Intelligence économique

La sécurité économique française ne devrait pas relever de Bercy, qui lâche prise dès que la libre concurrence entre en jeu – entretien à Major

Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin

Propos recueillis par Mélanie Roosen, entretien publié sur Major le 11 janvier 2022

Marie-Noëlle Lienemann n’a pas la langue dans sa poche quand il s’agit de pointer du doigt les failles de l’Europe ou de Bercy en matière d’intelligence économique. Pour combler le retard français, la sénatrice CRCE propose une loi portant sur la création d’un programme national d’intelligence économique.

Comment assurer une continuité dans la stratégie nationale d’intelligence économique d’un gouvernement à l’autre ? Pour la sénatrice du groupe Communiste, Républicain, Citoyen et Écologiste (CRCE) Marie-Noëlle Lienemann, il n’y a pas à tergiverser : il faut une loi qui inscrive le projet dans la durée, des instances qui partagent le pouvoir au-delà de l’exécutif, et des outils de sensibilisation à destination des dirigeants d’entreprise. 

Pouvez-vous nous présenter votre projet de loi pour la création d’un programme national d’intelligence économique ?

Marie-Noëlle Lienemann : Depuis des années, nombre de rapports ont pointé l’importance d’établir un programme d’intelligence économique. Le problème, c’est leur mise en place : les majorités changent, les gouvernements n’en appliquent que certains passages… Il n’existe donc aucune continuité, aucune visibilité pour une stratégie française à long terme. C’est pourtant ce dont nous avons besoin pour avoir une réelle force de frappe. Formaliser une loi permet d’assurer une pérennité, et d’obliger les parties prenantes à rendre des comptes. En ce qui concerne le contenu du projet de loi, il s’agit surtout de redéfinir les priorités de certaines filières particulièrement menacées et d’analyser les nouveaux modes de prédation, notamment issus du numérique. Pour s’assurer que nos moyens d’action sont suffisants pour prévenir les risques, il faut mettre en place un outil permanent de coordination. Toutes les forces à l’œuvre doivent se mobiliser en faveur de cette stratégie et veiller à sa diffusion sur l’ensemble du territoire. Les collectivités locales sont bien entendu concernées. On évalue mal l’efficacité des régions en matière d’intelligence économique. Or certaines, comme la Normandie, sont pionnières sur le sujet. Aujourd’hui, il n’est pas possible de connecter leurs actions aux orientations nationales.

LES DERNIERS ARTICLES