Nicolas Sarkozy a fait son premier discours au parlement Européen, ce 13 novembre à Strasbourg.

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Au-delà de la forme oratoire et le sens de la communication qu’on lui
connait, ce qui m’a frappé est l’immense écart entre son discours et
ses actes ou les décisions prises.
Une fois de plus, il utilise de «
belles paroles » pour jeter un rideau de fumée  sur les réalités, et en
l’occurrence celles du nouveau traité, identique à la
constitution, qui interdit justement ce qu’il promet.


Pas une fois le mot social et les services publics !

Avant de parler de ce qu’il promet, évoquons ce qu’il omet : à aucun
moment de son long discours, il n’évoquera ni l’Europe sociale, ni la
défense des services publics; pourtant au cœur des attentes des
Français ! Il faut dire que sur le social, il était bien en peine de
tenter d’être convaincant…

En tout cas, il y a un fossé impossible à combler entre ce qu’il approuve dans le nouveau traité et ce qu’il préconise ou prétend attendre de l’avenir de l’Europe. Prenons quelques exemples frappant, car importants pour les français :
N Sarkozy explique devant le parlement que l’unanimité, en Europe, interdit d’avancer. Or justement cette prise de décision à l’unanimité est  maintenue pour les sujets clefs de la fiscalité et du social ! Or ces deux points sont cruciaux pour éviter le dumping social et fiscal !
Il parle de protection et de préférence communautaire et approuve un projet de traité qui accentue l’ouverture libérale des frontières (amendement à l’article 10 A du traité *)
Il condamne verbalement l’indépendance sans contrepoids politiques de la BCE or le traité de Lisbonne modifie les textes européens pour réaffirmer avec plus de force l’indépendance de la BCE et son unique objectif de lutte contre l’inflation.

Il a clairement avoué au Parlement européen qu’il avait échangé l’absence de référendum en France, la ratification parlementaire contre la réouverture du débat entre européens sur le traité institutionnel, alors même que ce réexamen était inéluctable, après les non français et néerlandais. C’est échanger l’abandon de la souveraineté populaire du peuple français contre un plat de lentille, c’est un marché de dupe.
En revanche, Nicolas Sarkozy n’a jamais répondu à la question : qu’a-t-il obtenu pour répondre aux attentes du peuple français dans ce texte.
Or le contournement du suffrage universel est un poison mortel pour notre démocratie et l’avenir de la construction européenne.
Contradictions encore, lorsque N Sarkozy proclame qu’il ne faut pas avoir peur du peuple, que l’Europe ne saurait se construire sans le peuple et qu’il fait le contraire. Il n’a pas de complexes à expliquer tout de go devant les parlementaires européens que puisqu’il avait annoncé pendant les présidentielles qu’il ratifierait le « mini traité » par voie parlementaire, cela était décidé ! Il oublia au passage de dire aux européens  que les députés et sénateurs français peuvent l’y contraindre.
Par ailleurs, en démocratie, aucune élection d’un Président de la République ne vaut mandat pour contourner le suffrage universel et appliquer sans adhésion populaire tout ce qu’il a dit à un moment ou à un autre de sa campagne !

Les députés européens, certes très attentifs, sont restés circonspects : la droite s’étonnant de ses déclarations contre le capitalisme financier, ses intentions de protections communautaires ou sur la BCE, alors que le futur traité préconise l’inverse.
La gauche constatant que la politique menée en France est antagoniste à ses vœux pieux européens.

Ce double discours, cet écart phénoménal entre les annonces et les actes sont dangereux pour l’avenir de l’Europe et la crédibilité de la France.

* L’article 10A précise en effet que « la politique commerciale de l’Union  vise à encourager l’intégration de tous les pays dans l’économie mondiale, y compris par la suppression progressive des obstacles au commerce international ». Puis, il est indiqué que: « l’union contribue à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et aux investissements directs ainsi qu’à la réduction des barrières douanières et autres ». Ce texte durcit le traité de Rome dans un sens encore plus libéral, puisqu’y sont ajoutés les investissements étrangers directs (qui furent au cœur du débat sur l’AMI, accord multilatéral d’investissement et nous désarme devant les fonds souverains étrangers ou les hedge funds)  et surtout la mention « et autres », qui concerne les conditions sociales et environnementales.

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