COVID

Blanquer et le COVID ou Kafka à la tête de l’Éducation nationale

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Blanquer doit être un adepte de Kafka ! Il agit contre la raison, comme un techno-jupitérien au petits pieds qui s’emmêle les crayons et fragilise l’école.

Comment peut-on en être arrivé à ce cirque et cette désorganisation totale ? On pourrait en rire si ce n’était les graves conséquences sur nos enfants, nos enseignants, les perturbations majeures pour les parents.

Il y a déjà depuis le début un défaut dramatique de méthode. Pour prévoir, agir le plus tôt possible et s’adapter aux évolutions parfois rapides (ce dont chacun convient), il faut mettre en place une structure permanente de travail, d’élaboration commune des stratégies, des actions à mener, du protocole entre le ministère de l’Éducation nationale et les enseignants avec des représentants des parents, de médecins, pédiatres, et d’élus locaux. Il faut une co-élaboration inscrite dans la durée car il faut dans bien des cas planifier (cela a tellement manqué ), prévenir , être sûr que ce qui est décidé est réellement applicable et ne pas croire qu’automatiquement l’intendance suivra. Il faut décalquer cette structure de travail au niveau départemental pour permettre un aller/retour entre la diversité des territoires et les décisions nationales dans les deux sens… Cette co-élaboration inscrite dans la durée face à ces situations inédites devrait être la règle. Mais Blanquer comme Macron ont une vision techno-jupitérienne qui voient les corps sociaux comme des empêcheurs de tournés en rond… on voit le bilan. Vite, il nous faut une Sixième République et un renouveau démocratique impliquant le corps social à l’action publique.

Blanquer se contrefiche des enseignants et ce ne sont pas ses rituelles paroles pour les remercier qui peuvent cacher la réalité. Il n’a pris aucune disposition pour vraiment les protéger. Le comble étant atteint avec l’incapacité de leur fournir des masques protecteurs (chirurgicaux ou FFP2) : ils sont toujours dotés de masques tissus… Le protocole fondé sur des tests répétitifs (qui a créé un engorgement dans les pharmacies et une pénurie d’autotests) et l’allègement des mesures d’isolement fait peser sur eux, comme sur les élèves, des risques supplémentaires d’être malades… Selon Jean-Michel Blanquer, il y avait le 5 janvier 7% d’enseignants absents et un pic attendu à 15%, mais le conseil scientifique avait estimé fin 2021 à « au moins » un tiers les professeurs qui pourraient être touchés par le virus d’ici à la fin janvier, nous ne savons pas sur quels critères le ministre se fonde pour être aussi affirmatif. Depuis le début de la semaine, le ministère de l’Éducation nationale a recensé 47 453 positifs chez les élèves et 5 631 cas chez les adultes. Au total, 75 000 élèves et 3 000 adultes (personnels de tous bords) sont isolés. Par ailleurs, ce ne sont pas moins de 9 202 classes qui sont fermées en raison d’élèves ou enseignants positifs (chiffres actualisés à 13 heures, de précédents chiffres indiquant la fermeture de 10 800 classes et 25 000 enfants diagnostiqués positifs).

Faute d’anticipations, il n’y a pas d’outils adaptés à un suivi de l’école à distance compatible avec le travail habituel des enseignants… C’est autant vrai pour les enfants qui ne sont pas égaux devant l’accès au numérique que pour les enseignants qui pourraient bénéficier de logiciels, d’accompagnement numérique, plus intuitifs et plus fluides, tant pour le suivi des élèves que les cours à distance. Ce travail ne serait pas vain car il pourrait être ensuite utile en période normale.

Systématiquement, un manque d’anticipation… L’évolution numérique scolaire en est un exemple, mais l’absence de planification de l’installation détecteurs de CO2 et de purificateurs d’air dans toutes les classes et lieux périscolaires est un autre, particulièrement criant. Si on l’avait rendu obligatoire, voici 18 mois comme de nombreux acteurs l’avaient réclamé, et soutenu financièrement les communes, départements et régions pour ces investissements, la situation scolaire serait meilleure. On devrait aussi continuer à réduire le nombre d’élèves par classe, d’abord pour améliorer la réussite scolaire et aussi rendre plus aisée les distanciations physiques… En attendant les enseignants, dont les salaires n’ont pas été sérieusement revalorisés, sont découragés et à juste titre en colère. Les démissions se multiplient, les recrutements sont très difficiles et, avec cette politique, cela ne peut aller que de mal en pis.

Ne pas anticiper, c’est annoncer des tests qui ne seront pas réalisables et jamais suffisants. C’est négliger de renforcer la médecine scolaire, etc.

Le comble, c’est que cette succession de protocoles, que personne ne comprend (sauf je ne sais quel aréopage de hauts fonctionnaires et de cabinets ministériels), est annoncée la veille pour le lendemain non parce que le virus modifie la donne mais parce que ce qui avait été décidé était absurde. Car Blanquer c’est l’anti-Raison… Maintenant si un enfant est positif, ses petits camarades sont cas contacts ; ils sont testés ; s’ils sont négatifs, ils retournent à l’école puis à nouveau testés J+2 et J+4 ; ils peuvent être négatifs à J+2, devenir positifs à J+4 et entre temps ils ont pu contaminer leurs camarades… et le virus se propage dans la classe et ailleurs…

Il faut voir le stress des élèves, notamment les plus jeunes (mais pas seulement), qui s’inquiètent, multiplient les tests et sont très marqués par tout ceci. Il faut voir le désarroi des parents qui doivent se précipiter à la sortie du travail pour pouvoir emmener leurs enfants à la pharmacie, ne sont même plus sûrs (selon les territoires) de pouvoir rapidement réaliser le test PCR et ne savent pas s’ils pourront travailler le lendemain … et par ailleurs reçoivent des courriers électroniques dans lesquels les informations et consignes changent en permanence. Cela entame sérieusement la confiance de nos concitoyens dans une institution aussi peu fiable. C’est une calamité !

Alors si les enseignants font grève jeudi, tordons le cou à la propagande mobilisée contre eux et selon laquelle ils ajouteraient du chaos au chaos… Non ! ils sont des lanceurs d’alerte ! L’école publique ne peut plus tenir avec des bidouillages permanents, soit disant pour protéger l’économie… certes soutenir l’économie cela s’entend, mais pas aux prix de la désorganisation structurelle de l’école et d’une prise de risques évitable à l’égard des enfants et des enseignants.

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