Livret A : ne pas opposer la rémunération de l’épargne populaire et la relance de la construction de logements sociaux !

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La baisse de la rémunération à 2,5% des dépôts du livret A est critiquée par ceux qui veulent, à juste titre, défendre la rémunération de l’épargne populaire et le pouvoir d’achat de nombreuses familles modestes. Elle est accueillie positivement par ceux qui se félicitent des marges de manœuvre ainsi dégagées pour le logement social (puisque les prêts pour les logements HLM sont des prêts versés par la caisse des dépôts et consignations, abondés par le livret A). Il faut sortir de ce dilemme, à savoir de ne plus mettre en concurrence deux causes toutes deux importantes.

Je suggère pour ma part une nouvelle base pour la construction de logements sociaux, à savoir la création d’un Prêt à Taux Zéro octroyé aux organismes HLM, pour construire des logements sociaux ou très sociaux.

Cette mesure permettrait de mieux rémunérer l’épargne populaire sans gêner les HLM. En effet, l’écart entre l’actuel taux (lié à la rémunération du livret A) et le taux zéro pourrait être financé soit par une partie des bénéfices de la Caisse des dépôts (produits des fonds d’épargne ou autre) soit comme une aide à la pierre venant du budget de l’Etat ! Car il est certain que nous ne pourrons  atteindre une production annuelle de 100 000 logements sociaux – chiffre annoncé par Sarkozy dans son programme présidentiel- qu’en accroissant l’aide à la pierre dans le budget de l’Etat. D’ailleurs le Parti Socialiste dans son contre plan de relance propose le doublement de la dotation en aide à la pierre pour les logements HLM afin de doper la construction et atteindre 300 000 logements sociaux réalisés en 2 ans (ce chiffre est bien supérieur aux promesses de la candidate du PS aux présidentielles, il est boosté pour relancer le BTP et surtout améliorer l’accès au logement pour nos concitoyens les plus modestes). En instaurant un PTZ HLM on dépasserait le doublement de cette aide, mais je pense que sans cette injection forte, immédiate et simple, de subventions complémentaires non seulement nous n’atteindrons pas les objectifs qualitatifs mais nous poursuivrons dans une voie où la production de logements sociaux se fera avec des loyers de sortie trop élevés pour la plupart des demandeurs de logement.

L’autre avantage d’un PTZ HLM serait de sortir le mouvement HLM de l’incertitude liée à un financement de ses activités à taux variable. Car le niveau du livret A a non seulement des conséquences sur la construction neuve mais sur les remboursements opérés sur les prêts et constructions passés. Lorsque les taux montent, les budgets sont mis à mal, et les organismes n’ont plus assez de fonds propres pour réaliser de nouvelles opérations, elles baissent leurs programmation et des que  les taux baisses si de nouvelles opportunités financières sont là, le temps de lancer de nouveaux projets et la situation a pu changer. Il vaut mieux avoir des prêts à taux fixes pour permettre un engagement permanent et suffisant comme des programmations fiables.

Reste que j’avais, en son temps, désapprouvé l’initiative de Dominique Strauss-Kahn de mettre en place une automaticité de l’actualisation du livret A sur des critères purement techniques, affaiblissant le rôle déterminant du gouvernement et de l’Etat pour fixer le taux de l’épargne populaire. C’était une erreur qui allait dans le sens de cette tendance, dont on voit les effets désastreux, de laisser la finance et l’économie aux mains de normes techniques, des lois du marché. Evidemment, N Sarkozy se dédouane en invoquant ces critères dits « objectifs » pour réduire la rémunération des livrets A. IL faut en revenir à une décision politique sur ce sujet crucial.

Enfin, il est à craindre que la banalisation de la collecte du livret A accélère la tentation pour certains titulaires de ces livrets de se reporter vers d’autres produits bancaires présentés (souvent avec de grands risques) en période de moindre rémunération ; déjà les banques vantent leurs produits maison en substitution… C’est un des grands dangers de cette banalisation. Il sera peut être limité dans l’immédiat vu l’incertitude qui plane sur les placements financiers, mais à terme cela peut  s’avérer terrible et réduire de façon inquiétante les ressources du logement social ! Dites le autour de vous, placer vos économies sur les livrets A !

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