Services Publics

Services publics, les abus restent rares

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FINANCES PUBLIQUES.

La décision du Calvados de faire payer certaines interventions de pompiers a rallumé le débat sur la gratuité du service public. Prestations payantes ou hausse d’impôts, il faut choisir. Pour Marie-Noëlle Lienemann, la tarification n’apportera rien de positif.

Le Parisien – Propos recueillis par J.A. |

Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice de Paris, classée dans la gauche du PS.
Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice de Paris, classée dans la gauche du PS.(MaxPPP/Christophe Petit Tesson.)

Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice de Paris, classée dans la gauche du PS. A été deux fois ministre du Logement sous Bérégovoy et Jospin. Favorable à des primaires de la gauche. S’y est portée candidate. Vient de publier « Merci pour ce changement ! » (Ed. du Moment). Pour elle, faire payer certaines prestations de service public n’est pas une solution.

Vous comprenez qu’en cas d’abus, une prestation de pompiers soit payante ?
MARIE-NOËLLE LIENEMANN. En cas d’abus manifeste, il est normal qu’un service public comme les pompiers fasse payer son intervention. Mais je préfère que ce soit sous la forme d’une pénalité qui permette d’apprécier les intentions de l’usager — sa bonne foi ou non — et de faire du cas par cas. Une tarification systématique serait entrer dans une autre logique à laquelle je suis complètement défavorable. Rappelons que ces abus restent rares et si certaines interventions sont sollicitées, c’est souvent faute d’une bonne organisation des services de proximité.

Redéployer les services publics coûterait très cher…
Il y a des priorités comme la sécurité, la lutte contre les incendies ou la santé sur lesquelles vouloir faire des économies serait néfaste pour la collectivité. Ce qui est nécessaire, c’est que l’ensemble des acteurs, publics et privés, coopèrent. Il y a dans notre pays de plus en plus de personnes isolées, souvent âgées. L’Etat et les collectivités locales doivent repenser les aides à domicile, rationaliser les infrastructures hospitalières en développant les maisons de santé. Et cela en coopération avec les associations d’aides à la personne, le corps médical et infirmier. La tarification des interventions n’apporte pas de solution de fond.

De nombreux services publics comme la Poste sont déjà payants. C’est le prix à payer pour leur survie…
C’est vrai que le principe en France n’est pas toujours la gratuité des services publics. Les crèches, les cantines sont le plus souvent payantes. En revanche, il faut assurer l’égalité d’accès et la contribution de chacun selon ses capacités financières. Il est normal que les familles s’acquittent de tarifs progressifs en fonction de leurs revenus. Mais, là encore, tout dépend du type d’activité. Les pompiers et la sécurité doivent être des services gratuits. C’est aussi préférable pour les bibliothèques, voire certains transports publics.

Pour quelle raison ?
Pour deux raisons. Tout d’abord, parce que les transports en commun et l’accès facile à la lecture ont une vocation d’intérêt général. Ensuite, parce que les recettes pour les finances locales sont souvent faibles. Lorsque j’étais maire d’Athis-Mons, en Essonne, j’ai fait estimer ce que coûterait la gratuité d’une bibliothèque municipale. Le coût s’est avéré dérisoire au regard des frais de recouvrement si l’on avait fait payer.

Certains, même à gauche, estiment qu’augmenter les tarifs des services publics auxquels seule une catégorie de personnes à accès serait plus équitable pour la collectivité. Par exemple, les droits d’entrée des universités en contrepartie d’une distribution plus importante de bourses…
C’est une très mauvaise idée. Car cette politique se ferait au détriment des classes moyennes intermédiaires qui n’auraient pas droit à ces bourses. On se retrouverait dans une situation à l’américaine où les étudiants doivent s’endetter pour payer leurs études. La réforme qui permettra de résoudre ces inégalités, c’est la réforme fiscale. Et notamment la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG pour en faire un impôt plus large et surtout plus progressif.

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