Marie-Noëlle Lienemann dénonce la manipulation des chiffres de la construction par le ministre du logement

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Paris, le 22 Septembre 2006
Le ministre du logement Jean Louis Borloo a
annoncé hier au congrès HLM de Bordeaux le doublement
de la production de
logements locatifs sociaux en 2006 et – qui dit mieux ? – le triplement, l’an
prochain.
Cessons de tromper ostensiblement les français et parlons
sérieusement. Les efforts de communication ne peuvent contrecarrer la réalité.

Déjà en 2005, on nous annonçait 75 000 agréments déposés, pour 80 000 programmés ! Et 30%
concernent du logement intermédiaire !
S’il est vrai que le nombre de dossiers déposés par les organismes d’HLM auprès des services de l’Etat a augmenté sans que l’on ait le moyen de connaître le vrai chiffre, rien ne dit que les dossiers déposés vont se transformer en logement. En effet, le parcours reste long entre le dépôt d’un dossier en DDE et la livraison d’un logement (3 ans en moyenne). Et encore faut il obtenir le permis de construire, purger les recours de tiers, boucler le financement, trouver des entreprises pour construire…
Seules statistiques sûres aujourd’hui : le nombre de logements réellement livrés et donc proposés à de nouveaux locataires. L’examen de ces données révèle l’écart croissant entre les agréments et les
logements réellement construits.
Bon an mal an, les chiffres varient peu et les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes. En outre, une bonne partie de cette production concerne le logement intermédiaire (PLS, PLI..) et non pas le logement attendu par les ménages les plus modestes (PLUS et PLAI).
Un plan de relance efficace est nécessaire mais il suppose des moyens conséquents en faveur du logement réellement social, moyens que le gouvernement n’a pas mis et n’est pas disposé à mettre ne sont pas disposés à mettre malgré la multiplication des effets d’annonces. On ne fait pas du logement social avec de bonnes intentions !
De même le ministre prétend vouloir s’attacher à l’accession sociale Or, il est alarmant de constater que si on prend les familles gagnant moins de 3 SMIC, elles étaient 330 000 en 2001, elles ne sont plus que 256 000 en 2005 à pouvoir accéder. C’est donc 77 000 ménages aux ressources modestes et moyennes qui sont touchés chaque année par la désolvabilisation. Les discours généreux sur l’accession ne résistent pas à l’autopsie des chiffres.
Que ce soit en locatif ou en accession le logement social est le parent pauvre et l’abandonné de l’actuel gouvernement.

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