Extrême Droite

Marine Le Pen engage le retour du RN sur les bases traditionnelles de l’extrême droite

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Ce que révèle le discours de Marine Le Pen : le retour aux visions de Jean-Marie Le Pen, une rétractation sur des bases d’extrême droite, une fragilité réelle !

Le discours de Marine Le Pen à Fréjus, marqué par l’éternelle instrumentalisation politique l’insécurité, toujours liée selon elle à l’immigration, fut sans surprise et d’une banalité totale.

En revanche, plus surprenante est la façon dont elle a largement occulté la gravité de la situation économique, la crise sociale, les menaces sur l’emploi et le chômage. Ce sont pourtant les priorités de Français en cette rentrée, soucieux de leur avenir, de celui de leurs enfants et du pays.

Pas la moindre allusion, en pleine période de crise sanitaire, aux besoins des hôpitaux et plus largement à la nécessité d’investir davantage pour notre système de santé ! Pourtant, là aussi, une préoccupation majeure de nos concitoyens.

Cette omission n’est pas un hasard : elle témoigne d’un repli sur le pré carré « historique » du Front National.

On le voit plus clairement encore avec les quelques éléments du discours économique, limités à plaider en faveur des fonds propres des PME. Rien sur la réindustrialisation, sur le rôle de l’État pour le redressement économique et les relocalisations.

C’est le retour aux thèses de Jean-Marie Le Pen : l’obsession sécuritaire, anti-immigrés et une politique libérale en faveur des entreprises qu’il faut laisser faire … avec moins de prélèvements et de droits sociaux. Les conceptions de l’extrême-droite française traditionnelle : l’État régalien sécuritaire et l’économie aux mains des seuls chefs d’entreprises !

Étrange mutation du discours de la présidente du RN, au moment où, au contraire, les Français ont pris conscience de l’indispensable retour de l’État, du plan pour regagner notre indépendance ! Au fond, c’est comme si le RN voulait systématiquement être à rebours de tout.

La plus grande nouveauté de ce discours est l’insistance mise sur le « localisme ». Après « la France aux Français », c’est « chacun chez soi ». Un repli de plus en plus marqué. Un discours ras des pâquerettes sans référence au rôle de la France, aux défis qu’elle devrait relever, ni à la souveraineté nationale à reconquérir.

À l’instar de l’extrême droite italienne, c’est une conversion au localo-localisme, au régionalisme, pour s’affranchir de la solidarité nationale. Marine Le Pen veut mettre en opposition son localisme au mondialisme, faisant d’une certaine façon l’impasse sur l’Etat Nation.

Loin de moi, l’idée de nier la nécessité de fortement soutenir le développement local ou les initiatives de terrain. Au contraire, mais cela ne peut réussir qu’en œuvrant au niveau de tout le pays, pour garantir partout et pour tous l’égalité républicaine. Mais qui peut imaginer que l’on pourra relancer notre économie, assurer le plein emploi, affronter les multinationales ou les grands enjeux comme le changement climatique, l’éducation de notre jeunesse en ciblant prioritairement le localisme ?

Là encore, s’affronte plus clairement encore deux visions du « national » et de la Nation. La vision identitaire, voire ethnique, de la nation d’un coté, la conception républicaine de la Nation – projet, construction commune se projetant dans l’avenir, de l’autre.

Cette double occultation de l’État, comme acteur économique et social, et de la Nation, garante de l’égalité républicaine et d’un projet partagé, manifeste une régression politique qui casse la tentative d’élargissement sociologique du FN. Le développement du FN – et sa transformation cosmétique en « Rassemblement National » – s’est construit en partie sur un élargissement de la base historique de l’extrême droite française (bourgeoisie réactionnaire, identitaire, anti-sociale) en direction d’une partie des catégories populaires qui se sont senties oubliées, méprisées, trahies par la gauche, écrasées par la mondialisation.

Au même moment, où Marine Le Pen organise une purge des cadres du RN, réputés proches de sa nièce (après avoir exclu les proches de Florian Philippot), elle se recentre sur leur ligne, plus libérale, plus classiquement à droite.

Tout cela peut accélérer – espérons le – l’affaiblissement du RN. Il a été perceptible lors des élections municipales, malgré la prise de Perpignan (non négligeable) par Louis Alliot. Les départs et évictions sont d’autres symptômes. Mais cela dépend avant tout très largement de la capacité de la gauche à convaincre de sa détermination à redonner toute sa force à l’État Républicain, à redresser le pays, à restaurer la souveraineté nationale, la souveraineté populaire.

Reconquérir les couches populaires et réduire l’influence de Marine Le Pen est vital pour notre démocratie. Il est urgent de sortir d’une situation politique biaisée où la nécessité d’éliminer le RN permet aux promoteurs des politiques libérales d’imposer leur vue à notre peuple qui les refuse ! C’est aussi la meilleure méthode pour faire reculer le racisme et la xénophobie qui gangrène notre République.

Alors mettons y toutes nos forces !

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