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ADP : L’État paye, les salariés trinquent, la privatisation toujours en ligne de mire

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Après la crise du COVID, ne laissons pas Emmanuel Macron et la droite revenir à leurs vieux démons !

Je participais mardi matin avec les salariés d’ADP, et des entreprises sous-traitantes à une manifestation, à l’initiative de la CGT, contre les remises en cause des contrats et droits des travailleurs, les baisses de salaires, les suppressions de postes et les licenciements ainsi que la privatisation qui a certes été suspendue mais pas abandonnée.

J’y étais avec Audrey Pulvar, la tête de liste d’ « Île-de-France en commun », que je soutiens avec mes amis de la Gauche Républicaine et Socialiste, ainsi qu’avec Olivier Finel et Jean-François Delage nos candidats en Essonne et dans le Val-de-Marne, et Jean-Luc Laurent, maire du Kremlin-Bicêtre.
En septembre 2020, la direction d’ADP avait annoncé la suppression de 700 emplois et aujourd’hui elle va mettre en place les mesures anti-sociales de la loi PACTE voulue par Emmanuel Macron : des baisses de salaire, la remise en cause de primes et autres avantages, la flexibilité, les mutations entre sites ou l’allongement du temps de travail au motif de la sauvegarde économique ! Je me suis toujours opposée à cette loi et à cette pseudo stratégie de sauvetage des entreprises.

L’expérience a montré que, la plupart du temps, cela ne suffisait pas à sauver les entreprises, le plus souvent en difficulté pour d’autres raisons que les coûts salariaux et qui ne sont pas traitées. Ce n’est donc pas le bon traitement ni la solution.

Ensuite, lors des licenciements, les salariés bénéficient de moindres indemnités ! Et même lorsque l’entreprise retrouve un rythme normal d’activité, les salariés ne retrouvent pas les « avantages » qu’ils ont abandonnés ! Ce n’est pas juste.

Mais, dans le cas d’ADP, c’est pire encore, car c’est une entreprise dans laquelle l’État est majoritaire, que l’État a refinancé fortement pendant la crise sanitaire et qui, dans la même période, a acquis, pour plus de 500 millions d’euros, 49% des parts d’un aéroport en Inde. Était-ce la priorité du moment ?

Est-ce aux salariés de payer ceci ? la réponse est NON !

Certes le transport aérien ne va pas reprendre d’un coup dans les mois qui viennent, mais cela va repartir et il convient justement – qui plus est pour une entreprise publique – de penser l’emploi dans la durée, de conserver les compétences et même de permettre par la formation continue de les améliorer. Il faut refuser de sacrifier l’humain et l’avenir au court terme.
Certes, sur le moyen terme, le transport aérien va devoir engager une mutation pour prendre en compte les impératifs écologiques. Il faudra associer les salariés – et les citoyens – à ces transitions. En aucun cas, les travailleurs ne doivent être sacrifiés et laissés pour compte.

En tout cas, l’État, la puissance publique, doit – pour ces plateformes aéroportuaires qui concernent des centaines de milliers d’emplois directs ou indirects – veiller au maintien de l’emploi, des rémunérations et combattre la précarité trop répandue dans ce secteur, pendant cette période de transition post-COVID.

Les aides et soutiens publics doivent avoir des contreparties et là en l’occurrence s’agissant d’ADP, l’État doit demander le retrait immédiat du plan de remise en cause du statut et des rémunérations des salariés d’ADP.
Car cette décision va, en plus, coûter cher à la puissance publique. Car si plus de 10 salariés refusent la baisse de salaire ou le changement qui leur est imposé – et c’est ce qui va se passer –, il faut que l’entreprise fasse un PSE (plan de licenciement en fait mal nommé plan de sauvegarde de l’emploi). Et là l’entreprise fait coup double : recul des coûts salariaux et baisse des effectifs. L’Unedic payera !

Pourquoi tout cela ? Non pour sauvegarder les comptes de l’entreprise (on a vu que des dépenses qui n’avaient rien d’urgentes ont été faites) mais pour réduire au maximum les coûts de fonctionnement, financer des investissements à l’étranger pour privatiser au plus tôt ADP !

Alors ne laissons plus faire !

Je me réjouis des prises de positions très claires d’Audrey Pulvar qui, comme tête de liste d’Île-de-France en commun aux élections régionales, a rappelé son exigence de voir que toutes les aides et subventions publiques aux entreprises soient accordées sous conditions, celles de l’État mais aussi celles de la Région. Elle s’y est clairement engagée. Elle a aussi souligné qu’elle était totalement opposée à la privatisation d’ADP et qu’elle estimait comme un devoir impérieux d’être aux côtés des travailleurs pour qu’ils soient entendus et respectés.

En tout cas, l’exemple d’ADP nous montre que le gouvernement et le président de la République n’ont en rien changé leurs choix politiques fondamentaux : faire payer les travailleurs, remettre en cause le droit du travail et notre protection sociale, ne pas conditionner les aides, privatiser. L’État est venu comme un pompier durant cette crise mais, en aucun cas, Emmanuel Macron n’a l’intention de changer sa vision néolibérale qui a pourtant montré de façon particulièrement cruelle ses graves conséquences : perte de souveraineté économique, désindustrialisation, affaiblissement et dégradation des services publics (et singulièrement de l’Hôpital), dysfonctionnement de l’État, technocratisation des dirigeants, etc.

En réalité, le Président de la République n’a tiré aucune leçon de la crise sanitaire et de ce qu’elle a mis en lumière. Il est prompt à reprendre ce qui a pourtant failli. Il parle de la réforme des retraites et, avec Bruno Le Maire, de préparer une nouvelle étape des restrictions budgétaires. Il refuse de créer un impôt sur les plus riches, conforte la flat tax et l’abandon de l’ISF qui coûtent plus de 3 milliards d’euros chaque année à la France.

Au moment où Joe Biden manifeste une inflexion majeure de la politique américaine, tirant les leçons pour son pays des impasses des politiques précédentes, et engage une relance massive au service de ses concitoyens, notre Président de la République s’arque-boute sur des dogmes désuets et dangereux pour la France et les Français.

Imposons une autre voie pour notre pays et ce n’est pas qu’une démarche théorique. Cette bataille de la réorientation de nos politiques se gagne aussi par la mobilisation sociale, pour ne pas laisser gagner les reculs sociaux et républicains, pour stopper cette spirale de démoralisation et de fatalisme mortifère.

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