« Et l’Europe sociale ? »

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Interview publiée dans Nord Eclair le 07/05/2008

Nord_eclair
RECUEILLI PAR CHRISTELLE JEUDY > La députée européenne socialiste, Marie-Noëlle Lienemann, continue à faire entendre sa voix sur l’Europe sociale qui reste encore à construire. Et à moins de deux mois de la présidence française, elle dit ses priorités.

Quelles sont vos espérances à moins de deux mois de la présidence française du conseil de l’Union européenne ?

>> J’espère que Nicolas Sarkozy reprendra dans le débat européen les sujets sur lesquels il a fait de nombreuses promesses mais qu’il a depuis oubliés, comme la protection et la lutte contre les délocalisations, la capacité à défendre l’industrie et donc, notre modèle social. Il avait également promis que l’euro serait au service de la croissance, or, le mini Traité a consolidé l’indépendance de la Banque centrale européenne.
La question de l’environnement doit aussi être posée. On avait parlé de taxer les importations des pays ne respectant pas le protocole de Kyoto ou d’une TVA basse ou égale à 0 % sur les produits verts. C’est ce qu’il faut si on veut que les Français investissent dans les économies d’énergie. Or, avec ce que Nicolas Sarkozy a déjà accepté, on est sûr que l’impuissance fiscale européenne sur la TVA va se poursuivre.

Si vous deviez de nouveau voter sur la Constitution européenne, ce serait toujours non ?

>> Ça serait plus que non ! On en arrive à une mondialisation
avec de nouveau des émeutes de la faim, les inégalités ne cessent
d’augmenter. Le bilan mondial libéral est très alarmant alors que
l’Europe avait des atouts pour mettre en place une économie innovante,
prospère et un modèle social fort. La Constitution européenne nous a
plongés dans la libéralisation.

Dans quel sens alors réorienter la politique européenne ?
>>

Il y a plusieurs priorités, en premier celle de l’Europe sociale. Il
faut un nouveau texte avec au moins l’établissement du principe des
convergences sociales et un SMIC européen unique. Il faut aussi
remettre en cause la législation qui permet aux entreprises venant d’un
autre pays de ne pas respecter les normes sociales, ça casse les
modèles les plus favorables. Il faut des mesures fiscales pour les
économies d’énergie, comme la taxe carbone mais aussi une avancée des
crédits de la recherche dans ces domaines. Il faut encore garantir aux
paysans un niveau de vie correct en Europe. Mais l’Europe devrait
surtout se saisir des problèmes qui concernent directement les peuples,
comme l’économie, la baisse du pouvoir d’achat et la crise financière.

Comment la France est-elle perçue par ses voisins européens ? >>

Très mal par les élites libérales pour qui les Français sont des
empêcheurs de tourner en rond, des élites pour qui le vote du mini
Traité par la France a cependant été perçu comme un succès idéologique.
Pour les autres, notamment le monde des syndicats, il y a une
admiration pour la France qui tient bon sur certaines valeurs mais pour
eux, Nicolas Sarkozy s’attaque aujourd’hui à l’identité française. •

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