100 jours, l’essentiel reste à faire.

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100 jours
Il y a une sorte de rituel sur ce chiffre qui ne revêt en réalité aucune signification politique surtout lorsque la date retenue tombe en plein mois d’Août! Nombre de Français sont en vacances et bénéficient des congés payés, même si, hélas, plus de 40% d’entre eux n’ont pas les moyens de profiter à plein de ce temps libre et ne partent pas.
En réalité si l’on veut faire un premier et nécessaire sommaire bilan de l’action du nouveau président, la date de la fin de session parlementaire eut été mieux choisie.
Prenons donc l’exercice avec distance et retenons surtout ce qui paraît essentiel pour la rentrée.
Il a d’abord ce qui était prévu au calendrier du changement publié à quelques jours du premier tour de la présidentielle et qui a de fait une forte valeur d’engagement. On retiendra bien sûr toutes les mesures déjà mises en oeuvre, car on a trop souvent la fâcheuse habitude de vite les oublier puisqu’acquises. C’est le cas de l’augmentation de 25% de l’allocation de rentrée scolaire, de la retraite à 60 ans pour ceux qui ont travaillé tôt, de la réduction du train de vie des ministres et du chef de l’Etat, de la création de postes pour limiter,dés cette rentrée,les effets de la politique de suppression massive de poste dans l’Education Nationale, l’encadrement des loyers de relocation, des mesures fiscales importantes permettant 7Milliards de recettes nouvelles avec l’abrogation de la TVA dite « sociale » et de l’exonération des heures supplémentaire pour les entreprises de plus de 20 salariés, la création d’une contribution exceptionnelle sur l’ISF et des banques, d’une taxe de 3 % sur les dividendes versés aux actionnaires et sur le secteur pétrolier, l’augmentation de la taxe sur les transactions financières de 0,1 à 0,2% et le rétablissement de la TVA sur le livre à 5,5 %

Il y a aussi une différence de pratique politique qui n’est pas sans importance: le refus de la provocation, de l’agitation permanente, de la proximité et la complaisance avec les plus riches, de la recherche systématique de boucs émissaires et de la division entretenue entre les français. Elle est manifeste avec le lancement de la conférence sociale, l’attention portée aux salariés.

On le voit bien cependant, la gravité de la situation économique et sociale, une crise européenne et mondiale qui s’affirme, la désindustrialisation qui se poursuit avec des plans sociaux redoutables sont autant de signes qui imposent des réactions urgentes et des réformes structurelles. C’est tout particulièrement vrai s’agissant des moyens et des interventions renforcés de l’Etat dans l’économie, de la redistribution des richesses, des droits des salariés et des actions contre les licenciements et pour l’emploi, de la mobilisation collective pour le redressement économique, la transition énergétique, et la relance de nos exportations.

De ce point de vue les retards pris dans la mise en oeuvre de certaines mesures prévues au calendrier du changement ne sauraient perdurer. C’est le cas du doublement du plafond du livret A, de la réforme fiscale et de la caution solidaire pour les jeunes locataires. Certains engagements prévus dans les 60 présentés par François Hollande deviennent particulièrement urgents comme l’obligation d’accepter une reprise en cas de fermeture d’entreprise, l’encadrement strict des licenciements économiques pour combattre les licenciements boursiers ou la création rapide de la banque publique d’investissement et ce dossier doit mobiliser toute notre attention car on ne saurait se satisfaire d’une simple fusion des outils existants OSEO et le FSI, les fonds régionaux. Il faut doter cette banque d’une capitalisation suffisante et veiller à ce que les critères d’obtention des prêts, singulièrement aux PME, ne soient pas aussi malthusiens qu’actuellement. Car il faut le souligner les banques continuent à asphyxier les petites et moyennes entreprises, entraînant des faillites. Plus largement, il faut repenser les aides d’Etat aux entreprises et privilégier les prises de capital sur des allégements de cotisations sociales surtout dans des secteurs qui n’en ont guère besoin comme la grande distribution. De ce point de vue certains secteurs stratégiques méritent d’être re-nationaliser c’est le cas de GDF et du secteur énergétique. Il s’agit de repenser l’équilibre des forces pour reprendre la main, collectivement, sur notre économie. Pour ce faire retrouvons, avec des formes contemporaines, la vision d’une économie mixte, ou disons plutôt plurielle, fondée sur une complémentarité entre les secteurs privé, public et de l’économie sociale et solidaire. Car chacun voit bien que dans un monde où la domination du capital fait le pouvoir et sa rémunération demeure privilégiée, on ne peut rester, à ce point vulnérables à l’âpreté du gain des investisseurs et actionnaires.

Reste la grande question européenne qui est bien sûr essentielle. Les annonces, partout en Europe,de récession ou de très faible croissance exigent, bel et bien, une profonde réorientation de l’Europe. Si François Hollande a pu permettre la mise en place d’un pacte de croissance – modeste,certes, mais qui a le mérite d’exister-, la réalité oblige à constater que le traité de stabilité, TSCG, est maintenu dans les même termes que celui signé par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. L’économiste Élie Cohen, peu suspect de gauchisme et d’Eurosepticisme disait qu’il s’agit d’une goutte de croissance dans un océan d’austérité. Il faut comme le prévoyait le calendrier du changement : modifier -en plus de compléter- le traité.
L’aggravation de la situation justifie une véritable renégociation et pour ce faire mieux vaut clairement refuser de le ratifier et ne pas accepter de mettre en œuvre, à marche forcée, des politiques de restriction draconienne des budgets, des protections sociales dont l’OCDE constatent qu’elles obèrent la croissance et les capacités effectives de réduire les déficits!

Nous auront ces débats, à la rentrée, au parlement, au PS. Mais il est essentiel d’y associer les Français qui doivent se faire entendre même hors période d’élections. Car rien ne serait pire que notre démocratie vacille sous l’effet conjugué d’un vote d’extrême droite et d’une abstention nourrie des frustrations accumulées de notre peuple qui aspire au changement et refuse de voir se dérouler inexorablement le rouleau compresseur du libéralisme, du capitalisme financier et d’une mondialisation destructrice.

En tout cas résistons aux attaques de la droite, du MEDEF et des libéraux qui vont tenter de ressortir de leurs cartons des recettes éculées mais dangereuses comme la flexibilité du travail, le rapport Attali sur la réduction de la voilure de l’Etat et une nouvelle étape de dérégulation . On connaît la musique, c’est aussi celle des mémorandum imposés par la commission européenne ou le FMI. La gauche ne doit, en aucun cas, se laisser piéger ou dériver dans cette direction qui de plus, est une impasse.

Le Congrès du PS aura bien sûr à débattre et choisir la voie à suivre. Il ne saurait se réduire à la question du soutien au gouvernement mais réfléchir aux conditions de sa réussite qui est notre cap commun. Le PS doit pouvoir intervenir sur les orientations et priorités gouvernementales mais aussi proposer une véritable stratégie de sortie crise pour notre pays et l’Europe.
Qui ne voit qu’il faudra proposer des ruptures et avoir le courage de les engager. Jaurès parlait d’évolution révolutionnaire indiquant « Ce n’est pas par l’effort ou la surprise d’une minorité audacieuse, c’est par la volonté claire et concordante de l’immense majorité des citoyens, que s’accomplira la révolution socialiste. Qui compterait sur la faveur des événements ou les hasards de la force, et renoncerait à amener à nos idées l’immense majorité des citoyens, renoncerait par là même à transformer l’ordre social. »
Cette conviction partagée, il faut la construire par l’action gouvernementale, locale mais aussi par le combat idéologique contre les libéraux, les droites, mais surtout, pour nos valeurs et autour d’une alternative.
Voilà notre feuille de route.

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