Socialisme

Bernie Sanders : Socialiste et fier de l’être…

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yycigbylpjtypye-1600x900-nopadBernie Sanders vient de gagner la primaire dans l’État du Michigan, et ce contre toute attente, puisque les sondages annonçaient la victoire d’Hillary Clinton avec une large avance.

Déjà ses bons résultats dans de nombreux États avait surpris beaucoup de monde. Mais après le Super Tuesday où bien des États du sud des USA avaient apporté leur soutien à Hillary Clinton, on disait la partie jouée chez les Démocrates et que Sanders ne poursuivrait plus qu’une candidature de témoignage. C’était déjà important car capter autant d’audience, de mobilisation et même de soutiens financiers dans ce pays « temple du capitalisme », lorsque l’on se revendique socialiste paraissait, il y a encore quelques années, inconcevable.

Pourtant, Bernie Sanders ne met pas son drapeau dans sa poche ; mais, avant tout, il s’attaque aux vrais problèmes du peuple américain : niveau de vie, salaires et pouvoir d’achat, endettement et l’énorme problème des prêts étudiants qui plombent non seulement l’avenir de la jeunesse, mais bloquent également l’accès aux études d’un grand nombre et coûtent cher, aujourd’hui encore, pour de nombreux adultes même âgés.

18332538-mmmainSa victoire inattendue dans cet État, promis à la candidate portée par les sondages, montre la réalité de la situation des salariés, des classes moyennes, des jeunes sans parler des plus pauvres. Cela devrait ouvrir les yeux de tous ceux qui passent leur temps à nous vanter le modèle libéral et les pseudo bon chiffres du chômage. La réalité est que les gens ne peuvent plus vivre de leur travail et que si les chiffres et les courbes paraissent satisfaisants, il n’en est rien dans la vie quotidienne…

C’est exactement la même chose en Europe. Les peuples ne sont plus dupes, ils ont compris que la mondialisation heureuse qu’on leur promettait n’est qu’un leurre. Ils ont vu que la « sortie de crise » ne changeait rien pour eux et que la longue détérioration de leur situation se poursuivait. Bref, aucune leçon de la grande déstabilisation, qui avait trouvé son aboutissement avec les subprimes et la crise financière, n’était tirée et tout revenait comme avant avec une nouvelle aggravation des inégalités.

Dans ce contexte, la réponse côté publicains est le populisme de Trump.

Côté mocrates, même si à ce jour Hillary Clinton ne semble pas menacée, le candidat ou la candidate qui sortira vainqueur devra nécessairement proposer une nouvelle voie, en rupture avec le libéralisme actuel et réinvestir la question sociale, celle des conditions de travail, les services publics et les investissements collectifs comme la gratuité de l’éducation. La question du salaire minimum sera incontournable. Il faut noter que Bernie Sanders s’est engagé en faveur d’un salaire minimum à 1.500 $, ce qui au passage le place bien au-dessus du SMIC français. Mais sa proposition ne tombe pas du ciel. Voilà déjà plusieurs années que cette augmentation du salaire minimum est un enjeu électoral important. Aux États-Unis, il y a un salaire minimum fédéral mais chaque collectivité peut le fixer à un niveau supérieur. Lors des élections locales, au niveau des États et des communes, de nombreuses équipes ont été élues en promettant le salaire minimum à 1.500 $. C’est en particulier le cas de la ville de Seattle oùcette hausse n’a créé aucun problème économique ou de compétitivité…

Cela devrait faire réfléchir les dirigeants socialistes européens et le gouvernement français. Le temps n’est plus aux vieilles recettes de dérégulations, de modération salariale, de réduction des protections collectives et des services.

Repenser le socialisme, qui plus est dans un monde où aucun totalitarisme communiste ne menace, est à l’évidence un enjeu profondément moderne et d’actualité. En tout état de cause, l’archaïsme n’est pas où l’on croit, mais bien là où la droite mais aussi le gouvernement et une partie de la social-démocratie tentent d’engager notre pays, à marche forcée.

loi el khomriAppliquées à l’actualité brûlante de notre pays, ces leçons devraient ramener nos dirigeants à la lucidité : Il y a toutes les raisons sociales de refuser la loi El Khomri ; il y a toutes les raisons économiques aussi, la flexibilité ne créera ni croissance, ni emploi. Il y a un impératif politique car en France comme aux USA, le peuple n’en peut plus et de veut plus de ces fausses solutions et vraies dégradations.

S’il prend la mesure de l’histoire, de la gravité de la situation, le PS doit sortir de ses reniements, du discours pseudo social-démocrate, qui est un vrai libéralisme, et ouvrir une nouvelle ère, celle de la reconquête socialiste. Dire cela aujourd’hui, au moment où commence la mobilisation sociale contre la remise en cause du code du travail, peut paraître décalé tant le gouvernement est à des années lumières de cette stratégie… Mais c’est aussi témoigner que se jouent des enjeux importants avec l’objectif du retrait de cette loi. Le premier enjeu, majeur, déterminant, est d’abord la protection des salariés, de notre modèle social et le refus d’une grave régression. Mais c’est aussi l’enjeu d’une indispensable rupture, la fin d’un cycle qui doit s’achever, celui de la dérive sociale-libérale et l’affirmation que bon nombre des militants du parti socialiste, mais plus encore celles et ceux qui se sont reconnus et se reconnaissent dans cet idéal du socialisme démocratique, veulent reprendre l’offensive et seront capables de proposer un nouveau projet, un avenir.

Alors, nul ne peut dire comment Bernie Sanders va terminer la course vers la présidence des USA, mais déjà l’accueil réservé à sa candidature témoigne d’un profond bouleversement des esprits, même dans le cœur du réacteur capitaliste. Cette détermination doit nous inspirer.

Les temps changent !

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