Questions pour un congrès

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Cette tribune des premiers signataires de la contribution Changer ! a été publiée sur le site de Marianne2.fr

Il faut sortir de la spirale actuelle : la gauche, éclatée et atone,
semble incapable d’incarner une alternative crédible à une politique
pourtant de plus en plus impopulaire.
Le PS déçoit son électorat. Face à la crise du système, il se contente
d’analyses tièdes et de réponses convenues. Face à la droite, il peine
à s’opposer résolument et efficacement.
Les militants, les sympathisants, sont déboussolés car les querelles internes l’emportent sur le nécessaire débat stratégique.
Réussir le Congrès de Reims, c’est créer les conditions d’un retour de
l’espoir. Cela passe par des choix clairs, par des réorientations
majeures. C’est
pourquoi nous demandons aux autres signataires de contributions
générales de se concentrer sur les objectifs prioritaires de ce congrès
: Quelle analyse de la crise actuelle du capitalisme financier ?
Quelles pistes pour construire une alternative économique et sociale ?
Quelle stratégie pour gagner en 2012 ?

Pour notre part, nous défendons sur ces points des positions sans
ambiguïté, que nous souhaitons faire partager au plus grand nombre de
socialistes :

L’objectif du congrès : 

• 1er point: Est-on d’accord pour choisir d’abord une ligne et une stratégie ?
Il ne s’agit pas de désigner le prochain candidat socialiste pour 2012,
à travers le choix d’un 1er secrétaire. Ce congrès, plus que tout
autre, devra définir une ligne politique claire, sans que les querelles
de personnes et le choc des ambitions (souvent légitimes) viennent
entraver le débat. Il devra aboutir à un texte dynamique, et non à des
synthèses sans consistance et sans souffle.

• 2ème point : est-on d’accord pour un nouveau fonctionnement et un nouveau développement du PS?
Le congrès doit aussi prendre des dispositions permettant d’assurer un
fonctionnement nouveau et collectif du parti, préfigurant ce que
pourrait être un parti rassemblant toute la gauche, associant
réellement les militants et s’ouvrant largement à toutes les forces
vives de la gauche (syndicats, associations, etc…). Le congrès devra
arrêter un plan d’action et de développement, ainsi qu’une série de
conventions thématiques, ouvertes à toute la gauche.

• 3ème point : Est-on d’accord pour un pacte majoritaire avec la gauche du PS ?
Si le congrès n’aboutit qu’à une redistribution de cartes entre les
mêmes responsables qui ont tous dirigé, depuis plus de 10 ans, la
majorité du PS, il est à craindre que les insuffisances et problèmes
passés perdurent et empirent. Le premier changement dans le
fonctionnement du PS serait que la gauche du PS et la jeunesse
constituent un pôle majeur de la future majorité. Celle-ci doit être
établie sur un pacte clair, qui doit être soumis au congrès avant
l’élection d’un nouveau premier secrétaire.

La stratégie pour gagner et  engager une véritable relance de la gauche : 

• 4ème point: Est-on d’accord sur des alliances claires et à gauche ?
Pour nous, le rassemblement de la Gauche, seule voie garantissant le
succès électoral et la capacité à transformer en profondeur la société,
est incontournable. L’alliance au centre est une impasse, le cartel
électoral de la gauche de gouvernement est insuffisant. Ce qu’il faut,
c’est une nouvelle étape de l’unité de la Gauche.

• 5ème point : Comment engager cette  nouvelle étape de l’Unité de la gauche ?
Tout plaide aujourd’hui pour la préparation d’un parti de toute la
gauche qui fédère les partis existants (PS, PC, Verts, MRC, PRG….) et
surtout qui crée un mouvement d’entraînement de celles et ceux qui, de
plus en plus nombreux, ne se reconnaissent pas dans le paysage actuel
de la gauche. La rénovation de la gauche ne peut s’opérer en vase clos
! Le congrès doit arrêter des initiatives concrètes en vue d’avancer
rapidement dans cette direction.

Sur l’analyse de la crise actuelle du capitalisme financier et sur les réponses à y apporter : 

• 6ème point : veut-on une gauche porteuse d’une alternative et
sera-t-on au rendez vous du changement de cycle qui s’engage dans la
mondialisation ?

Rares sont les contributions au Congrès de Reims qui mettent en avant
l’urgence d’inventer une alternative au capitalisme financier
transnational, pourtant en crise majeure. Les évènements récents
révèlent l’ampleur de cette crise. Ils montrent aussi qu’un nouveau
cycle est engagé, qui prépare des bouleversements importants (retours
des Etats, nouvelle donne géostratégique), impose de profondes remises
en cause (financiarisation, gaspillage des ressources, libre
circulation des capitaux et des biens sans contrôle et sans
protections…) et de nouvelles réponses.

• 7ème point : est on prêt à « changer l’Europe », à rompre avec le libre échange généralisé ?
La crise actuelle montre les dérives et les dangers d’un libre échange
multilatéral généralisé. Les échanges blocs à blocs reviennent au
premier plan. On doit en tirer deux conséquences : l’urgence d’une
réorientation majeure de la construction européenne d’une part ; la
nécessité de penser des protections de nos économies et de nos
sociétés, dans le cadre d’échanges équitables et négociés d’autre part.
A un an des élections européennes, il est temps de faire des choix
décisifs.

• 8ème point : Est-on prêt à la révolution écologique ?
Le réchauffement climatique, la raréfaction des matières premières et
des énergies fossiles, l’état alarmant de la pollution des eaux et
autres ressources naturelles obligent à repenser totalement notre mode
de développement, à relocaliser bon nombre des activités productives et
à investir massivement pour cette nouvelle économie durable. Il ne
s’agit pas de proposer un ripolinage cosmétique, mais de se préparer à
des bouleversements considérables dans nos pratiques.

• 9ème point : Sommes nous d’accord sur des points clés pour la reconquête idéologique et un nouveau projet de société ?
Nous souhaitons que le congrès affirme la détermination des socialistes
d’agir au pouvoir pour casser la logique de la financiarisation et pour
restaurer une véritable capacité d’intervention de la puissance
publique, voire du capital public. Cela passe par la défense de nos
services publics, par une relance vigoureuse de l’investissement public
(recherche, innovation, infrastructures), mais aussi par la maîtrise
collective de certains biens communs, comme l’eau. Redistribuer les
richesses, regagner le terrain perdu par le travail par rapport au
capital, repenser la fiscalité doit constituer des objectifs
prioritaires pour la gauche.

• 10ème point : Est-on volontaire pour une opposition résolue
et efficace contre Sarkozy et pour présenter des réponses aux attentes
les plus urgentes des Français ?

Dans l’immédiat, le PS devrait proposer aux autres partis de gauche
l’organisation d’Etats Généraux ayant pour but d’établir une plateforme
immédiate de relance du pouvoir d’achat et de la croissance, mais aussi
de jeter les bases d’un « manifeste pour une alternative économique et
sociale ».

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