MAINTENANT !

Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin

Il est clair que le président de la République doit réagir vite pour combattre le climat délétère qui se développe dans notre pays.
Approfondissement de la crise sociale et économique, crise démocratique et politique, tous les ingrédients sont là et ce depuis déjà quelques mois et l’alerte des élections partielles dans l’Oise n’aurait pas dû être banalisée. A l’évidence un changement de cap s’imposait. Mais l’intervention du chef de l’Etat ne modifia rien. Les Français n’avaient pas besoin de pédagogie et n’étaient pas préoccupés par la stature du président. Ils doutaient et doutent chaque jour davantage et profondément des politiques suivies. Le décrochage démocratique est là.
L’affaire Cahuzac ajoutant du discrédit, nul besoin d’en rajouter. Tout le monde voit bien que la proximité de certains  responsables politiques avec le monde de l’argent et de la finance vient en écho des thèses de ceux – et parfois les mêmes – qui en permanence expliquent qu’on ne peut pas mener d’autres politiques.

Tout le monde voit bien que celles-ci finissent toujours par profiter aux puissants en fragilisant sans cesse davantage les plus faibles et les couches populaires.
Ainsi se conjuguent une exigence tout à fait essentielle de moralisation de la vie politique et un impérieux besoin de changement économique, social et politique.

J’entends bien que le président ne se laisse pas dicter son calendrier par l’opposition ou ne veuille pas donner l’impression de se laisser ballotter par les événements. Mais, au-delà de ces jeux tactiques qui ne trompent plus vraiment grand monde, une chose est certaine, les Français  veulent que leur président manifeste clairement :
– qu’il a pris la mesure de la gravité de la situation sous tous ses aspects
– qu’il va proposer un véritable tournant dans son quinquennat
– que les décisions prises seront à la hauteur des changements nécessaires. Et ce dans de très nombreux domaines.

Nos concitoyens ne se payeront plus de mots, ils veulent des actes.

Le président doit provoquer un véritable choc politique pour retrouver la confiance de notre peuple et, en priorité, de ceux qui l’ont élu et sans lesquels il ne peut gouverner.

Quels sont les premières décisions à prendre ?

1- le tournant de la relance, l’arrêt des politiques d’austérité et une priorité absolue et immédiate accordée à la croissance et à l’emploi. Combien de temps, au regard des difficultés sociales subies par nos concitoyens, faudra-t-il pour que nos gouvernants cessent d’être l’œil rivé sur l’horizon (horizon qui recule à mesure qu’on avance) de la réduction des déficits publics à 3% et sortent de la spirale austérité/récession.
Le président aura une première occasion de manifester ce changement de cap en affirmant haut et fort au prochain sommet européen des 15 et 16 avril prochain que la France n’a pas l’intention de poursuivre dans cette voie largement imposée par Mme Merckel  et qu’elle doit proposer un sommet exceptionnel pour une sortie de crise de la zone euro fondée sur la croissance et  une nouvelle politique monétaire.
Mais le temps presse et sans attendre d’avoir convaincu nos partenaires européens, notre pays doit engager une relance tant par un soutien au pouvoir d’achat que par des investissements d’avenir et par la réindustrialisation du pays.

2-   La moralisation de la vie politique ne peut plus se satisfaire de mesurettes. Il faut des décisions draconiennes seules susceptibles de mettre un terme au doute et de réduire considérablement les risques de dérives. Citons par exemple l’instauration du mandat unique, l’interdiction de tous les conflits d’intérêt et non plus la pseudo transparence. Je vous invite à lire l’article sur le blog de Paul Quilès intitulé « une seule solution le referendum ».  http://paul.quiles.over-blog.com/article-une-seule-solution-le-referendum-116833476.html

En effet, il y a nécessité d’un référendum pour que cette loi de moralisation soit ratifiée par le peuple, ce qui lui conférerait une légitimité et un haut niveau d’exigence.
Cette moralisation de la vie politique est un des éléments d’une réforme plus vaste de nos institutions. Voilà des années que je plaide pour l’avènement d’une 6ème République. Ceux qui croyaient pouvoir y échapper et se mouler dans le présidentialisme de la 5ème République mesurent aujourd’hui l’ampleur de ses dérives et l’urgence qu’il y a à agir.

3- la lutte contre l’évasion fiscale et contre toutes les formes de corruption est un enjeu de premier ordre. Tous les jours se montre l’ampleur du phénomène et la gangrène s’installe. J’ai participé à une commission d’enquête sénatoriale qui a travaillé pendant tout le printemps 2012 et qui a approuvé à l’unanimité un rapport avec 62 propositions dont la création d’un haut-commissariat à la lutte contre l’évasion fiscale mais aussi de nombreuses recommandations techniques ou législatives très pointues. Ce travail aurait dû servir de base à une loi majeure, dès le début du quinquennat. Ce n’est pas faute de l’avoir demandé, ni d’avoir mené ce débat au sein du PS (cf le texte de la Motion 3). Eva Joly fait, elle aussi, des propositions. Les quelques mesures proposées actuellement par le gouvernement sont à des années-lumière de ce qui s’impose.

Le conseil des ministres doit donc immédiatement proposer un plan opérationnel et des mesures législatives pour un arsenal d’envergure contre l’évasion fiscale et la corruption. D’ailleurs la loi bancaire vient en seconde lecture à l’Assemblée nationale, des amendements significatifs sur les paradis fiscaux devraient être déposés par le gouvernement.

4- un nouveau pacte entre les forces de gauche et écologistes autour de ce changement de cap.
Le président de la République ne peut gouverner la France avec les 2/3 du Parti Socialiste. Il doit écouter et prendre en compte l’ensemble de celles et ceux qui ont permis sa victoire. La moindre des choses serait qu’il consulte les responsables des différents partis ou mouvements de gauche et écologistes pour proposer un pacte parlementaire incarnant  ce tournant économique, social et politique et renouant avec un axe majoritaire fort.  Car il est impossible de mobiliser et de rassembler les Français autour d’un projet d’avenir sans une majorité politique et sociale qui porte et soutient les changements qu’il faut réussir pour sortir de la crise actuelle.  A l’évidence, seul un nouveau gouvernement peut mettre en œuvre et incarner cet indispensable changement. Mais chacun le voit bien, il ne s’agit pas d’un simple changement de casting ou de resserrer l’équipe gouvernementale.

Il faut vraiment changer.

LES DERNIERS ARTICLES