Inacceptable débauchage des élus Modem sur la liste de Ségolène Royal !

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Ségolèn
Ségolène Royal annonce fièrement «  une prise de guerre », en présentant sa liste avec  cinq dissidents du Modem ! C’est une grave erreur et cela ne fait que renforcer cette confusion politique qui lui fut fatale lors des élections présidentielles. Cela affaiblit la gauche et fait le bonheur de Nicolas Sarkozy.


Cette attitude est inacceptable pour des socialistes sincères et non pour des motifs de sectarisme présupposé !

Premier point, le congrès du PS a une très large majorité (plus de 60%) rejeté toute idée d’alliance au centre et réaffirmé la nécessité d’assurer le rassemblement de la gauche ! Certes Ségolène Royal peut s’asseoir sur les choix d’orientation du Parti et de ses militants. Elle peut juger que les choix de personne passent avant tout, faisant référence à son score lors de l’élection au poste de premier secrétaire.

Il est pourtant bien illusoire d’imaginer pouvoir se passer du soutien de ses camarades et jouer contre les siens. Ségolène Royal peut avoir un égo démesuré, il l’égare. Une fois de plus, elle imagine gagner contre le PS. D’ailleurs les militants ont manifesté leurs doutes lors de la désignation interne. Elle fut la tête de liste PS la moins bien élue. Qui peut imaginer que cela n’aura aucun impact sur la campagne ?

Certes le rejet de la politique gouvernementale, un scrutin de listes où , en dépit de cette composition plus que critiquable, se retrouvent des militants et élus sincèrement à gauche  peuvent assurer dans cette région – et j’espère la plupart- la victoire de la présidente sortante. Mais le prix politique viendra de toute façon, à un moment ou un autre . Evitons cela maintenant.

Ségolène Royal a fait cette annonce du débauchage des élus sortants du MODEM, sans avoir recueilli l’accord des socialistes picto-charentais. Bon nombre d’élus avaient manifesté leurs réticences depuis longtemps ! Elle les a pris en otage et mis devant le fait accompli. Ils auraient bien tort de laisser faire.

Second point, cet accord au premier tour rendra plus difficile le rassemblement de toute la gauche au second. Les autres partis de gauche ne manqueront pas de manifester leurs désaccords tant sur le fond que sur la méthode.

Sur le fond, parce que la plupart des électeurs savent que l’opposition à Sarkozy ne fait pas une politique et que par exemple sur les retraites ou la relance de l’économie par la redistribution sociale, les amis de Bayrou ne sont pas d’accord avec les socialistes. En cette période de crise sociale, ce n’est pas une mince affaire.

Sur la méthode aussi, car il en va d’une certaine conception de l’éthique en politique ! Les électeurs qui ont déjà du mal à se sentir motivés par la participation au vote des régionales, risquent de ne pas être très prompts à participer à ce qui peut leur paraitre comme une tentative de plébiscite, une entreprise d’affaiblissement du message de la gauche ou une sorte de jeu politicien pour le pouvoir et non le combat pour un projet de société et de transformation des conditions de vie de nos concitoyens !

Incapable d’avoir rassemblé, dès le premier tour, les Verts, le Front de gauche, Ségolène  Royal a tort de voir dans le ralliement des ces élus centristes un renforcement. Ce choix éloignera au premier tour des électeurs de gauche qui aurait pu «  voter utile » et ne le feront pas, refusant de cautionner la confusion. Il tend les relations avec nos alliés pour le second tour.

De la même façon ses débauchages individuels chez les Verts auront un effet dévastateur sur la dynamique de deuxième tour et les discussions avec nos alliés. Il est d'ailleurs assez étonnant de voir à quel point Ségolène Royal met en avant les dissidents verts et MODEM de sa liste plutôt que les radicaux de gauche, avec lesquels nous avons nouer un accord politique et qui eux ne présentent pas de liste contre nous…

Permettez-moi de jouer une minute l'ancienne combattante et de rappeler une des principales leçons que m'a apprise François Mitterrand : en politique, soit on trouve un accord sur un programme et une liste communs pour construire une dynamique unitaire, soit on se nourrit de nos différentes identités politiques en les respectant au premier tour pour mieux se nourrir de leur force au deuxième tour.

Mais à ne faire ni l'un ni l'autre on ne récolte que les inconvénients des deux options : la division et la rancœur. Et il ne s'agit pas seulement que des élus et des appareils : il s'agit d'abord et avant tout des électeurs, nos électeurs, ce peuple de gauche en plein désarroi qu'il nous faut reconquérir en faisant renaître l'espoir de lendemains meilleurs, et osons le dire de nouvelles conquêtes sociales, et non par des attitudes de diva et des stratégies de marketing.

La méthode, elle-même, est assez déplorable et s’inscrit dans une étrange symétrie avec les manœuvres de Sarkozy, à savoir le débauchage individuel de personnalités, plus ou moins frustrées dans leurs partis, qui vont à la soupe dans le camp d’en  face ! A peine passées dans l’autre bord, elles renient leurs convictions en sombrant dans un cynisme peu reluisant ; en tout cas tant que le pouvoir est solide et fort. L’histoire montre qu’à la première fragilité de ceux qu’ils ont rejoint, ils trahissent et repartent  avec armes et bagages ailleurs !!! Le terme «  prise de guerre » est bien révélateur : on s’affronte en vase clos entre gens du même monde, plutôt que de proposer des alternatives politiques soumises au choix des électeurs et qui mettent en mouvement, très largement,  la société.

Et ce n'est pas un hasard si, fidèle à sa stratégie de triangulation, qui nous a fait tant de mal en 2007, Ségolène Royal reprend à nouveau les mots de l'adversaire " Poitou-Charentes, notre fierté ", tel est son slogan ; et l’ « Identité régionale » était au menu  de son premier meeting !

Les électeurs ont bien compris que les idées, les convictions ne font rien à l’affaire, qu’on est dans des affaires de postes, de boutique, bien loin de la défense de leurs intérêts et d’une vision de l’avenir. La politique dans ce qu’elle semble si décevante ! C’est le grand mercato des trahisons ! Ce serait aussi la preuve que les différences idéologiques et politiques ne seraient plus déterminantes.

Et si justement, alors que la crise ébranle le monde et touche directement tant de foyers, les français attendaient que la politique soit à la hauteur de ce grand défi et pas au ras des pâquerettes des petits arrangements personnels !

La direction du PS se croit quitte car il n’y a pas alliance en bon et du forme avec le Modem… Encore heureux ! Mais ce racolage de bas étage n’est pas plus reluisant ! Si les élus de Poitou-Charentes, si le PS  sont incapables de réagir et de refuser cette méthode, on découvrira, sans doute un peu plus tard, le lourd tribu que nous paieront à ce laisser-faire : un doute profond sur la rénovation du Parti socialiste et sur une rénovation à gauche !

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