus de 35h verront leur rémunération diminuer. C’est le but recherché avec cette mesure ! Car chacun le sait bien, une entreprise qui a besoin de voir ses salariés travailler plus de 35h peut le faire mais avec une bonification des heures supplémentaires.

Mais, comme si cela ne suffisait pas, nos impôts devront financer les entreprises pour accroître cette durée du travail. Sans d’ailleurs que les salariés en bénéficient le moins du monde, au contraire.

Franchement, alors que notre pays cherche à réduire les dépenses publiques subventionner les entreprises pour accroître le temps de travail, c’est totalement absurde et scandaleux.

Sans même parler des effets négatifs sur l’emploi et les recrutements !

Plutôt que de créer des emplois, réduire l’indemnisation du chômage : Suspendre le paritarisme

A aucun moment, l’ancien président n’indique la façon dont il compte réduire le chômage, soutenir l’activité, promouvoir la modernisation du pays, en revanche il s’en prend une fois de plus aux chômeurs.

« Ce système n’est pas suffisamment incitatif au retour à l’emploi, avec un nombre de chômeurs de longue durée qui n’a jamais été aussi élevé en France. Je propose de suspendre pour l’UNEDIC les règles du paritarisme. Le temps de revenir à l’équilibre des comptes, le régime doit être temporairement géré par l’État, qui doit prendre d’urgence les décisions fortes qui s’imposent. Les précédentes négociations entre les partenaires sociaux n’ont abouti à rien de substantiel. C’est tout notre régime qui est aujourd’hui menacé. Je pense ensuite qu’il faut revenir à la dégressivité des allocations chômage à partir de 12 mois, comme l’ont fait de nombreux pays, afin d’encourager le retour à l’emploi. Tout doit être fait pour inciter à la reprise d’un travail. »

Dans la même veine de ce qui est déclaré plus haut sur les syndicats, Nicolas Sarkozy compte purement et simplement s’asseoir sur le paritarisme, un des piliers historiques de la protection sociale, en tout cas depuis la Libération, avec l’intention à peine voilée d’imposer les thèses du Medef et de réduire les garanties des salariés. On remarquera à nouveau ce mépris du leader du parti « Les Républicains » pour les chômeurs. Cette thèse des chômeurs qui ne seraient pas incités à retrouver un emploi à cause d’allocations trop généreuses, alors même que le nombre de chômeurs non indemnisés explose, est infondée et l’on sait bien que cela ne fait en rien reculer le chiffre des demandeurs d’emplois. La vrai raison du chômage est ailleurs : l’insuffisante création d’emploi. Mais cette culpabilisation et cette mise en cause des individus plutôt que celle du système et des choix économiques a une finalité évidente : diviser les Français pour leur imposer des reculs sociaux…

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