Pour un engagement républicain contre les discriminations

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Je vous invite à signer le texte pour un engagement républicain contre les discriminations, dont l’initiateur est Jean-François AMADIEU (Observatoire des discriminations, Professeur Université de Paris 1)

Le site internet : http://www.engagement-republicain.org/

Le Texte

La lutte contre les discriminations et pour une véritable égalité suppose des actions vigoureuses. Celles-ci consistent notamment à soutenir les efforts du système éducatif, à moderniser profondément les processus de recrutement et de déroulement de carrière, à ouvrir et garantir l’accès de tous aux biens et services. Nous, signataires de cet engagement, partageons la conviction de l’importance de cet enjeu, le diagnostic des efforts qu’a encore à effectuer la France en ce domaine et avons un objectif commun d’égalité.

Pour évaluer les discriminations en raison des origines et pour mesurer
les progrès réalisés il faut disposer de données statistiques. Les
informations actuellement disponibles permettent de constituer de
telles données. Des enquêtes par test, consacrées par la loi en 2005,
permettent de mesurer les discriminations par exemple dans l’accès au
logement, à l’emploi ou encore aux boites de nuit. Dans les entreprises
et dans les enquêtes nationales nous disposons d’informations comme la
nationalité ou le pays de naissance du répondant (ou de ses parents
parfois). Le prénom des individus est également disponible et
suffisamment corrélé aux origines. Il est donc parfaitement possible en
l’état actuel de mesurer les phénomènes discriminatoires c’est-à-dire
l’inégalité des chances d’accès à un emploi, au logement ou à certaines
formes de consommation. Les discriminations en raison des origines, du
handicap, du sexe, de l’âge, de l’apparence physique ou encore du lieu
de résidence font déjà l’objet de mesures précises.

Vouloir aller plus loin en sollicitant des individus qu’ils déclarent
leur ethnie, leur «race », leur religion ou encore leur orientation
sexuelle est inutile dans le cadre de la lutte contre les
discriminations et pour l’égalité des chances.

Inutiles, les statistiques ethniques sont également dangereuses. Loin
de donner une image de la diversité, elles reviendraient à la
simplifier outrageusement. Il est impossible de classer une population
d’origines multiples en représentant cette diversité. Une
classification unique serait forcément réductrice et inappropriée. Elle
inventerait des groupes qui n’existent pas, créerait des divisions là
où il y a rapprochement, suggérerait homogénéité là où il y a
diversité, mettrait des frontières là où il y a continuité. Les
statistiques ethniques auraient pour effet de faire droit à la notion
de «race » – dont chacun reconnaît le caractère non scientifique et le
danger – et de développer les affrontements communautaires.

L’établissement de telles statistiques n’aurait de sens que dans le
cadre de politiques de discrimination positive : refuser l’accès au
logement en raison d’une soi-disant appartenance raciale, donner une
priorité en fonction de la couleur de peau dans l’accès à l’emploi,
réserver des marchés publics selon la composition des effectifs d’une
entreprise ou la « race » de son dirigeant, faire correspondre la
composition des effectifs d’une entreprise à son bassin d’emploi,
limiter la surreprésentation d’une religion au sein d’une profession ou
encore ajuster la composition des équipes de sport nationales aux
caractéristiques ethniques ou raciales de la nation, qui seraient
inventées pour l’occasion.

Nous rejetons ce type de discours et de politiques discriminatoires,
parées des vertus de l’égalité réelle, mais qui portent en elles les
germes du racisme et de l’antisémitisme. Les statistiques ethniques ne
sont donc pas un outil de lutte contre les discriminations mais
risquent d’être l’instrument de certaines formes de discrimination.

– Nous nous engageons à poursuivre notre combat contre les
discriminations et pour l’égalité et à utiliser les informations
actuellement disponibles pour étudier ces réalités et mesurer les
progrès accomplis.

-Nous refusons que soient collectées des informations sur l’ethnie ou
la « race » des individus, leurs appartenances religieuses, leurs
engagements philosophiques, politiques et syndicaux ou encore leurs
orientations sexuelles dans l’objectif de connaître la composition
précise d’une école, d’une entreprise, d’une profession, d’un quartier
ou d’un immeuble, des populations délinquantes ou carcérales.

– Nous invitons chacun à préserver, pour lui-même et pour les autres,
le principe d’égalité comme celui de liberté qui commence par le droit
à ne pas devoir choisir et révéler son appartenance ethno-raciale, sa
religion, ses opinions ou son orientation sexuelle.

– Nous affirmons notre attachement au principe d’égalité, fondateur de
notre République, qui interdit que l’accès à un emploi, une formation,
un bien ou un service puisse dépendre, même provisoirement et
partiellement de l’appartenance ou de la non appartenance à une ethnie,
une race, une religion.

Paris le 1 février 2007,

A l’appel de Jean-François Amadieu
Directeur de l’Observatoire des discriminations,
Université Paris I Panthéon Sorbonne
17 rue de la Sorbonne 70005 Paris

Les 35 premiers signataires

JEAN-FRANÇOIS AMADIEU
Observatoire des discriminations
Professeur Université de Paris 1

PATRICK WEIL
Directeur de recherche au CNRS-Université de Paris 1

ALAIN BLUM
Directeur de recherche à l’INED et directeur d’études à l’EHESS

SAMUEL THOMAS
EGAL (Expertise et Formations contre les discriminations), Vice Président de SOS Racisme

MOULOUD AOUNIT
Secrétaire General du MRAP

PATRICK GAUBERT
Président de la LICRA (Ligue Internationale contre le Racisme et l’Antisémitisme).

DOMINIQUE SOPO
Président de SOS racisme

ALAIN OLIVE
Secrétaire général de l’UNSA

PATRICK GONTHIER
Secrétaire général UNSA Education

JACQUES VOISIN
Président de la CFTC

FREDRIQUE BARTLETT
Commission exécutive de la CGT

MOHAMMED OUSSEDIK
Commission exécutive de la CGT

ALAIN LECANU
Secrétaire National CFE-CGC
Emploi / Formation

VERONIQUE LOPEZ-RIVOIRE
Représentante de la CGT-FO au comité consultatif de la HALDE

HERVE LE BRAS
Directeur d’études à l’EHESS

JACQUELINE COSTA-LASCOUX,
Directrice de recherche au CNRS-CEVIPOF

KARIM ZERIBI
Président-fondateur d’APC Recrutement, Président du Parlement des Banlieues.

EMMANUEL TODD
Chercheur à l’INED

GILLES KEPEL
Professeur des universités à l’Institut d’Etudes politiques de Paris

JEAN-LOUP AMSELLE
Directeur d’études à l’EHESS

GWENAËLE CALVES
Professeur de droit,
Co-responsable du groupe ‘politiques anti-discriminatoires’ (CERI-FNSP),

JUSTIN DANIEL
Professeur de science politique
Université des Antilles et de la Guyane
Doyen de la Faculté de droit et d’économie de la Martinique

FREDERIC REGENT,
Historien, Université des Antilles et de la Guyane.

TIENNOT GRUMBACH
Avocat

GILBERT MEYNIER
Historien de l’Algérie

DANIELLE BÉGOT,
Professeur des universités en histoire, AIHP (Archéologie industrielle, Histoire, Patrimoine, Université des Antilles et de la Guyane.

SOPHIE BODY-GENDROT,
Professeure à l’Université Paris IV

THIERRY SIBIEUDE
Professeur à l’ESSEC
Responsable du programme « une grande école pourquoi pas moi ? »

MICHEL GIRAUD
Chercheur au CNRS
Centre de Recherche sur les Pouvoirs Locaux dans la Caraïbe, Université des Antilles et de la Guyane

DIDIER LAPEYRONNIE
Professeur de Sociologie à l’Université de Bordeaux

MARIE THERESE LANQUETIN
Juriste, Université Paris X Nanterre

LAURENT EL GHOZI
Président de l’ASAV, Association de soutien et d’aide aux Gens du Voyage.

JOCELYNE DAKHLIA
Directrice d’Etudes EHESS

JEAN-HERVE COHEN
Responsable national des classes préparatoires SNES-FSU

ARNAUD DE BROCA
Secrétaire général adjoint de la FNATH

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