La transition énergétique doit être un enjeu majeur des élections locales!

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Tout plaide pour une engagement fort des collectivités locales en faveur des économies d’énergie, de pratiques nouvelles moins polluantes et soutenant les échanges de proximité, ainsi que pour le développement des énergies renouvelables.

Les dépenses d’énergie pèsent de plus en plus lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages, sur les coûts des entreprises et des services publics. La transition énergétique permet la création d’emplois et soutient les entreprises locales. La lutte contre l’effet de serre et le changement climatique sont un impératif qui suppose une mobilisation de tous et partout.

Mais une fois énoncée la volonté d’agir, il faut trouver les moyens de passer à l’acte et là, c’est une autre affaire.

Les obstacles sont nombreux: difficultés de préfinancer des travaux dont la rentabilité ne sera assurée que dans un temps long, manque de connaissance et de maîtrise des problèmes et des choix possibles, motivation hétérogène, nécessité d’un seuil d’investissement pour soutenir des filières, des créations d’emplois et des formations adaptées, fragilité énergétique particulière pour les plus pauvres, etc…

C’est là que la puissance publique est indispensable: elle doit tout à la fois planifier à long terme, coordonner et favoriser toutes les initiatives, investir directement mais aussi permettre l’investissement privé, contribuer à une culture locale et à une conscience partagée, assurer une juste solidarité, promouvoir des comportements et actions exemplaires. C’est vrai à tous les niveaux.
Bon nombre de collectivités se sont déjà engagées, en particulier avec les plans « climat énergie », ou comme certains villages qui ont fait le pari de l’autonomie énergétique. Mais, il est souvent indispensable de créer des outils publics dédiés.

STRASBOURG
Je veux saluer l’initiative de la ville de Strasbourg qui a annoncé, courant juillet, la création d’un nouveau pôle public de l’énergie qui interviendra pour le développement des réseaux de chaleur, la rénovation thermique des bâtiments et le soutien aux énergies renouvelables.
La ville a créé une filiale commune entre deux structures publiques, d’une part la société d’économie mixte (SEM) Gaz distribution services, qui achemine du gaz naturel dans une centaine de communes et la Société d’aménagement et d’équipement de la région de Strasbourg (SERS). Dotée d’un capital de 2 millions d’euros, cette nouvelle structure a pour objectif l’efficacité énergétique et proposera aux communes et bailleurs des contrats de performance et d’optimisation énergétique.
Ce pôle est aussi constitué d’une seconde filiale « Biogénère » qui sera créée à l’automne pour soutenir la production du biométhane. Elle fera fructifier l’expérience acquise dans le cadre du projet pilote Biovalsan, qui purifie le biogaz issu des boues de la station d’épuration pour relever sa teneur en méthane, afin de l’injecter dans le réseau de gaz naturel.

Une nouvelle dimension du service public avec la transition énergétique:
Les profits réalisés seront réinvestis soit au profit d’une politique tarifaire juste, soit pour préparer l’avenir et développer les services.

MONTDIDIER (80)

J’ai aussi en souvenir une initiative plus ancienne. A l’initiative de la nouvelle équipe autour de la Maire Catherine Quignon-le tyran la ville de Montdidier ( 2500 Habitants) dans la Somme a transformé , en 2003, sa régie communale en un outil public exemplaire. Non seulement, cette régie offre aux usagers des conseils opérationnels ( techniques, tarifaires et thermiques, sur les économies d’énergie, sur les énergies renouvelables) mais aussi des subventions sur les projets de chauffe-eau solaire, de chauffages électriques performants, de pompes à chaleur, ou de géothermie.
Mais la commune a été plus loin en diversifiant la production énergétique locale.
Elle a d’abord mis en place une chaufferie bois pour son école, puis un réseau de chaleur au bois en 2008 desservant le centre hospitalier, la maison de retraite, le lycée, des écoles et des bâtiments communaux. En 2010, elle a mis en place le premier parc éolien public de l’Hexagone au travers de sa régie. Mise en service en 2011, les éoliennes (2 mégawatts chacune) produisent 53 % de l’électricité consommée annuellement par les 6 500 habitants de la commune. Pour la mairie, ce n’est qu’un premier pas vers l’objectif de l’indépendance énergétique de Montdidier en 2015 et la perspective d’un bilan énergétique positif en 2020.
Le solaire n’est pas en reste. Des panneaux photovoltaïques ont été réalisées au sol et en toiture, partout où c’était possible ( sur des écoles, la station d’épuration, la chaufferie bois). en ajoutant les gros efforts de réhabilitation thermique des bâtiments publics, 985 mégawatts ont été économisés et environ 3 000 tonnes de CO2 évitées chaque année.

Le prochain projet est une éolienne de 200 m de haut et d’une puissance de 7,5 mégawatts. Et c’est là qu’on voit aussi la nécessité d’articuler les efforts locaux à la constitution de filières industrielles d’avenir. Actuellement ces éoliennes géantes ne sont construites qu’en Belgique. Le plan qui doit soutenir la transition énergétique devrait permettre le lancement d’une filière hexagonale de méga-éolienne. Pour ce faire, il faudrait que de nombreux projets comparables a ceux de Montdidier soient engagés et soutenus.

L’objectif est aussi tarifaire, par cette intervention publique le prix de l’énergie et les factures des usagers sont contenues, sans compter les emplois induits.
DES SERVICES ET OUTILS PUBLICS LOCAUX POUR LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE
A travers ces deux exemples, d’une part celui d’une grande agglomération et d’autre part d’une plus petite commune, on mesure la dynamique et l’efficacité que peut avoir un engagement local pour réussir la transition énergétique.
Au moment où le gouvernement va devoir faire des choix sur cette question majeure et à près de six mois des élections municipales, il est urgent de défendre la nécessité de créer des outils publics et singulièrement des outils publics locaux qui seront garant d’une part de l’efficacité de l’action, de l’affectation des profits et bénéfices dégagés au service de l’accès de tous les citoyens à l’énergie à un coût abordable et juste, de l’investissement a long terme pour la sobriété, la performance énergétiques et le développement de filières et technologies innovantes. Évidemment, ces outils doivent être adaptes aux territoires et peuvent être tout a la fois un levier pour le développement local et une véritable occasion d’une implication citoyenne.
En tout cas, le lancement de grands dispositifs fiscaux, ou autres, au niveau national n’aura que peu d’efficacité sans un soutien à la réalisation de ces outils publics et sans une volonté politique majeure en faveur de services publics de la transition énergétique.
En revanche, une réelle coordination, des contractualisations non seulement sur des objectifs mais aussi sur des choix technologiques privilégiés doit a travers une planification rénovée contribuer a la réindustrialisation de la France et la consolidation de filières d’avenir.transition énergétique

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