Souveraineté industrielle

Souveraineté industrielle : il faut savoir muter comme le fait l’Etat britannique

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Même en Grande Bretagne, la page Thatcher est en train d’être tournée.

Le conservateur Boris Johnson réorganise une intervention publique forte pour soutenir les capacités productives de la Grande-Bretagne et pour sa réindustrialisation. Et lui n’est pas contraint par les restrictions ou interdictions des aides d’État et de l’injection de capitaux publics, édictées par l’Union Européenne. Il peut ainsi agir souverainement. L’article du Monde intitulé « Comment l’État britannique est devenu interventionniste après le Brexit » l’explique assez bien. Ce n’est pas aussi facile pour la France.

Si des dérogations ont été temporairement mises en œuvre par l’UE pendant la crise du Covid – d’ailleurs l’Allemagne, consciente de l’effet d’aubaine, l’a utilisé plein pot pour moderniser ses entreprises alors que la France a été plus timide –, elles sont temporaires. Or il faut permettre aux États d’intervenir en particulier avec du capital public pour soutenir la réindustrialisation et l’émergence de nouvelles filières.

En clair, et je ne cesse de le répéter, si besoin la France doit s’affranchir de certaines contraintes européennes pour stopper la spirale d’affaiblissement de son tissu productif et elle doit en même temps engager un rapport de force pour modifier très substantiellement le cadre ordo-libéral de l’Europe.

Cela fait des lustres que je dis que la France ne doit pas respecter les règles européennes concernant l’interdiction des aides d’État et de la règle des minimis. Il est fondamental de rétablir notre souveraineté dans les secteurs essentiels (santé, énergie, alimentation, matériaux, etc.) de garantir la cohérence de nos filières en particulier pour la transition écologique, la révolution numérique et les nouvelles technologies, mais aussi afin d’assurer la mutation de secteurs qui ont besoin d’être modernisés.

Sachons trouver des modes d’interventions publiques contemporains : présence au capital, aides sous conditions (en lien avec les salariés), nationalisation totale ou temporaire, fonds souverains territorialisés. Mais une chose est certaine, il ne s’agit pas de revenir aux formes passées de gestion des investissements ou des entreprises publiques en laissant Bercy seul aux manettes, avec l’agence des participations de l’État qui pense d’abord aux rendements financiers, ou la BPI qui ne prend aucuns risques réels et sert le plus souvent d’airbag aux banques. Il faut un contrôle et une association des partenaires sociaux et en particulier des représentants des salariés, mais aussi des collectivités territoriales. Il ne s’agit ni de sauver des cas désespérés, ni de céder à la facilité de juger condamné un secteur qui peut et doit muter.

Bref la perspective d’une économie mixte où se complètent initiative privée et intervention publique est revenue a l’ordre du jour. Alors libérons-nous des semelles de plomb de l’UE qui doit elle aussi prendre cette grande bifurcation.

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