Interview de Marie-Noëlle Lienemann pour Regards.fr: « Les 60 propositions de Hollande doivent être tenues »

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Marie-Noëlle Lienemann : « Les 60 propositions de Hollande doivent être tenues »

Entretien, par Nathanaël Uhl| 2 mai 2013

Marie-Noëlle Lienemann : « Les 60 propositions de Hollande doivent être (...)

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Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice de Paris, est l’une des animatrices de « Maintenant la gauche », l’aile gauche du PS. Elle plaide pour un rassemblement rouge, rose, vert autour d’un nouveau pacte majoritaire.

Ça sent la course. Marie-Noëlle Lienemann, dans son bureau du Sénat, met la dernière main au texte que « Maintenant la gauche », le courant de gauche du Parti socialiste, présente au bureau national en prévision de la convention nationale sur l’Europe. Avec Emmanuel Maurel et Jérôme Guedj, la sénatrice de Paris entend contribuer à la réorientation de la politique du gouvernement, sur l’Europe mais aussi à propos de l’austérité.

Regards.fr. La position du gouvernement sur l’Europe, et notamment ses rapports avec l’Allemagne, a fait beaucoup débattre. Où en êtes-vous sur le sujet ?

Marie-Noëlle Lienemann. Nous demandons un moratoire sur le Pacte de stabilité et que l’Europe lui substitue un pacte de relance. Il faut un budget pour accompagner ce pacte de croissance. Nous appelons donc à refuser le compromis budgétaire adopté en début d’année. Nous souhaitons que le nouveau budget appuie la relance européenne par un programme de grands travaux de nature à répondre aux besoins.

Vous plaidez aussi pour une autre politique monétaire…

La politique dite de « l’euro fort » affaiblit en fait l’Europe. Nous rappelons que la politique monétaire européenne peut être modifiée par le conseil des ministres. Il faut donc arrêter de surévaluer l’euro par rapport au dollar, au yen, au yuan. Nous proposons, dans la continuité, de donner un autre rôle à la Banque centrale européenne, en lui rendant la capacité de prêter aux États. À l’image de la Federal Bank, nous pensons qu’elle doit appuyer les politiques de croissance et d’emploi.

Vous vous positionnez enfin sur le traité transatlantique…

Nous pensons qu’il ne faut pas commencer la négociation sur ce sujet. Quand on y met le pied, on ne peut plus revenir en arrière. Le traité transatlantique constitue un changement radical par rapport au projet européen. Si nous souhaitons des coopérations avec les États-Unis, nous réaffirmons l’Europe comme un projet singulier dans un monde multipolaire.

Sur ces propositions, vous vous trouvez plutôt sur la même ligne que le Front de gauche…

Nous avons tous voté contre le TSCG. La France se piège elle-même dans une politique d’austérité qui mène l’Europe dans le mur. Nous pensons qu’il faut partir sur un nouveau pied d’appel.

Est-ce que le « nouveau pacte majoritaire  » que vous avez présenté en avril est ce nouveau pied d’appel  ?

Notre conviction reste que la gauche ne réussit que lorsqu’elle est unie. Nous pensons qu’il faut rassembler l’ensemble des forces qui ont élu François Hollande pour battre Merkel, pour lutter contre l’austérité, pour faire vivre l’alternative. Pour cela, il faut un nouveau rapport de force. Si nous ne pouvons arriver à un gouvernement rouge, rose, vert – qui reste notre objectif –, à tout le moins nous pouvons rapprocher toute la gauche autour d’un accord législatif pour une nouvelle étape du quinquennat. C’est ce que propose également Claude Bartolone.

Pensez-vous, comme Jean-Luc Mélenchon, qu’il existe une majorité dans ce pays pour mettre en oeuvre une autre politique ?

Effectivement : les moyens d’un accord sont sur la table. Mais nous ne pourrons pas construire cet accord contre les proches de François Hollande, contre l’aile droite du Parti socialiste. En ce sens, nous sommes plus proches de nos amis communistes que de Jean-Luc [Mélenchon]. Il ne sera pas premier ministre, non pas que j’aie quelque chose contre mais parce que ce n’est pas l’objet politique. Nous ne souhaitons pas une inversion de majorité mais nous voulons en changer le centre de gravité. Dans le fond, une partie de la gauche ne peut pas gagner contre l’autre. Encore moins quand elle est en situation de minorité.

D’autres tentatives de réorienter le Parti socialiste se sont succédé pendant 20 ans. Sans guère de succès…

Je ne laisserai jamais le PS aux sociaux-libéraux  ! Avec mes amis, je souhaite un parti à l’image de la gauche, à l’image du peuple de gauche. Je refuse de laisser les mains libres à celles et ceux qui militent pour une alliance au centre. Lors du dernier vote interne au congrès de Toulouse, Emmanuel Maurel, en tant que représentant de l’aile gauche du PS, a réuni près d’un tiers des voix.

Comme le prétendent certains, votre rôle n’est-il pas finalement d’empêcher le basculement de l’électorat PS au Front de gauche ?

Nous ne voulons pas mettre en péril les chances de réussite de la gauche. Sinon, c’est le FN qui gagnera. Donc, la question du rapport de force entre PS et Front de gauche est « secondaire ». Ce qui nous mobilise, ce sont les textes examinés par le Parlement. Il y a plus de députés et de sénateurs socialistes qui se sont opposés à l’ANI que de parlementaires Front de gauche… Nous considérons que les 60 propositions de François Hollande constituent un bon pied d’appel pour la réussite de la gauche. Il faut qu’elles soient tenues.

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