Rien ne sert d’écouter les agences de notation, mieux vaut écouter le peuple !

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Priorité à l’économie réelle plutôt qu’aux marchés financiers.

Ce n’est pas nouveau, nous sommes constants car nous avons toujours dit que la note attribuée par les agences de notation n’était en rien un indicateur valable pour les Etats. C’est d’ailleurs ce que la mission sénatoriale d’information de l’été 2012 sur lesdites agences avait bien observé.
Je ne vais pas changer d’avis avec la nouvelle dégradation de la note de la France par Standard & Poor’s. En fait, j’ai toujours pensé que la santé d’un pays devait essentiellement être mesurée au moyen de trois paramètres :

•    D’une part l’état de l’économie réelle,
•    D’autre part un bon moral et la confiance de son peuple
•    Enfin de par sa capacité à se projeter dans l’avenir (éducation, innovation etc).

Tout le reste n’est que fadaise. Chacun se souvient des notations élogieuses que connaissait l’Espagne soutenue artificiellement par le boom de l’immobilier etc…

Reste que notre gouvernement, et singulièrement le ministre des Finances, ont l’œil rivé sur l’avis de ce qu’ils appellent « les marchés » et sur les commentaires de ceux qui sont sensés les éclairer et les orienter, à savoir ces agences de notations qui imposent leur critères, leurs pensées qui n’ont rien de vérités révélées et leurs conseils et qui prennent la forme d’oukases pour les politiques publiques. Elles se trompent, leur potion « austéritaire » ne marche pas, ce n’est pas grave à leurs yeux, ce n’est pas de leur faute naturellement mais celle des États  qui n’en font jamais assez. Leur rigueur tue la croissance. Qu’importe, elles regrettent et sanctionnent la faible croissance mais suggèrent d’aller plus fort encore dans l’austérité et la dérégulation. Arrêtons la pantomime ! Arrêtons le massacre !

Car en restant dans l’épure et la logique de leurs raisonnements nous arrivons tout à la fois à affaiblir le pays, à décourager et à déprimer notre peuple et particulièrement notre jeunesse, ce qui est beaucoup plus grave que de perdre un demi-point de taux d’intérêt (qui plus est dans une période de faibles taux) lorsque le pays emprunte à l’étranger.  De toute façon, il va bien falloir un jour ou l’autre et pourquoi pas tout de suite faire pression sur la BCE et nos partenaires européens pour que la Banque Centrale Européenne prête directement aux États. Par ailleurs, fort heureusement, les marchés, « ovnis » à humeur variable qui de surcroît ne constituent pas un bloc homogène, ne suivent pas  vraiment les analyses des agences et on a vu que la France, comme les USA d’ailleurs, empruntaient à un coût plus bas après la dégradation de leur notation…

Faut-il enfin rappeler qu’en dépit d’une hausse de l’endettement, le remboursement de la dette a très peu augmenté voire baissé depuis une dizaine d’année ?

la colère des peuples

Le plus grave, et nous le voyons davantage chaque jour, est que ces politiques libérales et d’austérité percutent notre modèle social et républicain, accélèrent la désindustrialisation du pays, accroissent le chômage (plus de 12% dans la zone euro) et les inégalités, affectent le pouvoir d’achat  des plus fragiles mais aussi singulièrement celui des classes moyennes, comme elles affectent les investissements d’avenir et, au bout du compte, nous fige dans une croissance atone et une dépression politique majeure. La colère monte, le peuple souffre et doute de la démocratie.

C’est d’abord à cela qu’il faut s’attaquer aujourd’hui.

Le gouvernement a préféré faire plaisir aux agences de notation en leur donnant raison, aux marchés financiers plutôt qu’au peuple et aux  millions de français qui ont voté pour le changement avec François Hollande. Au final, cela ne satisfait ni les uns ni les autres.  Et bien maintenant il faut faire l’inverse et assumer une stratégie alternative aux politiques d’austérité et de rigueur budgétaire aveugle, l’assumer sans honte, sans sentiment de culpabilité face aux instances européennes et à Madame Merckel.

 Réorienter l’Europe maintenant.

La politique européenne ne marche pas et génère de grands malheurs pour les peuples qui ne vont plus accepter longtemps cette situation injuste. La politique actuelle de l’UE affaiblit le continent et la plupart des pays qui la composent au seul profit, d’ailleurs tout relatif, de quelques-uns, en l’occurrence des plus riches. Cela ne peut plus durer et seule la France qui demeure l’une des puissances importantes du monde, le second pays de l’UE, peut assumer un tel rapport de force. Si elle n’a pas entraîné les autres pays jusqu’alors, c’est qu’ils savent qu’en général les actes ne suivent pas les paroles et que notre pays a toujours fini par rentrer dans le rang, c’est-à-dire, à quelques nuances près, dans la voie que trace l’Allemagne et les libéraux.

Retrouver la confiance de ceux qui ont élu François Hollande.

François Hollande doit choisir car désormais, il n’a ni le peuple ni les marchés avec lui. Disons-le tout net : il doit choisir le peuple et je ne suis pas loin de penser que finalement ça rassurera sans doute davantage les marchés. En tout cas l’inverse amènera à coup sur le chaos.

Entendons-nous bien, écouter le peuple n’est pas sombrer dans la démagogie et donner raison à tous les poujadismes.C’est, a minima, revenir au cap que nous avions présenté aux Français pendant la présidentielle et engager un tournant en faveur de la croissance. C’est ne pas se laisser embarrasser par le libre-échange prôné par Bruxelles pour soutenir notre industrie et réussir sa mutation énergétique et sa modernisation. C’est enfin engager une vraie redistribution des richesses et une orientation productive de l’abondante épargne des français.

 Une stratégie de relance de la croissance en France.

Il faut démontrer les domaines où nous allons pouvoir créer des emplois à savoir comment une relance ciblée de la consommation, le soutien au pouvoir d’achat et de grands travaux peuvent rapidement et concrètement  amorcer le redressement du pays.

Il faut associer les salariés et conforter le progrès social en engageant un grand élan pour élever le niveau culturel de tous nos concitoyens. Il faut regagner la confiance, et ce ne sont ni la communication, ni l’attente de résultats aléatoires pas forcément pérennes et surtout venus d’une hypothétique relance de la croissance extérieure, qui restaureront cette confiance. Elle ne peut être reconquise que si, autour du président élu pour cinq ans, se reconstitue une alliance dynamique de ceux qui ont fait sa victoire pour permettre au pays de se remettre en mouvement.

Sinon de plus graves déconvenues nous attendent.

le scénario des agences de notation est une impasse

Car quel est le scénario qui se profile à l’horizon? Il est simple : continuer en pire tout ce qui est contraire à nos idéaux de Gauche et qui est refusé par les Français sauf la hausse d’impôt pour les plus aisés. Et de ce point de vue, les commentaires sur la dégradation de la notation par  Standard & Poor’s sont explicites :
« Cet abaissement traduit notre opinion selon laquelle il est peu probable que l’approche actuelle du gouvernement en matière de réformes budgétaire et structurelle dans les domaines de la fiscalité, du secteur des biens et services et du marché du travail améliore de manière substantielle les perspectives de croissance de la France à moyen terme »
C’est le coup classique : vous suivez notre politique, la croissance est trop faible et on vous pénalise pour que vous alliez encore plus loin dans les réformes dites structurelles et d’ailleurs, en dépit de l’ANI, du CICE, de l’allongement des durées de cotisations pour les retraites, tout cela est insuffisant. Les mesures prises depuis un an sont « probablement insuffisantes ».
L’agence de notation estime que le taux de chômage devrait rester au-dessus de 10% jusqu’en 2016 » avec un certain niveau de lucidité en indiquant par des termes feutrés que les Français n’ont pas l’intention de se laisser tondre comme des moutons en indiquant que :
« Le niveau actuel du chômage amoindrit le soutien populaire en faveur de nouvelles réformes structurelles et sectorielles et affecte les perspectives de croissance à plus long terme », indique t’elle.  Évidemment S&P retient surtout ce qui l’arrange à savoir le « mécontentement grandissant » des Français face « au poids croissant de la fiscalité ». Il faut dire que notre « brillantissime » ministre des Finances avait tout fait cet été pour entretenir cette fronde et ce d’autant qu’il s’était refusé à une réforme  fiscale d’envergure restaurant la justice de l’impôt et qui a finalement alourdi le prélèvement sur tous (et ça va continuer avec la hausse de la TVA) sans alléger ou maintenir la contribution de certains. On voit bien ainsi comment suivre les éternelles et répétitives recommandations de baisse des dépenses publiques et autres aberrations nous mènerait davantage encore dans l’impasse.

il faut changer de politique économique et sociale.

Pourtant, notre gouvernement semble décidé à poursuivre dans cette voie et même à accélérer le processus si j’en crois les récentes déclarations du ministre du Budget.

Il y a quelques jours je m’interrogeais : Bernard Cazeneuve est-il devenu fou ?
En plein malaise du pays qui n’est pas seulement confiné à la Bretagne, il annonçait qu’on allait encore faire davantage de réduction des dépenses publiques … En fait je n’avais pas vu qu’il envoyait un message subliminal aux agences de notation en tentant de les convaincre (manifestement en vain) que le gouvernement allait continuer à être un acteur appliqué de leurs préconisation.

Vraiment tout cela est extrêmement grave !

Car toutes les enquêtes d’opinion le confirment : nos concitoyens ne veulent pas de réductions des dépenses publiques, ils savent qu’on a besoin d’enseignants, de policiers, de médecins, d’infirmiers dans les hôpitaux, d’agents pour lutter contre l’évasion fiscales etc…

Ils ne croient pas à l’efficacité de la politique d’austérité.

Ils n’opposent pas salaires et emplois.

En fait, ils attendent une nouvelle politique, une politique de croissance, une politique qui soit celle de la relance.

AAA

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