Réunion du club Gauche Avenir le 12 décembre 2012 sur la compétitivité

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INTERVENTION DE MARIE-NOELLE LIENEMANN
Il y a encore peu, des bons esprits nous annonçaient une France sans usine ! Une économie désormais exclusivement tournée vers le secteur des services, reposant sur les e –technologie, telle était notre réjouissante perspective ! Ce n’est plus le cas aujourd’hui, et l’idée d’un rapport sur la ré-industrialisation était  bonne.
Même à gauche, certains pronostiquaient et acceptaient ce déclin programmé de l’industrie avec son corollaire social et politique, la disparition progressive des ouvriers. Cela explique, en partie, le fossé qui s’est creusé entre la gauche et les ouvriers qui, pour partie, se sont détournés vers le FN.
Il y a un lien entre l’émergence de ce discours et la montée  de la précarité. La trop fameuse «  flexisecurité » vient en écho à ces dérives et doit être regardée avec prudence. Le travailleur est de plus en plus traité comme un prestataire de services, payé pour  une tache. Cette tâche finie, il quitte l’entreprise (flexibilité). Il est rémunéré entre deux emplois  (sécurité).Du coup,  Il est de moins en moins  considéré comme un co-acteur de la richesse et du développement de l’entreprise.
La ré-industrialisation doit s’engager dans deux directions: la mutation des industries existantes et l’émergence de nouveaux secteurs. Nous devons choisir ce que nous voulons désormais produire et privilégier un nouveau mode de développement.
1-    Une stratégie défensive : refuser les fermetures d’usines et délocalisations,  défendre  les emplois et nos capacités productives. Laisser partir des industries, des usines, c’est perdre  des savoirs faire  et rendre ensuite très difficile la relance et la mutation  de ces secteurs industriels.
Sont  urgentissimes :
–    L’encadrement des licenciements économiques, l’interdiction des licenciements boursiers : le projet de loi soutenu au Sénat avant les présidentielles par les groupes communistes, socialistes et verts  doit servir de base à une législation qu’il faut voter au plus vite.
–    L’obligation de reprise d’une entreprise viable lorsqu’un repreneur se présente et la priorité de reprise sous forme de coopérative par les salariés.
–    La création d’un fond et d’une nouvelle forme juridique pour développer la reprise coopérative  en particulier pour les PMI.
2-    Une  stratégie offensive dans de nouveaux domaines est évidemment vitale.  La  deuxième partie  dite «  hors cout » du rapport Gallois contient des propositions intéressantes.
Historiquement, en France,  l’Etat et  la puissance publique interviennent  fortement dans les choix industriels. JM Ayrault a tort quand il minimise le résultat des nationalisations réalisées sous le premier septennat de François Mitterrand elles ont permis un redressement et  une modernisation industriels majeurs. La désindustrialisation s’est considérablement accélérée avec  les privatisations et l’accélération de la financiarisation. Nos industries nationales passent ainsi aux mains des fonds de pension et  des actionnaires. Cette fragilisation de l’actionnariat de l’industrie n’a pas été comparable en Allemagne.
3-    La politique industrielle doit s’appuyer sur une stratégie de filières : elle passe par des  conférences régulières  qui élaborent de nouvelles de normes, réorganisent les commandes publiques, impulsent des nouveaux projets de recherche, d’innovation et de formation. Mais il faut aussi travailler à une meilleure cohérence entre grandes et petites entreprises, entre sous-traitants et donneurs d’ordre, le tout en associant les représentants des salariés. De telles conférences pour le solaire, les éoliennes, les énergies renouvelables doivent être organisées sans tarder.
4-     pour soutenir ces filières, il peut être nécessaire  de mobiliser le capital public et d’engager des nationalisations. Elles peuvent être temporaires, elles ne sont pas nécessairement à 100%.  La nationalisation – fut elle temporaire- aurait permis dans le cas de Florange,  de sauver le site, d’engager une stratégie d’avenir pour la sidérurgie française, de diversifier les acteurs afin de ne pas dépendre dans ce secteur d’une  multinationale  dominante.
5-     la BPI doit être un outil efficace.  40 Milliards c’est insuffisant. 200 Milliards seraient nécessaires.  Son intervention ne doit se faire uniquement en prêts mais en prise de capital.  Il faut orienter l’épargne abondante dans notre pays pour soutenir l’économie française. Les pratiques bancaires, administratives doivent changer. Souvent, elles freinent voire bloquent  les initiatives, imposent un  parcours du combattant effarant à ceux qui ont des idées, qui  portent des innovations et veulent industrialiser. Tel n’est pas le cas en Allemagne.   L’exemple de la technologie Ni/ZN est, de ce point de vue, éclairant.
6-     Combattre le dumping social européen : La France doit faire de la création d’un SMIC en Allemagne une sorte de condition suspensive à toute nouvelle décision européenne.  Il faut conditionner toute évolution des traités ou décision économique nouvelle à la mise en œuvre du principe de convergence progressive  des standards sociaux vers le haut. La gauche française n’est pas seule à défendre ce point de vue, comme en témoigne une récente étude très détaillé de la Friedrich Hebert Stifftung.

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