Le président de la République a réaffirmé ce vendredi 25 janvier 2013, à Lille, son engagement de réaliser la fermeture de la centrale de Fessenheim fin 2016, début 2017. Lors de la Conférence environnementale de septembre, il avait renouvelé sa promesse de campagne en indiquant que la fermeture se réalisera dans « des conditions qui garantiront la sécurité des approvisionnements de cette région, la reconversion du site et la préservation de tous les emplois ».
Sa prise de position récente vient en réaction à l’étude publiée , il y a quelques jours, de l’ASN (agence de la Sureté Nucléaire) qui semble estimer que la fermeture nécessitera environ 5 ans. Un rapport du développement durable confirmerait cette analyse et jugerait cette centrale, (pourtant la plus ancienne en fonction) sure. Il est clair que les salariés et EDF ne sont pas favorables à cette décision du président et qu’on peut imaginer qu’ils vont « jouer la montre » et faire durer.
Aussi, il est essentiel que le gouvernement agisse vite et dialogue avec sa majorité parlementaire. Evidemment la question de l’emploi et du devenir des 900 salariés de Fessenheim doit être immédiatement traitée. C’est pourquoi devant les flottements qui pourraient s’installer dans ce dossier complexe, il est indispensable que le gouvernement établisse très vite une feuille de route datée sur les étapes indispensables pour cette fermeture. En second lieu et simultanément, il doit réunir tous les acteurs du démantèlement pour installer une filière et faire de l’arrêt de cette centrale alsacienne, la vitrine d’une méthode, de savoir-faire et de technologies exportables.
Deux exigences s’imposent. La négociation avec les organisations syndicales doit commencer dès à présent, sur l’emploi, les reconversions et les nouvelles perspectives d’industrialisation. Le dialogue avec l’ensemble des forces de gauche doit se mettre en place autour d’un plan global : fermeture de Fessenheim, filière du démantèlement, montée en puissance des énergies renouvelables et politiques tarifaires en particulier pour le secteur industriel.
Une partie du travail sera effectué par le nouveau délégué interministériel à la fermeture de la centrale nucléaire et à la reconversion du site de Fessenheim, nommé en décembre par le Conseil des ministres, à savoir Francis ROL-TANGUY. Sa mission est de négocier un protocole d’accord avec EDF (conditions juridiques, techniques, économiques et sociales de la fermeture et de démantèlement de l’installation ; accompagnement des salariés concernés par la fermeture, participation au devenir du bassin de vie et d’emploi de Fessenheim).
Il doit aussi animer, en concertation avec les salariés et les acteurs locaux, les travaux d’élaboration d’une stratégie globale de reconversion du bassin de vie et d’emploi de Fessenheim.
Mais au-delà de ce travail important et décisif d’un haut fonctionnaire de qualité, ancien membre du cabinet de Jean-Claude Gayssot, le ministre du redressement économique doit être mobilisé sur l’émergence de la filière de démantèlement.
Mais surtout, il faut un suivi politique avec les groupes parlementaires, les associations et les partis de gauche. Car ce dossier si délicat ne doit pas être traité en vase clos dans les ministères.
On est là au cœur de deux enjeux majeurs du quinquennat de François Hollande, engager réellement la transition énergétique et réussir la ré-industrialisation.