Mes premières réactions hier soir se résumaient en trois mots : Tristesse, colère, détermination

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Tristesse, car la victoire de N Sarkozy est  nette et que cela sera lourd de conséquences négatives pour notre modèle social et républicain, pour la vie quotidienne et l’avenir de  millions de nos concitoyens.

Colère, on devait gagner. C’était possible et même probable. Que d’erreurs accumulées.

Détermination, il est urgent de rendre à la gauche sa fierté, sa force et de repartir au combat sur de nouvelles bases.

Alors, à chaud j’ai jeté quelques analyses à grands traits.

Une lourde défaite
Ségolène Royal a essuyé une double défaite : au premier tour, elle n’a pas su mobiliser et capter l’ensemble des électeurs de gauche. Elle a siphonné les voix de nos partenaires et n’a pu convaincre bon nombre d’hommes et  de femmes de gauche qui attendaient de vrais changements, des propositions précises sur le terrain économique et social et une crédibilité politique pour porter un nouveau développement  de notre République et le rayonnement de la  France en ce début de 21ème siècle. Ségolène Royal n’a pas répondu à leurs espérances. En tout cas, il est clair que la gauche française n’est pas tombée à 37%.(En 1995 le total Gauche et Vert faisait 40,5% , en 2002 42,9% notre score total est donc tombé de 6 point alors que la droite était au pouvoir , que nous avons gagné les régionales, cantonales et européennes, que le NON porté par l’électorat de gauche fut majoritaire,  que les mouvements sociaux étaient forts et le rejet de Sarkozy initialement puissant).
Cet électorat  est plus «  flottant » que centriste. Il a voté Bayrou parce qu’il ne voulait pas voter  Royal et pensait voter utilement pour battre Nicolas Sarkozy. Il faut ajouter, qu’effectivement, bon nombre de Français espèrent un véritable renouvellement de la politique et si la gauche ne présente ni une dynamique nouvelle ni des changements de fond et se contente de proposer des modifications de forme ou de méthode, elle laisse durablement «  flotter » cet électorat qui hier s’est en partie tourné vers  Chevènement et d’autres candidats divers et cette fois vers Bayrou. 
La danse du ventre en direction du «  centre » entre les deux tours n’a fait qu’accélérer la catastrophe. Cette ligne est à chaque fois une véritable catastrophe pour la gauche, car elle démobilise notre électorat  sans convaincre les vrais centristes qui sont la plupart du temps de droite et qui de touts façon vont toujours du coté du vent, du plus fort. La formule de François Mitterrand est toujours d’actualité : Rassembler les nôtres au premier tour pour  entrainer les autres au second !
Ce fut, une fois de plus, confirmé cette fois ci. Nous  avons  au mieux récupéré au second tour les voix que nous avions perdu au premier et que, de toute façon, nous aurions retrouvé dans une logique « anti Sarkozy », mais avec  la stratégie d’alliance au centre nous avons non seulement perdu notre âme mais aussi bon nombre de nos électeurs.  Le sursaut  est désormais indispensable. Il passe par une triple exigence : refuser définitivement une ligne d’alliance et de fricotage au centre, retrouver  sans complexe l’identité de la gauche, rassembler toute la gauche en créant un grand mouvement progressiste, social et Républicain.

Un gâchis terrible : la gauche devait gagner
Qu’on arrête de nous seriner avec des comptes d’apothicaires sur «  on ne peut pas faire  sans le centre », ce qui  fut au cœur de la campagne, ce fut de fait Jaurès et Blum  qui, comble de paradoxe, furent sans cesse cités par Sarkozy voire Bayrou ! Cette présidentielle était gagnable, mais il eut fallu une autre stratégie et, de fait, une autre candidate.
La gauche avait tous les atouts en main, la forte volonté de changement, les préoccupations sociales et économiques absolument prioritaires, un socle qui avait atteint plus de 50% aux régionales, des mobilisations  sociales importantes et le beau combat du CPE, le non au référendum porté dans une très large majorité par la gauche et qui permettait de renouer avec les couches populaires….
Mais plutôt que d’affirmer un projet avec une forte colonne vertébrale, de gauche, de résistance au libéralisme, que de proposer des  améliorations tangibles immédiates pour nos concitoyens et le monde du travail, Ségolène Royal nous a emmené dans un discours sur la méthode, sur la forme ( et rarement sur le fond) qui s’est avéré très vite inconsistant et, en tout cas, incapable de faire front face à un Nicolas Sarkozy , lui très structuré sur une idéologie de droite mâtinée de pseudo défense des travailleurs en citant Blum et Jaurès. Voilà la racine de l’échec d’aujourd’hui.
Certains, toujours les mêmes, ceux qui nous ont conduits dans toutes les impasses continuent leur croisade sur l’archaïsme de la gauche pour nous faire abandonner sa force et sa vigueur.  Ce n’est pas la gauche qui est faible, c’est la campagne et des choix antérieurs qui l’ont dévitalisée, divisée et anesthésiée.

Le sursaut à gauche
Le sursaut s’impose d’abord pour que les socialistes et la gauche  fassent le meilleur score possible et que tous les pouvoirs ne soient pas laissés à la droite et à Nicolas Sarkozy. C’est pourquoi il est essentiel que la campagne législative soit conduite dans la collégialité la plus totale. Le temps du «  Moi, Je » doit être révolu. Il est tout aussi essentiel que la stratégie soit claire : le rassemblement des forces de gauche et en aucun cas des alliances au centre.
Mais au-delà nous avons besoin de reconstruire une gauche sans complexes qui assume son identité et sait ainsi trouver des réponses nouvelles aux grands défis contemporains, une gauche forte et unie dans un grand mouvement  progressiste, social et républicain.

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