Troïka

« le peuple grec n’est pas un paillasson sur lequel les financiers peuvent essuyer les pieds » – Public Sénat

Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin

Crise grecque : « le peuple grec n’est pas un paillasson sur lequel les financiers peuvent essuyer les pieds » soutient Marie-Noëlle Lienemann

Natacha Gorwitz – Public Sénat – Le 06.07.2015 à 18:19

Pour la sénatrice socialiste, Marie-Noëlle Lienemann, « les Grecs ont déjà fait beaucoup ». A présent, « il faut restructurer la dette grecque » a-t-elle fait savoir, tout en soulignant le devoir pour François Hollande, d’honorer ses engagements de 2012, lorsqu’il défendait la nécessité d’une réorientation de l’Union européenne.

Comment interprétez-vous cette large victoire du ‘non’ ?
Je trouve ça très positif. C’est la première fois qu’un peuple dit clairement qu’il n’a pas à placer son Etat souverain sous la tutelle des financiers, de la Troïka et des dirigeants européens qui ne répondent pas aux attentes des populations. C’était utile qu’à travers ce référendum, le refus de l’austérité soit signifié.

Ce résultat va-t-il changer la donne et permettre d’ouvrir une nouvelle page ?
Nous seront désormais en meilleure posture pour négocier. Ce résultat oblige à décider. Le peuple grec n’est pas un paillasson sur lequel les financiers peuvent essuyer les pieds. Il a déjà fait beaucoup. Les aides versées à la Grèce ont nourri les ventes d’armements et les banques européennes. Même si tout n’est pas merveilleux en Grèce, il ne faut pas l’oublier. Alexis Tsipras a permis de sortir de l’ornière des gestions passées, soutenues par l’Union européenne puisque se trouvaient à la tête du pays, des conservateurs ou des socio-démocrates complaisants.

Sur quelles bases les négociations doivent-elles reprendre ?
Cela fait des années qu’on sait que les Grecs ne pourront pas rembourser leur dette. A l’époque, les banques ont prêté à la Grèce de façon inconsidérée, et à un taux d’intérêt très intéressant. Ensuite, on a aidé les banques a transféré une partie de la dette sur les Etats, en rachetant leurs obligations à un taux encore supérieur. On sait que ce ne sera pas remboursable, il faut restructurer la dette grecque.

Croyez-vous François Hollande capable de peser dans les négociations ?
J’espère bien que François Hollande va pouvoir peser dans les négociations, face à Angela Merkel. La France est un contributeur net de l’Union européenne. Il faut arrêter de dire que c’est l’Allemagne qui paie. La France a toujours payé, largement autant que l’Allemagne. Il n’y a aucune raison d’accepter la domination allemande, et de suivre les ordres de Mme Merkel. Il faut lui dire ‘non’. Il aurait été plus astucieux de le faire en 2012, au moment de renégocier le traité européen. François Hollande ne l’a pas fait. Aujourd’hui, il ne peut pas se dérober à cette exigence.

Qu’est-ce que ce référendum dit de l’Europe ?
Chaque fois les peuples ont eu à se prononcer, ils n’ont pas été écoutés. En 2005, le message des Français était clair. Ils avaient dit non à une Europe uniquement monétaire, sans Europe sociale ni croissance. Ils savaient qu’ainsi, l’Union européenne allait dans le mur. François Hollande avait pris l’engagement de réorienter l’Union européenne, de relancer la croissance et de mettre fin à l’austérité aveugle. En refusant d’aller jusqu’au bout, il s’est privé de donner raison aux Français qui ont eu une juste intuition.

LES DERNIERS ARTICLES